Réfléchir au financement de l'entreprise

Xavier Barreau

Vous venez de finaliser l'étude de marché. Et votre projet d'entreprise semble solide. Vous pouvez passer à une autre phase, où les finances entrent en jeu. Le moment est en effet venu d'établir un prévisionnel, puis de chercher les financements nécessaires à la réalisation de votre projet. Là encore, une expérience préalable dans le secteur d'activité est un atout non négligeable pour aller vite.

Expert consultant / formateur en création d'entreprise sur Wengo

 

La traduction financière de l'étude de marché

Les éléments obtenus lors des différentes étapes précédentes (et en particulier de l'étude de marché) doivent être traduits en chiffres. Ils vous aideront à bâtir un prévisionnel solide.

 

Pour les commerçants (en boutique). Votre prévisionnel va être réalisé en fonction de plusieurs éléments :
- Le nombre d'habitants
- Les caractéristiques de ces habitants (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle)
- Le nombre de commerces concurrents
- La quantification de la fréquentation potentielle : nombre de piétons et de véhicules passant devant la future boutique.

Ces données sont essentielles. Exemple : si vous désirez vous installer comme toiletteur canin, vous devez estimer au plus juste le nombre de chiens et de chats de votre zone géographique. Vous pouvez vous appuyer sur des documents statistiques (voir le livre de la Francoscopie).

Ces données chiffrées vous donneront le nombre de clients potentiels présents sur votre zone, soit votre marché. De là découle vos objectifs de chiffre d'affaires. Pour calculer les recettes journalières à réaliser, n'oubliez pas de prendre en compte : l'estimation de votre part de marché estimée et le nombre de jours d'ouverture de la boutique. Vérifiez surtout la pertinence de ces hypothèses.

 

Pour les prestataires de services. Il est primordial d'ancrer votre prévisionnel sur des faits réels. Commencez donc par :
- Identifier les cibles des clients en fonction de votre prestation
- Prendre rendez-vous avec eux pour proposer vos services.
- Aller jusqu'à l'obtention de devis signés (avec toutes les réserves nécessaires).

Ces différentes étapes vous permettront d'obtenir un chiffre d'affaires prévisionnel concret pour les premiers mois. Pour calculer ce prévisionnel, prenez bien en compte les périodes creuses (activité saisonnière, congés, délais entre deux prestations...). Parfaitement établi, un prévisionnel de qualité est un atout majeur face à un banquier !
Ces démarches concrètes permettent «également de prouver, à vos partenaires, votre motivation, votre capacité à fédérer un réseau et à chiffrer des objectifs. C'est aussi plus sécurisant pour vous.


Les données intégrées au plan prévisionnel de l'activité

Une fois l'étude de marché traduite en prévision de chiffre d'affaires, vous devez désormais passer à l'étape supérieure : le prévisionnel complet comprenant le plan de financement, le compte de résultat et le plan de trésorerie. Aucune banque ne vous accordera des liquidités sans avoir consulté votre prévisionnel. Il est donc important de se faire aider par un professionnel pour mener à bien cette étape.

Le plan de financement. C'est le tableau de départ de l'entreprise. Il recense tout d'abord les besoins, les investissements de départ : coûts de la création, formalités administratives, publicité de départ, matériel, véhicules, équipements informatiques, stock de départ, trésorerie de départ... Ensuite, il met en évidence les financements de ces besoins (apports des dirigeants ou des associés, subventions, crédits...). Le plan de financement reflète le patrimoine de départ de l'entreprise et les moyens de son acquisition.

Le compte de résultat. C'est le scénario de fonctionnement envisagé. Il présente d'un côté le chiffre d'affaires prévisionnel et de l'autre, tout ce dont l'entreprise a besoin pour fonctionner au jour le jour : les charges (EDF, téléphone, loyer, matières premières, assurances, charges sociales...). En soustrayant les charges au chiffre d'affaires prévisionnel, on obtient le résultat prévisionnel (bénéfice ou déficit).

Le plan de trésorerie C'est un document qui rassemble le plan de financement et le compte de résultat. Il représente les flux TTC d'encaissements et de décaissements. Au final, il permet d'estimer si l'entreprise a besoin d'avoir recours au découvert ou pas. Si c'est le cas, et que le souci est ponctuel, négociez dès le départ et demandez que l'autorisation de découvert soit stipulé par écrit.

Le besoin en fonds de roulement. On l'appelle aussi la trésorerie de départ. C'est une somme présente, au départ, sur le compte courant de l'entreprise et qui va permettre de lancer l'activité. Techniquement, le fonds de roulement se calcule à partir des stocks, des dettes fournisseurs et des créances clients. Même si vous ne possédez pas de stock, ni de décalage de paiement avec vos fournisseurs et clients, il faut compter environ deux à trois mois de charges d'avance (en attendant que vos recettes d'activité soient supérieures à vos charges). C'est une notion fondamentale. Pour limiter vos besoins de trésorerie, négociez pour payer vos fournisseurs le plus tard possible et faites-vous payer par vos clients le plus tôt possible.


Les aides financières existantes

Vous venez d'identifier clairement vos besoins pour le lancement de votre activité. Reste à trouver les financements. Il existe différentes solutions en plus de vos fonds propres et du prêt bancaire classique.

Le prêt à taux 0. Ce prêt d'honneur, délivré par des plateformes d'initiatives locales notamment, est souvent à hauteur de votre apport personnel. C'est une approche plus souple que les banques mais votre capacité à rembourser et la solidité du projet sont étudiées de très près.

Le Prêt à la création d'entreprise (PCE). Il est délivré par OSEO, organisme de soutien aux PME, mais passe par les réseaux bancaires. Le PCE a été conçu pour financer prioritairement la trésorerie de départ et le stock (difficilement financés par les banques). Ce prêt est compris entre 2000 et 7000 euros et vient en complément d'un prêt bancaire classique.

L'Adie. Cette Association pour le droit à l'initiative économique finance et accompagne les personnes qui n'ont pas accès au crédit bancaire classique et qui portent un micro projet.

Le prêt Nacre. Réservé aux demandeurs d'emploi et aux moins de 26 ans essentiellement, le Nacre (ou Nouvel accompagnement à la création et la reprise d'Entreprise) permet d'obtenir un prêt à taux 0 d'un montant compris entre 1000 à 10 000 euros. Mais il doit impérativement venir compléter un prêt bancaire classique.

Les aides régionales. Il existe des aides spécifiques sur le plan régional. Par exemple en Poitou-Charentes, la subvention "Désir d'entreprendre". Rapprochez-vous des acteurs locaux pour obtenir des informations.

Pour connaître les aides auxquelles vous avez droit, renseignez-vous auprès des réseaux consulaires (Chambres de commerce et de métier), du réseau des boutiques de gestion ou auprès des plateformes d'initiatives locales.

Les demandes de crédits bancaires

Quelques clés pour obtenir un prêt :
Parler de soi. La qualité du projet de création d'entreprise reste, bien entendu, primordial pour votre banquier. Il ne faut cependant pas oublier la dimension humaine de votre démarche. Commencez par vous présenter en tant que personne avant d'élargir la discussion à votre projet et à votre patrimoine (n'oubliez pas les documents nécessaires : plan de financement, compte de résultat, plan de trésorerie).
Préparer l'entretien. Pendant l'entretien avec votre banquier, ce dernier doit sentir votre motivation et le travail effectué en amont. Préparez donc un discours bien construit autour des éléments clés de votre étude de marché et des chiffres. "Voilà comment je peux expliquer mon chiffre d'affaires... "
Rassurer le banquier. N'hésitez pas à lui dire, si c'est le cas, que vous avez déjà des contacts, des devis, des clients prospects. Ne lui mentez surtout pas ! Cela se retournerait contre vous à un moment ou un autre.
Penser à la marge de sécurité. Sur votre plan prévisionnel, il est idéal de prévoir une marge (après avoir payé les charges et votre rémunération) : la Capacité d'autofinancement (CAF). Elle vous permettra de rembourser votre emprunt sans souci. L'idéal : avoir au moins une CAF du double du capital annuel de l'emprunt à rembourser.
Faire un apport. En plus de votre motivation, de votre expérience, essayez de faire un apport de 30% des besoins de votre projet. Vous marquerez forcément des points auprès de votre banquier.

Le chiffre d'affaires : explications

Une notion essentielle de l'entreprise ! Le chiffre d'affaires, communément appelé CA, représente le montant des affaires réalisées par l'entreprise (hors taxes). Il prend donc en compte les ventes de biens, de marchandises ou de services. Il faut soustraire à ce chiffre les rabais, ristournes et autres avoirs. Ce chiffre n'englobe pas le montant des impôts et autres charges.

Un bon chiffre d'affaires ne veut donc pas forcément dire entreprise rentable. C'est un indicateur d'activité et non une preuve de rentabilité. Pour connaître la santé réelle d'une entreprise, mieux vaut se plonger dans son compte de résultat.

 

 

Xavier Barreau
Xavier Barreau

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