Les femmes bloquées dans leur carrière par le plancher collant

Sylvie Laidet

On connaît trop bien (malheureusement) le fameux plafond de verre qui empêche les femmes d’accéder à des postes au somment de la hiérarchie, mais connaissez-vous le plancher collant ? Cette métaphore domestique (encore une) décrit le phénomène qui retient les femmes à des fonctions moins élevées. Notamment en début de carrière. Explications avec Ann-Sophie de Pauw, enseignante et co-auteur d’une étude sur le sujet.
Les femmes bloquées dans leur carrière par le plancher collant

Le plancher collant, c’est quoi le principe ?

Cette expression se réfère à la difficulté qu’ont les femmes à être promues en début de carrière et de gravir les échelons au sein d’une entreprise. La nouvelle version d’une étude* qui vient d’être publiée montre que lorsque qu’elles postulent, les femmes ont moins de chances que les hommes d’être conviées à un entretien d’embauche si le nouvel emploi visé implique une promotion fonctionnelle. En revanche, les chercheurs observent que lorsque le poste convoité implique davantage de responsabilités managériales, elles semblent être traitées de la même manière que les hommes.

 

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Quelle différence entre promotion fonctionnelle et promotion managériale ?

« On peut classer les promotions en deux catégories : l’une fonctionnelle impliquant un emploi plus complexe ; l’autre impliquant davantage d’autorité », explique Ann-Sophie de Pauw, professeure de négociation internationale et management à l’IESEG School of management et également co-auteur de l’étude. Et visiblement, les employeurs préfèrent les hommes quand il s’agit d’un poste au travail plus complexe. Ce ne serait pas le cas pour des postes il faut faire preuve de plus d’autorité.

 

Comment expliquer cette différence de traitement ?

« Pour des postes plus complexes, les femmes peuvent être sujettes à des facteurs traditionnels de discrimination et considérées comme moins productives que les hommes. Ces postes correspondraient davantage aux caractéristiques masculines dominantes », précise-t-elle. En revanche pour les promotions d’autorité, les femmes ne feraient l’objet d’aucun grief particulier par rapport aux hommes. « Les femmes sont vues comme des managers d’équipe et comme des leaders efficaces », observe-t-elle.

Autre explication en cours de validation par l’équipe de chercheurs : l’autocensure des femmes elles-mêmes. « Ne sont-elles pas elles-mêmes réticentes à l’idée de grimper dans la hiérarchie car leur aversion au risque est plus grande? Ne se disent-elles pas que ce sera trop dur et impossible à gérer avec une vie de famille ? Ou alors n’anticipent-elles pas tout simplement la discrimination ? », s’interroge Ann-Sophie de Pauw. Une étude est en cours pour valider (ou pas) ces hypothèses. À suivre.

 

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*Do employer preferences contribute to sticky floors, Stijn Baert, Ann-Sophie de Pauw et Nick Deschacht

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Sylvie Laidet
Sylvie Laidet

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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