
L’intelligence émotionnelle théorisée et décryptée
L’émergence de l’IE avec le concept de Salovey-Mayer
C’est en 1990 que le concept d’intelligence émotionnelle (IE) émerge au travers des travaux de Peter Salovey et John Mayer. Ces psychologues établissent un lien entre deux notions jusque-là jugées opposées : l’intelligence, qui relève des capacités cognitives, et les émotions. Ils complètent leur modèle en 1997 pour développer une approche selon 4 axes :
- la perception émotionnelle, qui relève de la capacité à identifier ses propres émotions et à les communiquer aux autres
- l’assimilation émotionnelle, qui décrit l’impact de l’intégration de ces émotions dans le processus de pensée
- la compréhension émotionnelle, qui évoque la capacité à comprendre des émotions complexes
- la gestion des émotions, qui repose sur l’aptitude à intégrer ou abandonner certaines émotions selon leur utilité.
Selon eux, l’ensemble de ces aptitudes liées à la gestion des émotions contribue à l’épanouissement personnel de l’individu.
L’intelligence émotionnelle selon Goleman
L’intelligence émotionnelle a également été théorisée par Goleman en 1995, et adaptée au contexte de la vie au travail en 1998. L’approche de Goleman s’articule autour de 5 axes et 25 compétences.
Le 1er axe est orienté autour de la conscience de soi et de la capacité à comprendre ses émotions. Ces aptitudes reposent notamment sur l’auto-assurance et l’auto-évaluation réaliste.
Le 2e axe concerne la maîtrise de soi : la fiabilité, l’intégrité et l’ouverture aux changements étant clés pour une bonne maîtrise de ses émotions.
Le 3e axe repose sur la motivation interne, conditionnée notamment par la recherche d’évolution, l’envie d’accomplissement et l’optimisme face aux échecs.
Le 4e axe est celui de l’empathie, une aptitude que l’on développe au travers de sa sensibilité interculturelle, de l’envie de rendre service et de l’exploitation de la diversité.
Enfin, le 5e axe est relatif aux aptitudes sociales, notamment au leadership, au pouvoir de persuasion, aux compétences de communication et aux capacités à conduire le changement.
Comprendre pour pouvoir développer son intelligence émotionnelle
Ces théories permettent de comprendre combien la gestion de ses propres émotions et de celles des autres, peut avoir un impact au quotidien, qui plus est dans la vie professionnelle.
En effet, savoir gérer son stress en situation de crise, être capable de modérer un élan de colère, d’apaiser une relation conflictuelle ou de percevoir le mal-être au travail d’un de vos collaborateurs permet souvent de sortir de l’impasse. D’où l’importance croissante du QE, ce quotient émotionnel qui vient compléter la dimension purement intellectuelle évaluée avec le QI. Pour compléter les savoir-faire des candidats à l’embauche, les recruteurs sont à la recherche de certaines soft skills très prisées en entreprise : l’intelligence émotionnelle en fait partie.
Connaître l’intelligence émotionnelle pour pouvoir la développer
L’intelligence émotionnelle recouvre un large périmètre et s’évalue au travers de compétences multiples. La première étape est donc de connaître et reconnaître l’importance de cette dimension dans les relations professionnelles et dans l’efficacité au travail.
Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui faisait la différence entre un chef et un leader ? Peut-être la réponse se situe-t-elle au niveau de l’intelligence émotionnelle.
L’intelligence émotionnelle n’étant pas un élément de caractère inné, mais bien une aptitude que l’on peut acquérir et développer, la deuxième étape consiste à identifier les leviers qui permettent de la développer.
Comment et pourquoi développer son intelligence émotionnelle ?
Développer son IE par la gestion de ses propres émotions
Dans le cadre professionnel comme ailleurs, la mauvaise gestion de ses émotions peut être néfaste. Pour autant, il ne s’agit pas de refouler les émotions négatives. Au contraire, votre efficacité au travail dépend aussi de votre capacité à identifier et intégrer vos émotions.
Votre supérieur vous fait une remarque blessante ? Plutôt que de ruminer pendant plusieurs semaines, essayez d’identifier l’effet de sa remarque. Êtes-vous déçu, blessé, vexé, en colère ?
Si vous n’êtes pas habitué à questionner vos émotions, contentez-vous de relier votre ressenti avec les émotions de base : colère, tristesse, joie… Vous apprendrez progressivement à affiner votre ressenti, et pourrez ainsi le communiquer à votre interlocuteur. Parfois, le simple fait d’échanger sur une émotion ressentie permet de dénouer une situation.
Autre astuce : pour éviter d’être submergé par des émotions négatives, travaillez votre pensée positive. En effet, anticiper des difficultés ou craindre des problèmes est le meilleur moyen pour faire naître des émotions difficiles à gérer.
Développer son intelligence émotionnelle pour instaurer de bonnes relations de travail
Une fois que vous aurez acquis une certaine connaissance et compréhension de vos émotions, il vous sera plus aisé de les exprimer. Si vous avez à partager un ressenti négatif - déception, sentiment d’injustice, accablement -, n’y mettez pas trop d’affect : la prise de recul est nécessaire pour instaurer une communication non-violente, à la base des relations fluides et sereines. Cela passe notamment par une maîtrise dans la façon de communiquer : le ton, les mots avec lesquels on s’exprime peuvent tout aussi bien résoudre qu’enliser une situation. Sur ce point, les 4 Accords Toltèques sont riches d’enseignements : que votre parole soit impeccable.
De même, cet apprentissage est bien utile pour ceux qui ne savent pas dire non. Car savoir dire « non » suppose en effet de maîtriser les émotions qu’un refus peut provoquer.
L’intelligence émotionnelle au service du leadership
L’empathie est une des aptitudes relationnelles qui caractérise l’intelligence émotionnelle. Elle opère dès lors que vous faites abstraction de vous-même pour essayer de percevoir ce que l’autre ressent. Or cette capacité à sentir ses collaborateurs, à anticiper leurs réactions, à les accompagner dans leur quotidien professionnel, est essentielle pour qui doit manager une équipe.
L’écoute empathique, la capacité à complimenter et remercier tout en exprimant le sentiment que vous éprouvez en tant que manager - fierté, joie -, permettent d’instaurer une spirale positive. Et parfois même d’inspirer votre entourage professionnel à faire de même… pour une intelligence émotionnelle partagée et communicative !

Spécialisée dans la conception et la création de contenu (écrit et audio), je suis journaliste, consultante et intervenante en enseignement supérieur. Depuis 2018, je travaille pour Cadremploi en tant que rédactrice indépendante. Mes sujets de prédilection : l’innovation managériale, les méthodologies de travail, les soft skills, et les aspirations des cadres.