« La mobilité, c'est le seul moyen d'évoluer »

Tiphaine Réto

J-L a 53 ans. Depuis le début de sa carrière dans la grande distribution, il a déjà dirigé plus d'une dizaine de magasins. En France, mais également en Grèce, en Pologne et en Belgique. Pour lui, évolution professionnelle et déménagements vont de paire. Une équation qui n'est pas prête de s'arrêter avec la mondialisation.

Il ne compte même plus le nombre de magasins par lequel il est passé. Pourtant, en plus de trente ans de carrière dans la grande distribution, J-L en a dirigé près d'une dizaine, en France comme à l'étranger. De Quimper à Athènes, de Vannes à la Belgique, de Paris à la Pologne, l'homme a roulé sa bosse dans pas mal de rayonnages des groupes Promodès, puis Carrefour, avant de rejoindre une enseigne de bricolage. « Quand on intègre la grande distribution, il faut bouger. Passer par la mobilité, c'est le seul moyen d'évoluer. »

Le goût du challenge

Et évoluer, J-L sait exactement ce que cela veut dire. Entré dans la vie active comme chef de rayon, il devient très vite, à 29 ans, le plus jeune directeur de son groupe. Un seul credo : le goût du challenge, de la performance et du « faire mieux » pour activer la dynamique commerciale. Une passion qui lui fera grimper pas mal d'échelons.

Sélectionné pour bouger

« Ce qu'il faut savoir c'est que quand on change d'établissement, c'est généralement qu'il y a une promotion, reprend le responsable. D'ailleurs, on n'envoie pas n'importe qui n'importe où. » Directeur d'un hypermarché Continent (devenu Carrefour en 1999) à Quimper pendant 10 ans, il sera choisi pour aller ouvrir le premier magasin de l'enseigne en Grèce. Près de 10 000 m2 de surface et 480 personnes sous sa coupe. « La sélection s'est faite sur différents critères : les résultats, l'expérience et le savoir-faire en matière de management. »

Opérationnel tout de suite

Il suit alors une préparation intensive de trois mois pour être fin prêt à cette nouvelle expérience. « Quand on arrive dans un nouveau pays, il faut être opérationnel tout de suite. On ne peut pas se permettre six mois d'adaptation. » J-L évite les écueils et s'adapte en amont aux aléas d'un nouveau marché : avancée sociale, droit du travail, concurrence locale et culture client de sa future destination. « On doit connaître à l'avance les habitudes de consommation. » Parfois de simples détails, mais qui comptent énormément.

Les clés de l'implantation d'une enseigne

Il se souvient pêle-mêle des bassins de carpes vivantes qui remplacent en Pologne nos étalages de dindes et foies gras de Noël ou des gondoles de féculents surdimensionnées des rayonnages grecs. « Cette adaptation rapide, c'est aussi une des clés de la réussite de l'implantation d'une marque. » Et par là-même de son évolution personnelle et professionnelle.

Un marché saturé qui force à déménager

Car J-L en est persuadé : un refus de déménagement peut réellement pénaliser une carrière dans la grande distribution. En particulier à l'étranger. « Le marché français est complètement saturé. Pour pouvoir respirer économiquement, les grands groupes ouvrent des magasins dans de nouveaux pays. Moi, c'était la Grèce ou la Pologne. Aujourd'hui, c'est la Chine... »
A chaque ouverture d'établissement, une équipe française part sur place pour encadrer pendant quelques mois les équipes locales dans le lancement de l'enseigne. « Le but est vraiment de partager avec eux la culture de l'entreprise pour qu'ils puissent ensuite mener l'aventure seuls. » Et passer à leur tour, par les arcanes de la mobilité.

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

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