
Ce n’est pas un mythe : les entreprises préfèrent embaucher des candidats en poste. Et le constat n'a finalement rien d’étonnant si l’on tient compte du faible taux de chômage chez les cadres (3,5%) et d’un marché tendu, sur lequel 251 000 recrutements sont prévus en 2018.
Pourquoi les candidats en poste sont-ils avantagés ?
Rassuré : tel est le ressenti d’un recruteur face à un candidat en poste. Ainsi, entre deux candidats à compétences égales, l’un en poste, l’autre au chômage, le choix se portera naturellement vers le premier.
Pour Annabel Bourdellès, responsable RH, « un candidat en poste est généralement plus à l’aise, et donc meilleur au moment de l’entretien de recrutement. Les managers l’estiment souvent plus adapté au monde de l’entreprise, capable de s’impliquer et doté des bonnes compétences pour la fonction. »
A contrario, une personne au chômage fera toujours l’objet d’un questionnement : a-t-elle été en conflit avec son entreprise ? A-t-elle su faire évoluer ses compétences en fonction des besoins ? A-t-elle su maintenir ses connaissances à niveau durant sa période d’inactivité ? Est-elle capable de s’intégrer dans une équipe ?
Pour Cédric Mureau, responsable recrutement du cabinet Ay Consultants, « au-delà de 6 mois, l’inactivité peut paraître suspecte. En tant que recruteur, je suis obligé de creuser et d’évaluer si cette période de chômage peut se justifier auprès de l’entreprise. On constate aussi qu’avec le temps, le candidat perd confiance, ce qui le dessert souvent pendant l’entretien. »
Ainsi, l’a-priori négatif des recruteurs sur les candidats au chômage est parfois conforté par un discours et un comportement qui ne rassurent pas… et réduisent les chances de recrutement face à un candidat en poste.
Plus simple pour un recruteur, le choix d’un candidat en poste est aussi moins risqué. Pour Claire Montret, consultante RH et directrice du cabinet e-novens, « plus le candidat est éloigné du poste — que ce soit en temps ou en expérience —, plus le recruteur valide un potentiel et prend un risque. »
Pour Samuel Masson, directeur du cabinet de recrutement IT Omniciel, « il est difficile pour les entreprises de faire des paris sur une compétence non utilisée et une absence d’expérience. Toutefois, les entreprises évoluent vers une approche anglo-saxonne qui consiste à recruter davantage en fonction d’une aptitude. »
Candidat au chômage : mettez vos atouts en avant
Pas de panique. Certaines entreprises qui n’anticipent pas les recrutements peuvent avoir des besoins sur le court terme. Dans ce cas, le candidat immédiatement disponible sera privilégié par rapport à celui qui doit respecter un délai de préavis.
La phase de recrutement peut être longue si le candidat débauché obtient une contre-proposition de son employeur. Et pour l’entreprise qui recrute, il existe toujours un risque de désistement du candidat. Avec un candidat en poste, l’entreprise dispose donc de moins marge de manoeuvre ; ce qui peut l’amener à privilégier un candidat au chômage.
Vous n’êtes pas en poste ? La stratégie à adopter :
Mettez toutes les chances de votre côté en préparant vos arguments : « la bonne pratique consiste à se mettre à la place du recruteur », explique Samuel Masson, directeur du cabinet Omniciel. Adoptez donc son point de vue et listez toutes les réticences qu’il pourrait émettre concernant votre candidature. Votre objectif : construire un discours cohérent et rassurant qui valorisera votre personnalité, et placera votre inactivité au second plan.
Pour Cédric Mureau, du cabinet Ay Consultants, « Tout dépend du discours du candidat pour justifier son inactivité. S’il est argumenté, une période de chômage de plus de 6 mois peut ne pas être pénalisante. L’essentiel étant de jouer la transparence. »
Votre motivation et votre disponibilité immédiate pourront vraiment faire la différence. « La question du projet professionnel est centrale : la motivation et l’implication du candidat pour le poste en découlent », ajoute Samuel Masson.
Si vous ressentez un fort besoin de réassurance côté recruteur, pensez à proposer une semaine de découverte et d’essai avec le programme d’immersion professionnelle du Pôle Emploi : c’est un bon moyen pour que l’entreprise vous teste, sans engagement de sa part.
Claire Montret, du cabinet RH e-novens, conseille également aux candidats de donner spontanément leurs références professionnelles, et de valoriser leur période d’inactivité en évoquant les formations suivies, les projets réalisés, les actions de bénévolat…

Spécialisée dans la conception et la création de contenu (écrit et audio), je suis journaliste, consultante et intervenante en enseignement supérieur. Depuis 2018, je travaille pour Cadremploi en tant que rédactrice indépendante. Mes sujets de prédilection : l’innovation managériale, les méthodologies de travail, les soft skills, et les aspirations des cadres.