Le passeport compétences, un outil méconnu pour booster sa carrière

Nathalie Alonso

Connaissez-vous le passeport compétences ? Probablement pas. Ce dispositif très peu utilisé en entreprise permet pourtant au salarié de prendre en main son évolution professionnelle. Le consultant RH Alain Finot, son meilleur ambassadeur, nous explique tout ce qu'il faut savoir à son sujet.

Le passeport compétences est au salarié ce que le carnet de santé est au patient. Concrètement, il permet de consigner par écrit tout ce que l’on sait faire dans un cadre professionnel. Objectifs : mieux se connaître soi-même pour favoriser sa mobilité interne et externe. « Tout va très vite, on enchaîne les jobs, les projets et les missions. Or à force d’être le nez dans le guidon, on oublie ce que l’on a fait durant sa carrière. Le passeport compétences, c’est donc la mémoire professionnelle du salarié », résume le consultant Alain Finot, ancien RH ayant fondé la société de conseil, Optitop. Dans son dernier ouvrage, L’Employabilité des juniors et des seniors (éd. Liaisons sociales), il décrit ce dispositif comme une chance trop peu utilisée aujourd'hui par les salariés, par manque du temps ou, plus vraisemblablement... parce qu'ils sont peu nombreux à avoir entendu parler de ce dispositif, pourtant gratuit !

La "mémoire professionnelle" du salarié

Le passeport compétences se présente ainsi : un document très structuré de plusieurs pages dont un modèle en PDF peut être téléchargé gratuitement depuis le site du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP), www.passeportformation.eu. A première vue, cela ressemble à un CV ultra-détaillé, sans se substituer à lui.

Formations, projets, objectifs : tout peut être tracé dans ce « passeport ». Les compétences mises en œuvre dans le job actuel mais également celles acquises dans d’autres postes ou dans la sphère privée sont détaillées selon plusieurs critères : sociales (travail d’équipe), organisationnelles (management), linguistiques, informatiques mais aussi, plus surprenant, artistiques. « La pratique de la peinture peut en dire long sur votre créativité, de la même façon que le fait d’être trésorier d’un club de foot montre que vous maîtrisez le plan comptable : ce sont des compétences que vous pouvez vendre », ajoute Alain Finot.

A contrario, se plonger dans la rédaction du passeport peut vous aider à mettre le doigt sur une faille de votre parcours, de vous rendre compte par exemple que vous n’avez pas été en formation depuis quatre ans. « L’idée du dispositif, c’est : « je prends soin de ma carrière »», résume Alain Finot.

A qui s'adresse le passeport compétences ?

A fortiori, il s’adresse tout particulièrement aux cadres expérimentés ou seniors ayant occupé de nombreux postes et accompli un large éventail de missions, dont ils ont tendance à sous-estimer l’importance pour vendre leur profil.

Si ce dispositif, entériné par la loi de 2004 sur la réforme professionnelle tout au long de la vie, demeure méconnu des salariés, c'est que les entreprises – qui doivent pourtant porter l'outil – s'en sont saisies à la marge : moins de 10% des entreprises l’auraient adopté, notamment des grands groupes tels que Thales ou Areva, selon Alain Finot.

Si votre entreprise n’est pas encore dans le coup, rien ne vous empêche cependant de remplir le votre voire d'en transmettre une copie à votre employeur. Qui sait, peut-être ce dernier découvrira-t-il en vous des talents insoupçonnés ?

Quant utiliser le passeport compétences ?

- Avant l’entretien d’embauche, pour préparer son argumentaire, pour faire le lien entre vos compétences et celles demandées pour le poste

- Au moment de l’entretien d’embauche, vous pouvez en remettre une copie au recruteur. Au passage, vous lui envoyez un message qui ne peut être que perçu positivement : « je suis pro-actif »

- Au moment de l’entretien annuel, le N+1 conduisant l'entretien et le salarié peuvent le compléter ensemble et le mettre à jour avec les missions et objectifs réalisés dans l’année. Bref, c’est un outil qui peut appuyer une évolution de poste.

- Dans le cadre d'une demande d'inscription au sein d'une formation sélective : pour décrire et étayer les moments forts de votre carrière lors de la préparation de votre dossier de candidature, pour un MBA ou une validation des acquis de l’expérience par exemple.

Nathalie Alonso © Cadremploi.fr

Nathalie Alonso
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