Télétravail : quel effet pour sa carrière ?

Sylvie Laidet-Ratier

« Loin des yeux, loin du cœur », dit le proverbe. Alors les télétravailleurs sont-ils les oubliés des promotions et autres augmentations de salaire ? Bonne nouvelle : pas forcément. A condition de respecter certaines règles.

« Le télétravail répond à l'évolution des modes de travail et des mentalités. Donc cela ne peut pas être mauvais dans un déroulement de carrière » attaque d'emblée Serge Assayag, associé et spécialiste RH et management du cabinet de conseil Weave.

Pourtant, en travaillant loin des centres de décisions de l'entreprise, il y a bien un risque de passer à côté des plans de promotion. Pour prévenir les risques potentiels de discrimination, certaines entreprises vont même jusqu'à prendre les devants dans leur accord sur le télétravail. Dans son entente signée en mai dernier, Michelin précise que pour les télétravailleurs, « l'évaluation et la gestion de carrières se feront par les mêmes processus que ceux pratiqués pour les autres salariés ». « Tout est une question de confiance entre le manager et le collaborateur en télétravail », abonde Hélène Martin, chargée de la diversité pour le groupe de pneumatiques.

Donc, règle N°1, pour limiter le risque de discrimination, obtenir le consentement éclairé de son manager. Sinon, les rapports risquent de tourner au flicage. Une fois, cette « bénédiction » actée, le télétravailleur doit tout de même s'astreindre à certaines règles afin de ne pas devenir transparent.

Chez soi

D'abord ne pas s'isoler. Il est préférable de répartir équitablement ses jours de télétravail sur la semaine, plutôt que de les regrouper. Vos « absences » seront moins flagrantes. Ne coupez pas votre téléphone portable durant la journée. Au pire, mettez le vibreur et filtrer les appels.

Ensuite, être bien équipé pour retrouver le même environnement de travail qu'au bureau. Faite en sorte de pouvoir accéder aux mêmes réseaux informatiques et aux mêmes outils de travail (logiciels, ERP...). Pas question d'attendre votre come-back dans l'entreprise pour effectuer certaines tâches sous prétexte que vous étiez mal équipé. On pourrait vous le reprocher. Rappelons qu'en télétravail, vous devez effectuer le même boulot (en quantité et qualité) depuis chez vous. Ni plus, ni moins.

Passez en mode 2.0. Faîtes marcher Web-moquette, à défaut de pouvoir profiter de radio moquette. « Grâce au développement du Web 2.0 dans les entreprises donc avec les messagerie instantanées, les chats communautaires, les forums... le télétravailleur peut capter les informations grises en général échangées lors des pauses cafés. Là, l'échange est virtuel » observe Serge Assayag du cabinet Weave.

Au bureau

Faire parler de soi ou plutôt de son travail. Quand le télétravailleur est en entreprise, il doit rendre visible ses actions et ses résultats. Par exemple en se portant candidat pour des présentations devant l'équipe, pour l'animation de conférences internes ou externes...

Miser sur la transversalité : « le risque pour un télétravailleur est de se laisser cloisonner dans un activité particulière. Pour y remédier, il doit demander à faire partie de groupe de travail transverse voire intégrer une équipe projet » insiste Serge Assayag du cabinet Weave.

Ne surtout pas hésiter à poser des questions. « A chaque retour au bureau, je profite de la pause déjeuner pour interroger mes collègues sur ce qui s'est passé en interne durant mes jours de télétravail », illustre Julia Mason, chef de produit réseaux mobiles chez Alcatel Lucent, et qui télétravaille deux jours par semaine . Ses questions portent aussi bien sur le business que les infos moins officielles.

Autres articles du dossier :

Télétravail : quel effet pour sa carrière ?

« Avec deux jours de télétravail par semaine, on est plus productif »

Ces grandes entreprises qui encouragent le télétravail

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

Vous aimerez aussi :