Une transition en toute sérénité
Dans un marché en crise, les salariés sont de plus en plus nombreux à limiter les risques en créant leur micro-entreprise à côté de leur emploi (environ un quart des auto-entrepreneurs, selon les études).
« La tentation est grande de tout plaquer pour retrouver sa liberté et vivre sa passion. Il n’empêche, entre les factures à payer et mon crédit à rembourser, je ne peux pas me permettre de me retrouver sans rien », confesse Blandine, attachée d’édition qui a fondé en parallèle sa marque de bijoux. « Si l’objectif, à terme, est de vivre de mes créations, je profite de la période actuelle pour imaginer de nouveaux modèles, trouver les bons fournisseurs et développer mon image. Je m’efforce aussi de mettre de l’argent de côté et de m’assurer un "matelas" pour le jour où je franchirai le pas et déciderai de m’y consacrer à 100 %. » Double vie professionnelle qui implique beaucoup de travail et une certaine autodiscipline, on s’en doute : « Beaucoup de mes soirées et mes week-ends sont occupés à ça, voire l'intégralité de mes RTT. Pas le choix, si je veux avancer. Alors oui, ma hiérarchie est au courant, mais qu’importe puisque c'est dans un domaine où je ne risque pas de les concurrencer. Du reste, l'équilibre que me vaut ma création me donne le petit détachement qui me rend plus performante dans mon travail salarié », conclut-elle.
Se reconvertir dans le métier de ses rêves
Désireux de s’échapper de leur domaine de compétences, mais cherchant surtout un véritable changement de vie, de nombreux cadres font usage de leur droit au congé individuel de formation pour tenter leur chance dans l’artisanat (en 2010, 56 % des artisans étaient d’anciens cadres, selon l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat). C’est le cas de Dominique, secrétaire de rédaction, à qui le métier de luthier s’est imposé comme une évidence : « J’ai toujours eu envie de travailler de mes mains et de faire quelque chose de vraiment concret, qui plus est en lien avec la musique, car c'est le vrai fil conducteur de ma vie. Alors, même si ce cursus implique de vivre séparée de mon mari pendant près d'un an, le fait de m'y consacrer, avec la perspective d'atteindre le plus haut niveau d'exigence possible m’épanouit pleinement. Quant à la profession de secrétaire de rédaction, pourquoi pas, si je peux la poursuivre en parallèle en tant que bénévole pour une association ou en freelance. Histoire de garder un pied dedans. »
Rebondir avant la retraite
Mettre à profit une passion pour s’assurer des jours meilleurs à l’approche de la retraite. Tel est le dessein de nombreux quinquas qui n’hésitent pas à développer, à côté de leur emploi, une deuxième activité plus porteuse de sens : « Je me suis mise au yoga par hasard lors d’un séjour en Inde, il y a une dizaine d’années. Une vraie révélation pour moi ! Depuis, je n’ai cessé de le pratiquer jusqu’à obtenir le diplôme qui me permettra d'exercer à mon tour en tant que professeur. Aussi, j’espère pouvoir m’assurer un revenu complémentaire à ma retraite, mais surtout continuer à mener une vie sociale grâce à ce biais », explique Annie, cadre supérieure dans l’industrie pharmaceutique. Même son de cloche chez Frédéric, directeur financier et passionné de déco : « J’ai toujours fait entendre ma petite note personnelle autour de moi en conseillant telle couleur ou tel matériel. Alors, quand le statut d’auto-entrepreneur a vu le jour, j’ai mis en place ma structure de coaching en décoration d’intérieur. Même si le but n’est pas d’en vivre, cela me permet de m’aérer l’esprit et de laisser libre cours à ma créativité. D'ailleurs, pourquoi ne pas essayer, un de ces jours, de développer une clientèle ? Car qui sait ce que réserve l'avenir, et si on aura droit à une retraite par les temps qui s'annoncent. »