Les astuces pour négocier votre temps partiel

Tiphaine Réto

Le temps partiel séduit de plus en plus de cadres, désireux d'équilibrer vies personnelle et professionnelle. Les bons conseils pour savoir le négocier auprès de votre employeur.

En France, 5 millions de personnes travaillent à temps partiel. Une situation pas forcément choisie pour une grande partie d'entre elles. Mais pour ceux qui veulent gérer un projet personnel ou donner plus de temps à leur vie de famille, le temps partiel peut être la bonne solution.

Une surprise à l'embauche

Reste que pour obtenir la journée ou la demi-journée de vos rêves, il faudra savoir convaincre. Ghislain Kamgang, 25 ans, ingénieur en informatique, a démissionné de son ancien poste pour pouvoir obtenir un 4/5ème qui lui laisse le temps de gérer une association un jour dans la semaine. « J'ai passé 30 ou 40 entretiens. J'évoquais ma demande de temps partiel uniquement si je sentais que mon profil pouvait intéresser. Mais dans la majeure partie des cas, les gens étaient tellement surpris que ça n'aboutissait à rien. »

Montrer les avantages pour l'entreprise

« Négocier un temps partiel à l'embauche, c'est extrêmement compliqué, reconnaît Olivier Sivori, DRH des pôles Agri-Min & Life Sciences du groupe SGS France. Sauf que parfois un temps partiel peut arranger l'entreprise. Cela peut-être « un bon moyen pour elle de tester un nouveau projet. C'est aussi un recrutement avec des charges moins élevées », poursuit le DRH.

Aucune différence avec les autres

Ghislain fait partie des chanceux qui ont réussi à décrocher un temps partiel. Gilles Mergoil, PDG de Néoxia, l'a recruté avant tout pour ses compétences et ne regrette rien. « C'était une première pour nous, mais comme son profil nous intéressait, nous n'avons pas vraiment hésité. Et on ne regrette rien : on ne voit aucune différence avec nos autres salariés. Si ce n'est que le vendredi, on ne cale pas de rendez-vous pour Ghislain. »

Plus ou moins envisageable selon les métiers

Le directeur, pourtant, le reconnaît : « Ca peut fonctionner chez nous parce que nous sommes un cabinet de conseil. Il y a une grande autonomie dans la gestion de son temps chez chacun de nos consultants. Mais pour une SSII, par exemple, qui envoie ses salariés chez un client, c'est plus compliqué à envisager. » Même avis pour Olivier Sivori : « Il y a des métiers qui se prêtent très bien au temps partiel et d'autres pour lesquels, c'est plus compliqué. Il faut donc bien réfléchir à l'organisation de l'entreprise avant de le demander. »

Rester flexible

De la jugeote, donc, et de la flexibilité. Ce sont les deux atouts pour convaincre au mieux de votre adaptation au temps partiel. « Quand je sais qu'il y a une réunion importante le vendredi, je me débrouille pour troquer mon jour OFF à un autre moment », précise Ghislain.

Tester l'organisation sur quelques semaines

Et pourquoi ne pas proposer un test de votre temps partiel ? « Ca peut-être rassurant pour l'entreprise, avance Olivier Sivori. Une période transitoire laisse le temps à vos équipes de s'organiser et de voir que ce changement d'emploi du temps peut se faire en douceur. » Et c'est aussi un bon moyen de voir si le fonctionnement vous convient aussi ! « On pense d'abord à son confort de vie et à son épanouissement personnel, mais c'est aussi un effort consenti sur son salaire, note Olivier Sivori. Il faut bien le prendre en compte au moment de la négociation. »

Attention aux évolutions de carrière

Ghislain Kamgang, lui, a surtout essuyé des réflexions étranges lors de ses entretiens. « On m'a dit qu'à mon âge, c'était suicidaire de prendre un temps partiel, que je risquais de stagner dans ma carrière. »

« Dans les textes, le temps partiel doit permettre d'avoir les mêmes droits et les mêmes évolutions qu'à temps plein. Mais dans les faits, il est rare d'avoir un manager avec des responsabilités obtenir un tiers temps pour s'occuper de ses enfants. On est dans une mentalité très française qui veut que vous ne faites bien votre travail que si vous êtes au bureau », avertit Olivier Sivori.

En attendant que les mentalités évoluent, sachez, tout de même, qu'à temps partiel, vous avez la priorité pour retrouver un temps plein dans votre entreprise.

 

Tiphaine Réto © Cadremploi.fr

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

Vous aimerez aussi :