
Un silence, pour laisser de la place à la réflexion
En entretien avec un collaborateur, il marque des silences plus ou moins longs et votre naturel vous invite à combler ses blancs. Erreur. « En brisant ce silence, vous risquez de le couper dans sa réflexion. Comptez mentalement jusqu’à 10 avant de reprendre la parole, le tout en observant le comportement de votre interlocuteur », recommande Annette Chazoule, responsable de l’offre de formations Management au sein de Cegos. Si vous percevez un silence de panique, autrement dit s’il se tait car ne sait plus quoi dire, posez-lui une question fermée à laquelle il pourra répondre simplement par oui ou non. Si vous sentez qu’il réfléchit, au bout des 10 secondes, relancez-le par une question bienveillante, du genre "t’as besoin d’un peu plus de temps pour réfléchir peut-être… ".
Laisser du temps au silence de faire son oeuvre
Le silence peut aussi devenir un allié stratégique. À la fin d’une réunion, vous demandez par exemple qui peut faire le compte-rendu de la séance et en général, tout le monde pique du nez. « Dans ce cas, être capable de laisser s’installer le silence pendant 30 secondes, voire une minute, revient à faire changer la responsabilité de camp. Au final, l’un des membres de l’assistance va se désigner et le manager n’aura pas à désigner une personne d’office ou à faire le compte rendu lui-même », recommande Karine Aubry, coach de manager au sein de Kolibri Coaching. Même schéma dans un groupe projet qui fait appel à l’intelligence collective. Le silence est en général productif car il permet à chacun de réfléchir, au plus extraverti de finalement prendre la parole et au groupe de lui emboîter le pas avec d’autres idées.
Une réponse parfaite pour laisser tomber la pression
« Mieux vaut tenir sa langue quand on sait que l’on va intervenir avec ses émotions et non pas de manière factuelle », recommande Karine Aubry. Imaginez un comité de pairs où l’un d’entre des participants vous déstabilise en vous reprochant vos résultats en baisse par exemple. « Prenez le temps du silence. Regardez-le dans les yeux sans rien dire, le temps que vos émotions retombent et que votre réponse soit factuelle. Le silence permet de revenir à une situation de parité », constate Annette Chazoule. Structurez votre pensée pour mieux communiquer. Usez de vos yeux, de vos traits de visage, de vos mains… pour communiquer en silence avec votre "attaquant". Cela devrait lui aussi l’apaiser.
Pas de prise de parole sans silence
Dans une intervention orale, il faut parfois aussi savoir se taire. Marquer des blancs pour se créer des respirations, mais aussi pour laisser les autres assimiler les infos. « Notez les silences par des « … » dans votre discours », recommande Annette Chazoule. Suspendu à vos lèvres, votre auditoire n’en sera que plus attentif….
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.