A la fin de ses études à L'ESIEA (Ecole supérieur d'informatique, électronique, automatique), en juin 2008, Matthieu tombe sur une offre d'emploi pour une entreprise française basée à Pékin. « Après avoir consulté les forums et demandé l'avis de mes proches, j'ai finalement renoncé à cette offre. Les expatriés m'encourageaient dans l'ensemble à partir plutôt à Shanghai. La vie y est plus chère qu'ailleurs, mais elle est aussi plus cosmopolite et les salaires y sont plus avantageux. »
Un contrat à Shanghai en deux mois
C'est décidé, Matthieu ira à Shanghai et l'objectif Chine ne le lâche plus. Après deux mois de vacances d'été transformés en période de recherches intensives, le jeune diplômé décroche enfin son premier travail à Shanghai : un contrat local pour une SSII franco-anglaise. « Mon recruteur recherchait un jeune ingénieur informaticien ayant de solides connaissances en programmation, Java, J2EE, C, C++, .NET, Php, Perl... ».
Entretien par Skype
L'entretien s'est déroulé via Skype en plusieurs étapes. Matthieu a d'abord négocié son billet d'avion, puis son salaire - à peu près 1100 euros net - et a enfin obtenu de son entreprise qu'elle lui paye son loyer. « Ces pratiques sont courantes à Shanghai. Au salaire de base se greffent pas mal d'avantages ».
Matthieu parle couramment anglais mais ne possédait, en revanche, aucune notion de mandarin avant son départ. Un hic ? Oui et non. « J'ai eu de la chance, car cela devient un critère capital pour qui veut travailler en Chine, même dans des entreprises françaises ». Les stages de Matthieu et ses différentes expériences dans les réseaux, la programmation et le hardware ont comblé les lacunes linguistiques du jeune candidat. « L'expérience en entreprise est capitale pour un recruteur, surtout lorsqu'elle est appuyée par une solide formation. On laisse moins sa chance à un autodidacte en Chine. »
17% de la promo au chômage
Toujours en contact avec ses camarades de promotion 2008, Matthieu estime que 17% d'entre eux n'ont toujours pas trouvé d'emploi. L'espace emploi international confirme que de plus en plus de jeunes diplômés en informatique se tournent vers la Chine ou d'autres pays étrangers pour assurer leur insertion professionnelle. Au pays de Lenovo par exemple, l'informatique est le troisième domaine d'activité à attirer les Français après l'hôtellerie-restauration et le textile. Bien qu'il sente souffler le vent de la crise, le secteur informatique chinois n'est pas en berne. Les entreprises de services, les sociétés d'e-commerce et de virtualisation recrutent.
Les informaticiens s'expatrient généralement pour les grandes villes (Shanghai, Canton, Pékin), où les sociétés recherchent régulièrement des jeunes diplômés, des cadres moyens ou supérieurs expérimentés, ayant une solide connaissance de l'entreprise et un savoir-faire dans le web et les grands systèmes.
Pas déçu par le « made in China »
Après un an d'expatriation, Matthieu s'estime pleinement satisfait de son choix. « Certes, je travaille 40 heures par semaine et bénéficie de seulement 23 jours de congés annuels pour un salaire à peu près inférieur à 30% de ce que je devrais gagner en France (selon le ministère du Travail, le salaire d'un jeune ingénieur français est de 24 000 euros brut par an). Mais, par ailleurs, j'ai la chance de travailler dans un pays en plein éveil économique et je sais que cette expérience sera déterminante dans ma carrière professionnelle » rapporte le jeune cadre. Sans compter qu'en Chine, la sieste au travail est légale depuis Mao ! Pratique pour récupérer des soirées karaoké.
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