Pourquoi le blues frappe quand un collègue s’en va ?

Céline Chaudeau

Un collègue annonce son départ et tout est dépeuplé. Même s'il n'était pas votre préféré, vous pouvez éprouver un manque, du regret, mais aussi de l'angoisse, voire de l'envie... Quels sont donc les mécanismes de cette tempête émotionnelle qui assaille votre cerveau ? En quoi est-ce toujours un miroir tendu à ses propres besoins ? Anatomie d'une émotion parfois désarmante et pistes de solutions pour faire de ce blues un rebond.
Pourquoi le blues frappe quand un collègue s’en va ?

Ils nous éclairent

Parce que les collègues sont des repères rassurants

Tout le monde a besoin d'un cadre un peu rassurant. Et la permanence de certaines personnes autour de soi fait partie de ce cadre. 
Jean-Yves Arrivé , auteur du guide Savoir vivre ses émotions

Pour l’auteur du guide Savoir vivre ses émotions, « On peut ressentir une forme de désarroi y compris quand des gens avec qui on ne s’entendait pas spécialement s’en vont. Car l’un des rôles d’un collègue est aussi qu’il fournit des repères à un salarié. » Aux sources de ce constat, le consultant voit d’abord une inquiétude légitime. « L’individu en général, et le salarié en particulier, sont très sensibles aux changements. Et, surtout, sans se l’avouer forcément, ils en ont souvent peur. »

Parce qu'un départ fait naître une angoisse de l'inconnu

Selon l'auteur, il faut réussir à percevoir et accepter l’émotion qui se manifeste. « En général, elle renvoie à un certain stress et à une angoisse de l’inconnu. » Ne dit-on pas souvent que l’on sait ce qu’on perd et pas ce que l’on gagne ? « L’une des préoccupations sera de savoir si l’on va s’entendre avec celui ou celle qui va arriver, ajoute Jean-Yves Arrivé. Avec, également, la fatigue de devoir à nouveau faire connaissance ou s’attacher à un nouveau collègue qui finira sans doute par partir à son tour.

Parce qu'un départ déclenche une peur de l'attachement

Avoir "la flemme" de souffrir de nouveau est un classique de la relation amoureuse qui déteint sur les relations au travail. « A quoi bon s'attacher puisqu'il va partir aussi. » Que faire face à ces émotions irrationnelles ? Reprendre le contrôle en tentant de positiver.

« Quelle que soit la qualité du collègue démissionnaire, il faut faire crédit à son remplaçant, conseille Jean-Yves Arrivé. Et se dire que cette personne sera formidable, qu'elle va nous apporter de nouvelles choses, voire de nouvelles compétences. » Sans nier ce qui se passe, ni une certaine mélancolie, on peut donc essayer de voir le verre à moitié plein…

Parce qu'un départ peut être vécu comme une perte

« Évidemment, tout dépend du contexte du départ, reconnaît Helen Monnet, auteure du livre Petits exercices de lâcher-prise. Si l'on était ami avec le collègue qui part,  le malaise ressenti s’apparente à une forme de deuil ». Pour cette formatrice et coach en développement personnel. , l’un des moyens de se décharger de cette émotion est tout simplement de l’exprimer. « Ce n’est pas forcément évident mais il peut être très libératoire d'aller voir le salarié en question et de lui dire son ressenti. » Pas besoin de trémolos mais d’une parole sincère. « On peut juste essayer de lui dire de la façon la plus authentique possible que l’on ressent un peu de peine suite à ce départ, que l’on a bien travaillé ensemble et que ce ne sera plus comme avant sans lui ou elle. Il faut juste éviter l’aigreur ou le dénigrement de la décision qui a été prise. »

Les plus pudiques - ou les retardataires qui réagiraient après le pot de départ - peuvent aussi choisir l’option du mail. « On peut aussi simplement lui envoyer un mot de quelques lignes pour valider en quelque sorte la belle parenthèse passée ensemble car il n'est pas toujours facile d'exprimer ou de recevoir les émotions des autres en entreprise. »

Parce qu'un départ peut révéler une envie enfouie

Mais certaines émotions sont plus déroutantes que d’autres. Pourquoi ce sentiment de blues quand c’est un n+1 que l’on déteste, voire un collègue lambda avec qui on n’avait pas accroché particulièrement ? « Il faut accueillir ce que l’on ressent et ensuite aller voir ce qu’il y a derrière, recommande Catherine Oberlé, coach en développement personnel. Autrement dit, se demander pourquoi la banale nouvelle d’un départ nous touche autant. Ce n'est jamais anodin. On peut ressentir de l’envie pour le collègue qui part. Et ce sentiment peut être le moteur d’une remise en cause intéressante… »

Pour Helen Monnet, on n’est pas à l’abri d’une bonne surprise au milieu de cette mélancolie. « Si l’on a envie d’aller un peu plus loin, on peut envisager un bilan de compétences ou un point avec un coach. Peut-être est-ce le moment de bouger pour vous aussi. Après tout, c’est aussi un beau miroir sur votre propre situation qu’un collègue vous tend, souvent sans le savoir… »

Votre témoignage nous intéresse

Et vous ? Avez-vous une expérience de départ d'un collègue à partager ? Le forum ci-dessous vous est ouvert.

  • Collègue ou collaborateur apprécié ou pas ?
  • Quelles émotions avez-vous ressenti ?
  • Comment avez-vous fait face ?

NB : vous avez la possibilité de rester anonyme (sous pseudo). Vos partages aideront la communauté à se préparer à ce classique de la vie professionnelle. Merci à tous.

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

Vous aimerez aussi :