Episode 58 : une seconde chance en toc

Le DRHache

Difficile de trouver plus protégés que les salariés du secteur bancaire. Ils ne risquent rien, même en cas d'insuffisance des performances. Ils conservent leur place, bien au chaud. Cette semaine, le DRHache nous offre une plongée chez les planqués.

Fruit d'une industrie florissante sur la durée, la convention collective des banques est particulièrement protectrice de l'individu. Que l'on soit au guichet ou devant huit écrans pour suivre tous les marchés de la planète, on est au chaud, protégé par des partenaires sociaux vigilants en dehors des repas mais surtout par une absence globale de réelle pénibilité.

Il est hélas plus facile de protéger des gens qui n'en ont pas réellement besoin, et si l'OS de la métallurgie ou le technicien de chez France Telecom subissent une pression importante mixée avec une réelle fatigue physique et psychique, l'employé de banque moyen aurait plutôt une vie pépère. On ne fait pas pleurer Margot.


A part quelques métiers hors normes au sein de la banque (trading, fusion-acquisition) où les salaires stratosphériques sont à hauteur des revenus générés et dans lesquels on peut subir une pression sans commune mesure avec quoi que ce soit d'approchant, les métiers dans lesquels on subit le plus le joug et la pression du résultat se situent dans le réseau. Votre banquier, celui qui vous appelle pour couvrir vos découverts et toucher les pénalités de 18 %, doit rendre compte tous les mois du nombre de cartes gold, de contrats si vertueux qu'ils font gagner de l'argent à tout le monde, de facilités de caisse et autres prêts immobiliers qu'il sera arrivé à refourguer pour la plus grande gloire du service, du département, du pôle, de la banque, de l'actionnaire.


Cette exploitation en batterie des ressources particulières est donc régentée par un reporting qui laisse peu de place à la sieste, et si les bons élèves peuvent avoir des bons points, voire une image à la fin de l'année, les retardataires sont marqués à la culotte et rapidement envoyés dans le bureau du préfet de discipline pour une fessée.


Après quelques séances, le constat est fait que « ça ne va pas ». La brebis galeuse recevra donc une notification écrite de l'insuffisance de ses performances, sésame maudit vers des sanctions plus lourdes pouvant mener au licenciement.


Voici donc la convention collective qui se met en branle, prévoyant ce qui est textuellement appelé une « deuxième chance ». Après le constat acté de sérieux problèmes dans un poste, l'entreprise est tenue d'offrir au titulaire de ce poste une possibilité de refaire ses preuves, « tout le monde a le droit de se planter ».

On pourrait croire que cette seconde chance est, doit être, dans un autre poste, les possibilités de remonter la pente en gardant les mêmes clients, les mêmes collègues et le même patron (celui qui vous a allumé, oui oui, celui-là) étant considérablement affaiblies.


On pourrait le croire, et d'ailleurs, c'était globalement la politique du groupe, dans la mesure du possible.

Ça ressemblait à du bon sens.

Mais c'est terminé.

Dans sa grande sagesse égalitariste de la surprotection de l'individu par tous les moyens même l'ablation de ses gonades, une grande autorité en chasse de toutes discriminations vient de trancher. L'attitude du groupe est irresponsable. Les pauvres employés, bénéficiaires de la seconde chance, ne doivent pas en plus être bousculés par un changement de poste, c'est beaucoup trop déstabilisant. Alors on les laisse là où ils se sont déjà plantés une fois.

Et on attend de voir.

 

Le DRHache
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