Les statistiques font grise mine. D'après le Center for Economics and Business Research (CEBR), 60 000 salariés londoniens devraient perdre leur emploi entre 2008 et 2009. Devant la fiasco, bon nombre des Français expatriés à Londres ont préféré retraverser la Manche. « Il y a encore des recrutements, tempère Laurence Parry du bureau Emploi-formation du consulat général de France en Grande-Bretagne. Mais c'est vrai qu'ils se font au goutte-à-goutte. »
Concurrence forte
En témoigne la baisse des offres d'emploi sur le site du consulat, passées de 80 propositions en temps normal à 50 aujourd'hui. « Et la concurrence est extrêmement forte », précise Romain Meneghini. A 29 ans, cet analyste financier réside depuis près de 5 ans en Angleterre et a vu le marché s'effondrer. « Ce n'est pas qu'il n'y a pas de travail. C'est juste que là où il y avait dix candidats auparavant, il y en a cent aujourd'hui. »
« Des perles rares »
Et pas des moindres. Au bureau Emploi-Formation, la fréquentation a changé : « Avant, on recevait essentiellement des primo-arrivants, reprend Laurence Parry. Ils sont tous rentrés. Ceux qui viennent nous voir maintenant sont des personnes qui sont là depuis quelques années, qui connaissent bien le marché britannique, qui ont un bon réseau sur place... Mais qui, malgré ça, ne parviennent pas à retrouver un poste après un licenciement. »
De la patience...
Résultat : les temps de recrutement se sont peu à peu allongés. D'après le baromètre du cabinet de recrutement Morgan McKinley, il faut désormais plus de 78 jours pour trouver un job dans le Royaume. C'est un mois de plus qu'il y a un an. « Il faut être patient, reconnaît Romain. Les employeurs préfèrent être sûrs qu'il n'y a pas d'abord moyen de faire plus de business avec moins de moyens. » « Mais quand un recruteur veut vous voir, c'est tout de suite, précise Laurence Parry. Ils cherchent la perle rare et ne lâche pas. »
Etre dans la place
Patient et réactif, donc. « Il faut surtout être là, affirme Julien Bellefroid. Si vous n'êtes pas sur place pour démarcher, personne ne vous répondra. » Pour lui, si Londres n'est plus un eldorado, les possibilités d'embauche subsistent pour ceux qui sont prêts à certaines concessions. « L'argent est toujours là. Il a juste changé de mains. »
Salaire à la baisse
Le jeune homme de 28 ans a perdu son job dans la vente d'emplacements publicitaires, mais n'en a jamais fait cas. « En un mois, j'ai passé une quinzaine d'entretiens. En revoyant mon salaire à la baisse, je n'ai eu aucun mal à retrouver un travail. » Il officie désormais dans une entreprise de consultant, salarié anglais basé... à Paris. « Dans ma boîte quatre recrutements de Français sont prévus pour travailler au bureau parisien. C'est le système anglo-saxon, friand de diversité et avant tout basé sur la qualification. »
Préférence nationale ?
Un avis un peu atténué par Laurence Parry, au Consulat Général : « Ce ne sera jamais dit. Mais, inconsciemment, à CV égal, la tendance du recruteur va actuellement à la préférence nationale. » Là aussi, tout dépend bien évidemment du secteur... « Sur des postes où on recherche des francophones, un Français a quand même plus ses chances qu'un autre. »
