Reconversion professionnelle : les étapes pour ne pas se tromper

La crise du Coronavirus a accéléré les envies de reconversion des cadres. Si la reconversion professionnelle est maintenant monnaie courante dans une carrière, elle n’en reste pas moins une expérience compliquée. Pour que votre envie devienne réalité, Cadremploi vous guide dans les étapes à suivre pour réussir votre reconversion professionnelle.

60 % des salariés ont déjà connu un changement de métier ou de secteur d’activité, selon un sondage réalisé par Opinion Way en 2014 pour l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes). La reconversion est donc une phase naturelle dans un parcours professionnel. Et ça prend du temps. Comptez entre 6 et 36 mois, pour changer de métier, selon Laurence Salvador coach professionnelle et personnelle chez Horizon Alpa. Sans oublier que la reconversion a un coût. Alors si vous voulez vraiment explorer l’idée d’une reconversion professionnelle, voici les étapes à suivre.

Se poser les bonnes questions : la reconversion professionnelle est-elle la bonne solution pour moi ?

Il existe des bonnes et des mauvaises raisons à la reconversion. Par exemple : êtes-vous sûr de vouloir changer de métier ou est-ce juste l’entreprise qui ne vous convient plus ? Pour savoir d’où vient le problème, Catherine Fouilland, coach professionnelle chez Akadi conseille de se recentrer sur soi-même.

Avec la méthode des huit quartiers de la vie, elle demande de noter sur 10 :

  • votre carrière professionnelle
  • votre vie de famille
  • votre vie amoureuse
  • votre santé
  • vos loisirs
  • vos finances
  • votre développement personnel
  • votre environnement physique

En faisant ce test, une institutrice s’est rendu compte que ce n’était pas d’une reconversion dont elle avait besoin. « L’origine de son mal-être venait de son caractère et non pas de son travail qu’elle adorait. Trop perfectionniste, elle était devenue désagréable et avait perdu toute confiance en elle. Elle avait besoin de travailler sur elle-même et de changer sa méthode de travail », illustre la coach.

En revanche dans certains cas, la reconversion se révèle être nécessaire. Le cas de Xavier, 36 ans, ancien responsable d’une équipe de support de production dans une grande entreprise de gestion pour la distribution et la vente de service de voyage. La surcharge de travail et le manque de reconnaissance l’ont conduit à  un burn-out qui a duré 8 mois. « Je songeais déjà à la reconversion, le burn-out a fini de me convaincre », raconte-t-il. Il s’est tourné vers ce qu’il aimait vraiment faire : la mécanique moto.

Quelle forme d’accompagnement choisir ?

Pour vous aider à faire le bon choix, un coach peut vous accompagner dans vos réflexions et vos démarches, comme vu plus haut. Mais il existe aussi d’autres formes d’accompagnement.

Le bilan de compétences vous aide aussi à faire le bon diagnostic. Ce test permet de définir toutes vos compétences métiers et votre savoir être. « On pense les connaître mais on en oublie souvent la moitié », commente Laurence Salvador, coach personnelle et professionnelle. Ce test vous aide à mieux vous connaître. « Je considère le bilan de compétences comme une opération de "défloutage" », témoigne Marina Bourgeois ancienne chasseuse de têtes et maintenant conseillère en reconversion professionnelle. Elle explique : « En partant du passé (rythme de travail, valeurs, intérêts professionnels…), on se construit un avenir. Les consultants sont des extracteurs de vie », explique-t-elle. Concernant le déroulement du bilan, vous passez 24 heures maximum avec un expert entre tests et entretiens, pour un coût avoisinant les 1 000 et 3 000 euros.

Heureusement, ce bilan est souvent financé par un organisme (Combien coûte un bilan de compétences ?). Xavier l’a fait gratuitement auprès du Fongecif, un organisme paritaire agréé au titre du congé individuel de formation (Opacif). Vous pouvez aussi être financé par l’entreprise, ou vous pouvez le prendre en charge via votre compte personnel de formation (CPF).

Autre option, se tourner vers un conseiller en évolution professionnelle (CEP). Gratuit, ce service est proposé par l’Apec. Il est très similaire au bilan de compétences. Il se conclut par un récapitulatif du projet envisagé et un accompagnement dans sa mise en route : recherche de formations, financements, interlocuteurs…

Pôle emploi propose également des formations d’orientation et de réinsertion professionnelle. Marc Auzanneau en a bénéficié. Informaticien et directeur de projet à la Société Générale, il a décidé de se reconvertir dans la formation et l’insertion professionnelle. « Je me sentais trop seul dans mon travail, j’avais besoin d’aider les autres », raconte-t-il. Pendant cette formation, les outils informatiques comme le test Riasec et les conseillers l’ont aidé à identifier ses centres d’intérêt, et ses objectifs professionnels.

Comment déterminer son projet de reconversion professionnelle ?

Ces différents tests et entretiens vous font réfléchir sur votre futur métier. Selon vos compétences et votre personnalité professionnelle, les outils informatiques font le lien logique entre votre profil et des métiers. Xavier n’a pas été étonné des résultats. Il pensait déjà à se reconvertir dans la mécanique moto avant même de passer le bilan de compétences. « Suite au test je me suis rendu compte que c’était dans mes cordes », commente-t-il.

D’autres découvrent surpris le métier qu’ils leur correspondent. « Un commercial voulait changer de métier et monter son entreprise. Suite aux tests, il a découvert qu’il avait toutes les compétences pour devenir directeur commercial. Il ne pensait pas en être capable et n’y avait même pas songé », raconte la coach d’Akadi.

Une fois le métier défini, il faut anticiper les besoins sur le marché de l’emploi, selon Jean-Christophe Hériche auteur du livre Décrochez votre nouveau job. Plus vous serez au courant des postes à pourvoir et recherchés sur le marché, moins vous aurez de difficultés à trouver un emploi. « Si vous vous tournez vers les métiers de l’informatique, vous savez que vous n’aurez pas de mal à décrocher un poste. En revanche, pour un poste dans l’événementiel, ce sera beaucoup plus compliqué », illustre Catherine Fouilland.  

Vous pouvez ensuite rencontrer des professionnels pour en savoir plus sur le métier et développer votre réseau. « Les conditions d’accès à la profession, les méthodes de recrutement, sont des éléments que vous devez obtenir pendant votre enquête métier », explique Marc Auzanneau. Plus tôt vous commencez à réseauter mieux c’est. Xavier n’est pas encore à l’étape de la formation, qu’il a déjà des pistes sur les garages qui pourraient l’embaucher. Pour aller plus loin, des tests d’immersion dans les entreprises sont également envisageables. Via Pôle emploi vous pouvez exercer pendant un certain temps, un métier au sein d’une entreprise, sans être rémunéré. Marc Auzanneau, en a bénéficié.

Afin de devenir conseiller en insertion professionnelle, il a fait un stage de trois semaines dans un chantier d’insertion pour accompagner un jeune en rupture scolaire.

La case formation est-elle obligatoire ?

Est-on obligé de faire une formation dans le cadre d'une reconversion ? Suite aux tests effectués avec un coach ou au bilan de compétences, vous n’êtes pas toujours obligé de faire une formation. « Un commercial qui fait déjà un peu de management, pourra prétendre à devenir chef de projet. De même pour un développeur en informatique qui a l’habitude de manager son équipe, il peut se reconvertir facilement vers un poste de gestionnaire de plateforme client », détaille la coach d’Horizon Alpa. Et pour faire reconnaître cette reconversion, vous pouvez par la suite faire une validation des acquis de l’expérience (VAE).

En revanche si vous êtes comptable et souhaitez devenir masseur, il est recommandé de faire une formation. « Il faut qu’elle soit certifiée et reconnue sur le marché de l’emploi pour avoir une réelle valeur ajoutée », explique Catherine Fouilland.

Ces formations, on les trouve dans les universités, les grandes écoles mais aussi dans les grands groupes. Par exemple, dans le secteur bancaire, les banques comme le Crédit agricole, possèdent leur propre université d’entreprise et proposent à leurs employés des formations pour évoluer dans le groupe. « Une personne travaillant au guichet peut faire une formation entre 6 mois et 1 an pour se spécialiser dans le fraude », illustre la coach chez Akadi. Pour cela, il existe un dispositif pour vous aider à définir votre projet professionnel et à le mettre en œuvre : le Conseil en Évolution Professionnelle (CEP).

Combien ma reconversion professionnelle va-t-elle me coûter ?

Une formation peut être financée via le CPF, si elle est courte, ou via le CIF (congé individuel de formation) si elle est longue, deux ans maximum. Pôle emploi peut aussi participer au financement. Tout dépend du prix de la formation, mais aussi des débouchés de cette formation.

Par exemple, Xavier est obligé de fiancer en intégralité sa formation courte d’un montant de 6 000 euros pour devenir mécanicien moto. Trop cher pour Pôle emploi, il s’est renseigné auprès de la région Paca, où il réside. Mais elle n’a pas pu financer sa formation, celle-ci ayant lieu en Île-de-France. Et le futur mécanicien ne remplit pas les critères pour bénéficier du financement du Fongecif. Heureusement, il peut compter sur ses indemnités supra-légales, qu’il a su bien négocier lors de sa rupture conventionnelle. À l’inverse Marc Auzanneau n’a rien eu à payer. Pour une formation de 9 mois, son CPF, Pôle emploi, la région Pays-de-la-Loire et l’organisme Agefiph ont tout financé.

Au-delà de la formation, l’accompagnement d’un coach professionnel et personnel a aussi un coût. Selon Laurence Salavador, comptez entre 90 et 200 euros la séance d’une heure, ou d’une heure et demi. Sachant qu’il faut en moyenne faire entre 8 et 14 séances. Et le coaching ne peut pas être financé par un organisme ou par le CPF.

Prendre conscience du poids de la reconversion sur sa vie personnelle

Ne négligez pas l’environnement social. Si vous avez une famille, réfléchissez à deux fois avant de vous engager dans une formation longue à l’autre bout de la France. La coach prévient : « quand on touche à la profession, la vie personnelle est obligatoirement impactée ».

Par exemple, le futur mécanicien part 3 mois à Paris et laisse sa famille en région Paca. « Nous avons estimé qu’une formation courte était plus avantageuse financièrement pour nous. Trois mois de formation sans rémunération c’est mieux que deux ans de formation sans salaire », explique Xavier. Il ne travaille plus depuis le 1ᵉʳ janvier 2018. Et avec deux enfants à charge, sa femme a dû reprendre un temps plein. Mais ils arrivent à s’en sortir financièrement. « Quand on a 12 ans d’ancienneté dans la même entreprise, on peut prétendre à un chômage raisonnable », précise Xavier. Mais ce n’est pas aussi simple pour tout le monde. Une ancienne salariée travaillant dans les assurances a fait un crédit de 8 000 euros pour payer sa formation. Sachant que son mari est restaurateur et qu’ils venaient d’avoir un bébé.

Savoir vendre sa reconversion aux recruteurs

Une fois la formation finie, et le projet professionnel abouti, il est temps de trouver un job. Continuez de vous rendre visible sur le marché de l’emploi. Rencontrez des professionnels que vous pouvez contacter via les réseaux sociaux. Parlez leur de votre projet de reconversion et de vos motivations. Soyez stratégique. Essayez d’avoir un maximum d’information sur la société et le poste visé, pour le cas échéant décrocher un entretien. Votre réseau c’est aussi vos partenaires de formation qui peuvent vous transmettre des contacts. Marc Auzanneau a trouvé son premier poste d’accompagnateur sociaux professionnels dans une association grâce à un de ses collègues en formation avec lui.

Comment rédiger son CV suite à une reconversion professionnelle ?

Pour rédiger un CV pour une reconversion professionnelle, il doit correspondre à votre nouveau projet professionnel. Pas simple quand on a aucune expérience dans le domaine, et quand on sait que les recruteurs préfèrent les candidats expérimentés.

Pour réussir à faire un bon CV, faites la liste de toutes vos missions professionnelles précédentes et repérez celles qui sont liées à votre nouveau métier.

« La rubrique compétences transversales est un moyen de faire le lien entre d’autres compétences et votre nouveau projet, conseille Jean-Christophe Hériche. Par exemple, si vous voulez travailler dans l’économie sociale et solidaire, faites une rubrique engagement. » Sachez adapter. Marc Auzanneau, anciennement informaticien et maintenant conseiller et formateur en insertion professionnelle, a justement mis en avant ses aptitudes à former les gens et à gérer des projets, acquises dans son précédent métier. Il a aussi détaillé ses 30 ans de bénévolat. En revanche il a rayé du CV tous les aspects techniques de son ancien métier comme le langage des programmes. Et pour se démarquer, il a fait un CV graphique avec des nuages de mots, qui mettent en valeur ses qualités personnelles.

Pour finir, Jean-Christophe Hériche conseille de donner un titre à son CV qui tease sa reconversion : « par exemple : après 15 ans de communication j’ai décidé de m’orienter vers l’économie sociale et solidaire ».

Comment rédiger une lettre de motivation suite à une reconversion professionnelle ?

La lettre de motivation dans le cadre d’une reconversion professionnelle est faite dans la même dynamique que le CV.

L’auteur du livre Décrochez un nouveau job conseille pour se démarquer, d’identifier les besoins du recruteur et d’apporter une solution concrète à la fin de sa lettre, comme proposer un outil ou une action. « Par exemple, pour le poste de community manager, vous avez remarqué que Snapchat n’était pas utilisé par l’entreprise et vous proposez de vous occuper de son exploitation », illustre Jean-Christophe Hériche.

Comment réussir son entretien ?

Puis vient l’entretien suite à une reconversion professionnelle. Il est le prolongement du CV et de la lettre de motivation. Ayez toujours en tête votre projet professionnel.

L’objectif étant de convaincre et rassurer le recruteur que votre parcours vous a conduit à faire ce métier, sans oublier la solution au problème évoqué dans la lettre de motivation. En résumé, « face au recruteur, décollez votre étiquette de reconverti », lance l’auteur.  

Et si votre réorientation professionnelle ne marche pas…

Malheureusement, la reconversion professionnelle peut aussi ne pas aboutir. Et il faut s’y préparer. Laurence Salvador conseille de toujours avoir une solution alternative : « préparez-vous à faire le même métier qu’avant, si votre reconversion ne marche pas, en attendant de trouver mieux. Mais arrangez-vous pour que ce nouveau poste corresponde davantage à vos attentes en termes de temps et de mode de travail ». D’autres option sont possibles. Dans son plan B, Marc Auzanneau n’avait pas prévu de retourner dans l’informatique. Il comptait monter sa propre entreprise pour accompagner les démarches administratives des personnes qui ne savent pas utiliser un ordinateur.

Dans tous les cas, si votre reconversion n’aboutit pas, ne le prenez pas comme un échec, votre travail personnel fait en amont vous aidera toujours dans vos futurs projets. Nouvelle Vie Professionnelle peut vous aider dans votre reconversion professionnelle.