Les DRH imposent une baisse des avantages à leurs collaborateurs expatriés

Sébastien Tranchant

Lors des 2e Rencontres de la mobilité internationale organisées par le groupe Novalis Taitbout le 8 juin au Pré Catelan, les DRH des grandes sociétés françaises ont confirmé une baisse des packages à l'expatriation.

Salariés appartenant bien souvent à la catégorie des privilégiés, les expatriés payent aussi leur tribut à la crise. Lors des 2e Rencontres de la mobilité internationale organisées le 8 juin à Paris par le groupe Novalis Taitbout, de nombreux DRH de grands groupes internationaux n'ont pas caché que le ralentissement économique oblige à revoir la générosité des « packages » à l'expatriation. « Auparavant nous appliquions une approche globale où directeurs généraux et juniors étaient logés à la même enseigne, explique Eugénia Fornieri, directeur de la mobilité internationale du groupe Danone. Désormais, nous différencions par niveau hiérarchique et par pays. Sur ce point, la crise a accéléré notre politique de réforme interne. »

Participation au logement

Quelle que soit l'entreprise, on rationalise les coûts. Chez L'Oréal, par exemple, on sucre de plus en plus la sacro-sainte prise en charge du logement. « A l'automne, nous avons mis en place un nouveau package  pour les profils "junior" (moins de 5 ans d'expérience) dans lequel nous proposons une allocation de 20% du salaire brut en lieu et place de la prise en charge du logement, explique David Payet-Pigeon, directeur de la mobilité internationale chez L'Oréal. Cette démarche nous paraît mieux adaptée à la génération Y qui pratique beaucoup plus la colocation. » Le leader du luxe étudie actuellement l'application de ce principe sur d'autres populations avec à la clé « une économie d'environ 8 % sur les packages ».

Contrat de "commuter"

Même démarche chez Alstom qui ajuste le montant de l'allocation logement aux loyers pratiqués dans le pays. « Il y a quelques semaines, une de nos DRH basée à Singapour nous a indiqué que les prix avaient fortement chuté alors nous avons réduit notre participation, indique Brigitte Poincloux, vice présidente compensation et bénéfices d'Alstom. Elle ne cache pas avoir également de plus en plus recours à la visio-conférence pour réduire les frais de voyages. Une course aux économies qui ne nécessite pas forcément l'instauration d'un nouveau code mais passe tout simplement par l'application des règles existantes. Chez Danone, le process voudrait qu'après cinq ans les primes de mobilité soient réduites. Or ce n'est jamais appliqué. « Nous allons essayer de changer cet état de fait mais ça ne sera pas évident » prévient timidement Eugénia Fornieri. Faire des économies d'accord, mais à un rythme de sénateur ça passe mieux ? « Si les règles doivent changer dans mon entreprise, je n'ai aucun scrupule à le dire clairement. Je m'occupe actuellement du transfert en Angleterre d'un collaborateur payé 350 000 dollars et il n'est pas exclu que je lui propose un contrat de 'commuter'* car sa mutation risque de revenir trop cher à l'entreprise. Toutefois, il est hors de question de revoir tout ce qui touche à la protection sociale » tempère Brigitte Poincloux. La recherche de croissance à l'étranger ne semble plus aujourd'hui une raison suffisante pour offrir des conditions mirobolantes aux meilleurs éléments.

* le conjoint ne suit pas le collaborateur qui bénéficie d'un forfait retour.

Sébastien Tranchant
Sébastien Tranchant

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