Ils sont cadres et ont fait les JO : Emilie Tabouret

Céline Chaudeau

Le rêve paraît un peu fou quand on est ingénieure et non-voyante. Pourtant Emilie Tabouret l’a fait : à deux reprises, en 2002 et 2006, elle s’est distinguée aux Jeux paralympiques. Avec le soutien d’EDF, son employeur.

Il a fallu lui aménager son poste de travail, un peu. Et son emploi du temps, beaucoup. Cette collègue est décidément peu banale. Aveugle de naissance et un DESS d’électrotechnique automatique en poche, Emilie Tabouret est embauchée chez EDF en 1998. Surprise : elle est ingénieure informatique, handicapée et sportive de haut niveau à la fois !

En 2002 : direction Salt Lake City !

Et modeste en prime. À l’écouter, les podiums sont un peu arrivés par hasard. « Mes parents m’ont mise sur des skis dès que j’ai su marcher, sourit la jeune femme originaire de Pontarlier. J’ai toujours fait du sport et quand j’ai été embauchée au Centre d’ingénierie du parc nucléaire de Marseille, j’ai naturellement trouvé un club handisport. » Elle participe à ses premières compétitions sur son temps libre et ses congés. Mais les choses deviennent sérieuses en 2001. « J’ai décroché ma première médaille aux championnats d’Europe. » Son ticket pour les Jeux paralympiques de Salt Lake City l’année suivante…

« Ma hiérarchie a vraiment joué le jeu »

Concilier sa carrière et le sport de haut niveau ? Emilie reconnaît qu’elle a de la chance. « Chez EDF, des textes prévoient des jours si on est sélectionné aux JO. J’ai pu partir plus d’un mois. » Retour gagnant : engagée dans deux disciplines, elle décroche le bronze en biathlon et l’argent ski nordique. En prime, son travail, dans le domaine de l’informatique industrielle des centrales nucléaires, est adapté à son statut. « Ma hiérarchie a vraiment bien joué le jeu. J’ai même pu aller aux Jeux de Turin. L’unité m’a accordé six mois de l’année au travail. On m’a confié de courtes missions mais toujours aussi intéressantes. Quand j’étais absente, je travaillais un peu sur mon PC. »

« Aujourd’hui je réalise les bénéfices que j’ai tirés du sport »

Sa carrière sportive s’est arrêtée en 2009. Mais l’entreprise a certainement gagné au change. « Je réalise aujourd’hui les bénéfices que j’ai tirés de ma carrière de sportive au niveau professionnel, analyse-t-elle à 41 ans. J’ai appris à connaître mes limites pour mieux les repousser. Mon métier, par exemple, évolue constamment avec les réseaux. Or même si on travaille seul, cela reste un travail d’équipe. Il faut se parler pour progresser sinon on va dans le mur. »

« Il faut tomber sur des managers ouverts »

Malgré tout, Emilie Tabouret refuse d’incarner un exemple, que ce soit pour les athlètes ou les handicapés. « J’ai eu de la chance car EDF m’a prise avec mon handicap et m’a permis de poursuivre le sport. Mais on ne peut rien généraliser. Avant tout, il faut tomber sur des managers ouverts. Tout le monde n’a pas ma chance. »

Céline Chaudeau © Cadremploi.fr

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