Qu'est-ce que le halo du chômage ?

Séverine Dégallaix

Etre au chômage mais pas vraiment… Voilà une situation compliquée à la fois d’un point de vue personnel et d’un point de vue global, les statistiques sur le taux d’emploi faussées par ces personnes qui ne rentrent pas dans une catégorie bien définie. C’est pourquoi la notion de halo du chômage a vu le jour. Définition et explications.
Qu'est-ce que le halo du chômage ?

Que signifie le Halo du chômage ?

Selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), « le halo autour du chômage est constitué d’inactifs n’étant pas au chômage au sens du Bureau international du travail mais étant dans une situation qui s’en approche. » Il peut par exemple s’agir de personnes en formation.

Le halo du chômage se divise en trois catégories :

  • Les personnes sans emploi qui en recherchent un, mais ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour travailler ;
  • Les personnes sans emploi, qui souhaitent travailler et sont disponibles dans les deux semaines pour travailler, mais n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi ;
  • Les personnes sans emploi, qui souhaitent travailler, mais qui n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi et ne sont pas disponibles dans les deux semaines pour travailler.

L’Insee considère que certaines personnes, généralement les plus diplômées, se trouvent dans le halo du chômage de manière temporaire et finiront soit par retrouver un emploi, soit par être reconnues officiellement au chômage, alors que d’autres sont découragées par leurs recherches d’emploi ou éloignées du marché du travail de manière durable.

Pourquoi un halo du chômage ?

La notion de halo du chômage est née du constat que la définition du chômage par le Bureau international du travail (BIT) était trop restrictive et ne tenait pas compte des frontières parfois floues entre chômage, inactivité et emploi. En effet, un chômeur selon le BIT se définit comme une personne de plus de 15 ans qui répond à trois critères :

  • Elle est sans travail, et n’a pas travaillé au cours de la semaine de référence ;
  • Elle est disponible pour travailler sous deux semaines ;
  • Elle est à la recherche active d’un travail et a entrepris au moins une démarche de recherche d’emploi au cours du mois précédent l’enquête.

L’avantage de cette définition est qu’elle permet à la fois des comparaisons dans le temps et entre divers pays, puisqu’elle est adoptée de manière quasi universelle. Son inconvénient est qu’elle ne tient pas compte des cas particuliers et ne reflète donc pas toujours la réalité du marché de l’emploi. Ainsi, certaines personnes, bien qu’elles soient bel et bien sans emploi, ne correspondent pas à cette définition, d’où l’intérêt de créer une catégorie pour elles.

Evolution du halo du chômage depuis le début de la crise sanitaire

Le halo du chômage est un phénomène qui s’est accentué avec la crise sanitaire, les restrictions de déplacement notamment ayant empêché les personnes à la recherche d’un emploi d’effectuer les démarches nécessaires pour être considérées comme étant au chômage. De nombreux cadres envisageant de changer de poste suite aux divers confinements pourraient bientôt être concernés eux aussi.

Au deuxième trimestre 2020, en pleine crise sanitaire et au milieu du confinement, le taux de chômage a baissé, s’établissant à 7,1 % soit environ 2 millions de chômeurs, un point de moins qu’au dernier trimestre 2019. Dans le même temps, le nombre de personnes dans le halo autour du chômage s’est envolé, passant de 1,7 million fin 2019 à 2,5 millions au deuxième trimestre 2020. Cette évolution a marqué la première fois que le nombre de personnes se trouvant dans le halo du chômage a dépassé le nombre de personnes au chômage selon la définition du BIT.

La situation a fini par revenir à la normale fin 2020, avec un taux de chômage retombant à 8 % (soit environ 2,3 millions de chômeurs) après un pic à 9,1 % au troisième trimestre, et le nombre de personnes dans le halo autour du chômage revenant à son niveau habituel (1,7 million de personnes).

A noter que dans le même temps, le nombre de personnes en situation de sous-emploi a évolué en dents de scie, passant de 1,4 million fin 2019 à plus de 5 millions au deuxième trimestre 2020 et retombant à 2,4 millions fin 2020.

La crise de l’activité liée à la pandémie a donc prouvé une bonne fois pour toute la nécessité d’adapter les outils de mesure du chômage afin de tenir compte des situations particulières, notamment les nouveaux modes de travail et les événements globaux qui influencent le marché de l’emploi.

Séverine Dégallaix
Séverine Dégallaix

Diplômée en presse écrite, Séverine Dégallaix travaille depuis plus de dix ans sur des sujets concernant la recherche d’emploi et la gestion de carrière. A travers des interviews d’employeurs et de spécialistes du marché du travail ainsi que des années de recherches, elle a développé une expertise qui lui permet d’apporter des réponses actuelles aux problématiques rencontrées par les salariés et candidats de tous secteurs.

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