En France, Raphaël, 29 ans, avait la désagréable impression de faire du surplace. Les perspectives d'évolution professionnelle étaient peu encourageantes, et son salaire lui permettait tout juste de subsister dans une ville d'Annecy réputée pour sa cherté. Ces éléments mis bout à bout ont suffi à convaincre ce vendeur sédentaire de s'expatrier. Sa copine l'a suivi, elle aussi attirée par le défi d'une nouvelle vie. Le couple n'a pas tardé à découvrir que l'herbe pouvait être plus verte au Québec. Treize mois après son arrivée, Raphaël a doublé son pouvoir d'achat par rapport à la mère patrie.
Les compétences avant l'ancienneté
Mais pour en arriver là, il a fallu mettre du cœur à l'ouvrage. En deux semaines, ils ont trouvé un appartement et une voiture. « Dans notre esprit, nous n'étions pas en vacances. On s'est conduit comme si on s'installait pour longtemps. On a fait le tour des boîtes de recrutement et des agences d'intérim. » Cette recherche active d'emploi a porté ses fruits : il décrochait un premier poste dans son secteur d'activité, 35 jours après avoir ouvert ses valises ! « J'ai eu de la chance, reconnaît-il, car mon employeur cherchait justement quelqu'un avec mon profil. » Ses origines ont aussi plaidé pour lui : « Les Français ont la réputation d'être travailleurs, ponctuels et rigoureux. »
Le facteur chance n'explique pas tout. Dans la Belle-Province, l'opiniâtreté et l'humilité sont des alliés des poids pour l'immigrant. « Ici, il ne faut pas hésiter à commencer au bas de l'échelle pour montrer qu'on peut s'intégrer. Après, tout peut aller très vite. » Raphaël a retenu une règle de base au Québec : « Si tu en veux, tu gravis les échelons. Il ne faut pas hésiter à se vendre. Ils n'hésitent pas à faire confiance si on leur montre qu'on est capable... Comme ils disent si bien, ils laissent la chance aux coureurs. » C'est une réalité : chez nos cousins d'Amérique du Nord, les compétences et le travail accompli priment sur l'ancienneté.
Le Québec en mode « réseautage »
Aujourd'hui, Raphaël est un homme heureux. Son ascension professionnelle n'est pas terminée puisqu'il doit succéder d'ici un an au directeur des ventes de la société qui l'emploie. « En France, il m'aurait fallu au moins 5 ans d'expérience pour y arriver. » Petit bémol : le rêve nord-américain a un prix, l'investissement. « Les premiers mois, je travaillais 50 heures par semaine. Les Québécois ne donnent pas tout sans rien attendre en retour. »
Au chapitre des conseils, Raphaël insiste sur la nécessité de refaire son CV selon les standards québécois, et surtout de se bâtir un réseau de contacts pour obtenir un emploi dans sa branche (le fameux réseautage). Car si le Québec est grand comme trois fois la France, il compte à peine 8 millions d'habitants. Autant dire que le bouche à oreille fait des merveilles mais peut aussi détruire une réputation. A ce sujet, pour ne pas griller ses cartouche d'entrée, le résident permanent met en garde les futurs arrivants sur l'importance du savoir-être : « Il ne faut pas arriver en pensant qu'on est supérieur aux autres, d'autant qu'ils ont une vision du Français un peu imbu de sa personne. » Le contraire pourrait nuire à votre intégration.
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