12 minutes. C'est le temps de concentration maximum d'un salarié français au bureau, selon une étude de la société Sciforma. « Les interruptions de travail sont fréquentes, explique Stéphane Louit, directeur général France de Sciforma, notamment à cause de la place des nouvelles technologies dans l'entreprise. » Entre des mails qui arrivent toutes les trois minutes en moyenne, un téléphone qui sonne régulièrement, il est bien difficile de fixer son attention.
Un salarié sur deux sur les réseaux sociaux
En effet, toujours d'après les résultats de l'étude Sciforma, 60 % des salariés regardent leur messagerie perso sur leur temps de travail... et un sur deux vont sur les réseaux sociaux. « Ca fait peu de temps que ma boîte a enlevé les logiciels qui nous empêchaient d'accéder à Facebook sur nos ordinateurs, sourit Noëlle, chef de projet dans une association. Depuis, c'est vrai, j'ai pris l'habitude de regarder de temps à autre ce qu'il s'y passe pendant la journée. » Pas question pour autant de poster un statut ou de tagger une photo pendant les heures de bureau : « Ce serait comme crier « je suis en train de glander » dans l'open space ! », lâche-t-elle.
Une frontière entre personnel et professionnel très floue
Yann, lui, est plutôt accro à son portable. « Ma femme a des horaires variables. Du coup je reste toujours à l'écoute de mon téléphone pour voir si elle ne m'appelle pas pour que j'aille chercher les enfants ou faire les courses à la sortie du bureau... Et j'avoue, il m'arrive aussi de renvoyer un texto quand des amis essaient de me joindre. »
Des pratiques qui ne choquent pas Stéphane Louit : « Chacun doit savoir se mettre des limites, mais on passe tellement de temps au bureau que ça devient normal d'y regarder son compte en banque ou de consulter sa messagerie perso. D'autant qu'à l'inverse, il n'est pas rare que nos salariés soient encore sur leur boîte professionnelle à 23 heures le soir, alors qu'ils sont chez eux. La frontière entre personnel et professionnel est aujourd'hui beaucoup plus flou qu'avant. »
Moins concentré, mais réactif
Mieux : pour le chef d'entreprise, si elles nuisent à la concentration, ces pratiques ont l'énorme avantage de favoriser la réactivité. « C'est vrai, affirme Noël. Sur ma boîte mail perso, je reçois aussi des alertes d'amis qui me permettent de suivre parfois presqu'en direct les évènements importants pour mon métier. »
Les tâches urgentes avant les dossiers importants
Une réactivité qui fait aussi évoluer la façon de travailler des salariés: « Les personnes interrogées par l'enquête ont révélé faire passer les tâches urgentes avant les tâches essentielles dans leur hiérarchie de priorités », reprend Stéphane Louit. Un « travers » qu'a aussi noté Yann dans son organisation. « Du coup, je passe deux jours par semaine en télétravail. C'est le moment où je suis complètement au calme et où je peux avancer plus sereinement sur les dossiers importants. » Même observation pour le directeur de Sciforma. « Nous encourageons le télésalariat pour ceux qui le veulent. C'est sûr que le rendement et le rythme sont plus soutenus quand on est chez soi, puisqu'on est moins dérangé... ».
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