Episode 42 : méfiez-vous du micromanager

Le DRHache

Contrôle excessif et obsession déraisonnée du détail. Ces indices permettent de repérer le micromanager que l'on retrouve dans toute organisation. En version DRHache, ce dictateur affectif a tout du cauchemar. Pour les autres mais aussi pour lui-même.

Il est complexe parce qu'on l'adore à titre personnel jusqu'au jour ou on doit le détester. Le micromanager a une personnalité souvent de type histrionique, il a besoin pour exister d'aller au fond des problèmes des autres, souvent pour ne pas s'occuper des siens.

Cette grande force d'empathie et de conseil en font un être adorable, quelle chance quand même d'avoir dans ces environnements mécaniques quelqu'un de si humain, de si altruiste. Si vous avez un problème, il sera toujours là pour vous aider à le résoudre, et il ne sera que très normal pour vous de tout lui confier, de lui demander conseil et de lui faire une confiance absolue.

Au début de sa carrière, le micromanager est une bénédiction pour son entourage. S'il est bon, bien sûr. Membre puis responsable d'une petite équipe, son sens inné de la psychologie fera de lui une oreille compatissante ou une voix pleine de fermeté si besoin est, et il saura être paternaliste quand c'est nécessaire parce qu'en fait il adore ça.


Il a le sens du détail, il est perfectionniste, et ses équipes prennent l'habitude de lui délivrer un travail sans failles car il peut aussi piquer de grosse rognes qui mettent tout le monde en transe et dont le coté exagéré détonne dans un environnement professionnel, mais on lui pardonne car il est tellement proche...


Au fur et à mesure de son évolution de carrière, le micromanager monte dans la hiérarchie. Il ne peut s'empêcher de continuer à s'occuper des détails et prend de plus en plus personnellement les problèmes qui se posent. Il a l'habitude de pouvoir appréhender et résoudre les tracas de tout un chacun. Il se voyait papa d'une grande famille, mais commence à réaliser que ses enfants sont plutôt des lapins que des financiers, il en avait dix il y a huit ans, ils sont 350 maintenant.


S'il était facile d'être à l'écoute d'un groupe réduit et des individualités qui le composent, il est virtuellement impossible de connaître / aider / conseiller / maintenir un lien affectif direct avec plusieurs centaines de personnes. Mais il a le goût de l'autre et de l'ascendant chevillé au corps, alors il essaye de continuer. Son propre management commence à s'inquiéter du manque de recul demandé à un manager de cette envergure, il les envoie bouler et continue à passer des heures carrées à tenter d'améliorer des relations humaines dont il ne maîtrise plus du tout les tenants et les aboutissants.

 

Il ne s'est pas non plus aperçu que ses interlocuteurs ont grandi avec lui, et qu'il ne peut plus leur parler comme à des stagiaires. Sa surprésence commence à peser sur tout le monde. Au physique, ses traits fins et charnus, autrefois expressifs d'un tempérament fort et décidé, ont glissé vers un masque de tension aux sourcils structurellement froncés. Ses coups de gueule n'ont plus le charme méridional du papet qu'on pourra calmer d'une blague, mais sont révélateurs d'une perte de contrôle qui se traduit aussi dans sa surcharge pondérale et un débit de voix de plus en plus accéléré.


Le constat tardif qu'il n'est pas démiurge mais manager finira par risquer de le détruire.
S'il n'y prend pas garde, son émotivité pourra l'emmener vers les terrains minés de la sanction professionnelle (« celui-là il a vraiment trouvé ses limites ») ou de la détérioration personnelle (« c'était un sanguin, on lui avait pourtant dit de lever le pied »). Mais dans tous les cas, il devra arriver à se désinvestir de l'humain, car son altruisme s'est transformé en soif de contrôle absolu sur tout un chacun. Tout le monde finit par considérer sa dictature affective comme un poids à la structure, un frein à sa carrière, et surtout un énorme gâchis.

 

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