Passer du privé au public : Trois questions à Dominique Lhuillier

Yves-Marie Vilain

Auteur de l'ouvrage, Domaine privé - sphère publique, paru aux éditions Eska, Dominique Lhuillier livre son analyse sur le passage de certains cadres, du privé au public : les profils concernés par ce transfert, les avantages et inconvénients liés au contexte, mais aussi les pièges à éviter lorsque l'on passe d'un univers à l'autre. Autant de points fondamentaux que tous ceux susceptibles de changer de cap se doivent de connaître.

 

Qui sont ces managers du privé qui convoitent le secteur public, et quel est leur intérêt ?

Il n'est pas facile de mesurer quantitativement l'attractivité des cadres du privé pour le secteur public. Néanmoins, j'ai pu constater qu'un profil se dégage : il semble que cette attirance se ressente chez les salariés qui n'ont pas encore quarante ans mais ont déjà dépassé la trentaine. C'est la tranche d'âge pour laquelle cette mutation est la plus intéressante. Cette fourchette est plus disposée que d'autres à l'assimilation de nouvelles méthodes de management, prédisposition indispensable pour passer d'une sphère à une autre.

Aussi, je suis persuadé que la frontière privé / public tend à disparaître. Dans un avenir très proche, un nombre croissant de managers va être amené à osciller entre l'entreprise et la fonction publique. L'intérêt pour ces cadres est d'afficher un profil complet. En effet, ces derniers combinent à la fois des pratiques plus humaines avec un sens des réalités économiques de l'entreprise.

 

Le facteur crise pousse t-il les salariés du privé à profiter des avantages de la fonction publique ?

La perspective d'un emploi stable, d'horaires et de contraintes professionnelles favorisant une qualité de vie personnelle, est, en ces temps, très attirante. Mais je ne pense pas que ce soit l'unique motivation des cadres. Le sentiment d'agir pour l'intérêt commun en est une autre.

Un autre avantage est, selon moi, également primordial : celui de l'embauche. Les DRH du secteur public sont à la recherche d'aptitudes que l'on ne trouve pas ou peu au sein des entreprises publiques. Je pense aux profils financiers, par exemple. Les collectivités territoriales sont à la recherche de compétences informatiques, mais aussi de profils issus de l'économie, de la communication et du marketing. La sphère publique est en plein chantier. Elle demeure donc particulièrement ouverte à des recrutements externes. Il s'agit évidemment, d'un véritable avantage pour les acteurs du privé.

 

En tant que manager, à quoi doit-on faire particulièrement attention lorsque l'on met les pieds dans le public ?

Je pense qu'il faut être attentif aux objectifs pour lesquels on vous recrute. Je recommande donc à chacun de cibler les attentes et les besoins de ses collaborateurs. Que les managers se rassurent, même si une personne du privé inspire généralement une certaine crainte, cette venue est néanmoins perçue comme globalement positive dans 70% des cas par les DRH.

Les ressources humaines font généralement appel à un cadre du privé pour la mise en place de démarches qualité, ou encore pour qu'il instaure une nouvelle façon de maîtriser le coût des services publics, avec des méthodes proches de l'entreprise. Toutefois, on attend de lui qu'il adapte ses méthodes de management à son nouvel environnement. C'est la clé d'un passage réussi d'un monde à l'autre.

 

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