C'est autour de tables basses, dans l'ambiance lounge du Chacha Club, qu'en ce 28 novembre les « accompagnateurs » bénévoles de l'association Café de l'avenir, tous membres de l'actuelle promo de l'Executive MBA de l'Essec & Mannheim, reçoivent des jeunes en recherche d'emploi. Objectif : faciliter le passage des jeunes diplômés (bac+2 à bac+7) dans la vie active, en les conseillant et en les encourageant dans leur démarche. Ce soir, c'est la première prise de contact, pour chaque tuteur et son tutoré : à raison d'un échange informel d'une heure, le binôme se présente. Et le jeune dip' détaille son projet professionnel.
Être utiles
Selon les « paires », le tutoiement est de rigueur. D'abord un peu impressionnés, les jeunes finissent par dévoiler leurs galères de recherche d'emploi. 99 candidatures et seulement deux réponses... négatives. Des entretiens qui se passent bien mais le recruteur qui ne rappelle jamais... Bref, les jeunes expliquent et s'expliquent. A charge pour l'accompagnateur de faire une lecture active de leur parcours et de leurs attentes. Evidemment, tout ne peut pas être réglé en une soirée et les binômes sont invités à se revoir et à échanger (par mail, par téléphone) jusqu'à ce que le jeune décroche un job.
Pour les 46 membres de la promo de l'Executive MBA de l'Essec & Mannheim présents à cette rencontre, le mot d'ordre est d'être UTILES. « En constatant que 23% des jeunes sont au chômage, on a eu envie de faire changer la situation à notre niveau », argumente Laurent Acharian, cadre chez PwC et coordinateur de ce projet pour la promo en MBA. Une autre accompagnatrice, Marie-Philippe, responsable programme chez Visteon, espère « pouvoir partager [s]on expérience relative à la recherche d'emploi ». Pour elle, « c'est un projet qui a du sens et qui fait sens ».
Conseils et stratégie
Concrètement, Jérôme, chef de produit chez un fabricant télécoms, va « aider une jeune à décrypter les codes d'une recherche d'emploi et à se focaliser sur sa valeur ajoutée ». Cette dernière doit « redonner du punch à son CV et me l'envoyer pour relecture. Je vais l'aider à rédiger un CV en anglais, indispensable pour un poste en marketing. Nous allons travailler de visu sur l'entretien de recrutement car elle ne sait pas suffisamment se vendre pour retenir l'attention d'un recruteur », explique-t-il.
Pour les jeunes dip', l'objectif final est de décrocher un boulot. Mais avant cela, ils viennent chercher des conseils et une oreille attentive. « J'espère recevoir des conseils sur mon projet et ma stratégie de recherche d'emploi. Est-ce que le job de responsable junior RH est trouvable ou pas dans une boîte ? Dois-je accepter de passer par un cabinet de recrutement avant ? Après, quelles sont les passerelles existantes entre ces cabinets et les entreprises », souligne Axelle, titulaire d'un master 2 en RH et en recherche d'emploi depuis septembre dernier. Avec son master professionnel en ingénierie pédagogique réalisé en apprentissage, Zohra est plus impatiente. « Je cherche un emploi stable en CDI et pour cela, j'ai besoin de conseils de pros en poste pour savoir exactement comment valoriser ma candidature. C'est aussi un excellent moyen de se constituer un réseau », souligne-t-elle.
Ces rencontres informelles ont également une vertu de remise en confiance. « En venant là, les jeunes quittent leur ordinateur et rencontrent des personnes actives en phase avec le monde du travail et les attentes des employeurs. Ils s'ouvrent aussi à des secteurs d'activité jusqu'alors inconnus pour eux », complète Elisabeth Eisele, secrétaire générale du Café de l'avenir.
Plus efficace que le diplôme ?
Pour les jeunes universitaires que nous avons rencontrés ce soir-là, une chose est évidente : un diplôme sans réseau ne sert à rien. Contrairement aux réseaux, souvent très bien constitués et très actifs des grandes écoles de commerce et d'ingénieur, les réseaux d'anciens de la fac, sont encore mollassons. « Le service emploi de mon université me push parfois des offres d'emploi, mais guère plus », regrette Axelle. Insuffisant mais ce coaching personnalisé est-il efficace ? « Un mois près l'inscription au Café de l'avenir, un tiers des jeunes trouve un boulot en CDI. Les 2/3 restants n'avaient pas trouvé au bout de 9 mois, moment choisi pour réaliser cette enquête », conclut la secrétaire générale de l'association.
Sylvie Laidet © Cadremploi.fr
Ces associations qui coachent, avec les cadres, les jeunes diplômés :
Nos quartiers ont des talents : www.nosquartiers-talents.com/
Association pour favoriser l'intégration professionnelle : www.afip-asso.org
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.