Les 5 signes avant-coureurs d’une mise au placard

Céline Chaudeau

Privé de réunions, de responsabilités, voire carrément de collègues ? Les signes annonciateurs d’une mise au placard sont nombreux. Et surtout progressifs… Voici comment les identifier.

1. Je suis complètement démotivé

On doit la métaphore à Yves Maire du Poset : « Avant de se retrouver au placard, il faut d’abord qu’une porte s’ouvre quelque part. » Président du cabinet Piloter ma carrière, ce consultant décrit un désamour progressif entre un salarié et sa direction. Or le premier signe vient – parfois - du salarié lui même. « Avant d’être mis au placard, on est souvent plaintif et démotivé. Dans ma carrière, j’ai moi aussi connu ces moments de creux. Quand on est en retrait, on est moins sollicité. C’est parfois le début d’un engrenage et il faut se remettre dans la vague avant qu’il ne soit trop tard. » Son conseil : se montrer proactif sur un dossier en cours et mesurer le répondant de son manager.

2. Je ne suis plus convié aux réunions

« On peut subir des changements violents, explique Véronique Shayari, consultante au cabinet Jacéa RH. Soudain on vous évite, on n’est plus convié à certaines réunions. On peut aussi égarer vos de frais. » Ces vexations ouvrent-elles forcément la porte du placard ? « En tout cas, ces signes doivent alerter le salarié. Il peut s’agir, aussi, d’une restructuration dont on n’ose pas vous parler. » Son conseil : échanger avec son n+1, sans agressivité, pour clarifier la situation.

3. Je suis dénigré par mon boss

Christian Gury en convient : la paranoïa est mauvaise conseillère. Ce qui n’empêche pas la vigilance : « Le vrai placard, c’est quand l’entreprise n’a plus besoin de vous et vous pousse doucement vers la porte », analyse ce conseiller en ressources humaines auteur du livre Les 5 clés pour rebondir et piloter sa carrière. Or ce cheminement peut aller très loin, jusqu’aux insultes. « Si vous êtes constamment dénigré par votre manager, il faut d’abord vérifier, auprès de vos collègues, que ce n’est pas qu’une impression. Si les symptômes persistent, il faut s’adresser à la direction générale par écrit. » Son conseil : si le manager ne change pas, négocier une mutation en interne par exemple.

4. Je n’encadre plus personne

« Si le placard n’est jamais clairement annoncé ni forcément programmé, il existe des clignotants sérieux », confirme Orlandino Ferreira, consultant associé chez LGP Conseil. Ainsi, un salarié qui perd certaines responsabilités, comme l’encadrement de son équipe, il doit vite se mobiliser. Cet expert rappelle que la législation prévoit un “entretien professionnel” annuel pour justement analyser et accompagner l’évolution de carrière des salariés. Son conseil : se faire accompagner d’un coach si on envisage un départ pour être soutenu et « garder la main ».

5. Je suis complètement isolé

Restent enfin certains signes sans aucune ambiguïté. « Un jour, après être rentré d’un salon, j’ai été déménagé, seul, au fond d’un couloir », témoigne Loïc S., ancien cadre dans la banque. Ce syndicaliste a senti qu’on voulait le pousser à bout. « Peu à peu, j’ai compris que les collègues de l’étage avaient interdiction de me parler. Les logiciels de mon ordinateur n’étaient pas mis à jour et mon imprimante jamais réparée par exemple. Je ne pouvais plus travailler. D’ailleurs, on ne me donnait plus aucune mission ! » Il a refusé de démissionner et a rappelé à sa direction qu’un employeur doit fournir le travail convenu à un salarié. « J’ai passé sept ans au placard avant de réussir une belle négociation de départ. » Il a aussi profité de cette période pour créer l’association Harcèlement Moral Stop. Son conseil : ne pas avoir honte et utiliser les outils légaux qui existent pour s’en sortir.

Mise au placard : une pratique illégale

Les salariés qui connaissent cette situation difficile ne sont pas sans recours : un employeur est dans l’obligation de fournir le travail qui est prévu dans le cadre de son contrat et le harcèlement moral que constitue la mise au placard est interdit.

- Article L. 1152-1 du Code du travail : « aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».

- Un arrêt de la Cour de cassation du 3 novembre 2010 vient préciser que la prise d'acte de rupture du contrat de travail par le salarié est justifiée lorsque l'employeur n'a pas fourni de travail à ce dernier.

Céline Chaudeau © Cadremploi.fr

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

Vous aimerez aussi :