Loi d'Illich : quand travailler trop devient contre-productif

Sylvie Laidet-Ratier

LOIS DU TEMPS - EFFICACITE AU TRAVAIL – « Ne pas lever le nez de ce dossier, tant que je n’ai pas terminé ». Et à 22h, vous y êtes encore et souvent pas beaucoup plus avancé qu’à 18h. Normal, selon Ivan Illich, passé un certain nombre d’heures de boulot, vous n’êtes plus productif. Pire, vous êtes contre-productif dans vos tâches, selon sa loi relative à la productivité. Explications et surtout éloge de la pause régulière pour une journée de travail plus sensée, avec les conseils de Julien Godefroy, consultant et formateur en management et gestion du temps.

Pour rester efficace au travail, Ivan Illitch suggère de faire des pauses régulières.

Loi d'Illich : quand travailler trop devient contre-productif
Pour rester efficace au travail, Ivan Illitch suggère de faire des pauses régulières.

Loi d’Illich, mais qui est Ivan Illich ?

Ivan Illich est un prêtre catholique et penseur autrichien du 20e siècle devenu d’abord célèbre pour son livre « Un société sans école ». Ce fervent promoteur de l’auto-apprentissage pour se former et apprendre à argumenter était vent debout contre le système éducatif trop contraignant et étriqué. Et puis, au cours de plusieurs études menées lors de son professorat dans l’Université d’État de Pennsylvanie dans les années 80, il arrive à la conclusion que la productivité diminue à partir d’un certain nombre d’heures de travail. En cause, non pas individus mais les organisations et les institutions, qui passé un certain seuil, vont à l’encontre de leurs objectifs initiaux.

Travailler moins pour travailler mieux

Loi d’Illich, c’est quoi le principe ?

Pour faire simple, cette loi équivaut à un principe bien connu : « travailler moins pour travailler mieux ». Effectivement, Illich indique qu’après avoir passé un certain nombre d’heures à travailler, notre productivité décline de manière significative. Il parle même d’un « seuil de productivité négative ». A savoir un moment où notre attention est si mauvaise que l’on commence même à commettre des erreurs. La loi de la contre-productivité en somme !

Loi d’Illich, comment limiter son effet ?

La clé pour Ivan Illich est d’articuler correctement temps de travail et temps de repos. Dans sa "loi", il propose pour cela un système de 3 « boîtes à temps ».

  • 2 minutes de pause toutes les 10 minutes.
  • 5 minutes de pause toutes les 25 minutes de travail. La fameuse Pomodoro !
  • 12 minutes de pause toutes les 12 minutes de travail. Visiblement efficace pour gagner en productivité sur des tâches très mécaniques et peu motivantes.

Sur le papier, tout le monde est évidemment favorable à la prise de pause entre chaque tâche. Mais dans l'entreprise, peu de gens osent s’en octroyer une, voire plusieurs, par jour. Pour s’y tenir, pas le choix, selon cette loi : il faut noter vos temps de pause dans votre agenda.

« Le travail va de pair avec des pauses donc, comme les dossiers, les réunions… prévoyons-les dans nos agendas », insiste Julien Godefroy, consultant et formateur en management et gestion du temps.

« Pausez » sans culpabilité !

Pour vous sortir cette notion de la tête, « observez-vous en rentrant de votre pause. Êtes-vous de nouveau plus concentré ? Avez-vous réussi à prendre de la hauteur ? A débloquer une situation ? Se donner du feed-back positif par rapport à cette pause va vous permettre de renforcer ce comportement pour les jours suivants », indique-t-il. Vous allez aimer la loi d'illich...

Des pauses zéro boulot

Durant vos pauses, ne parlez pas boulot. Faites complètement autre chose (café, débrief d’un film, vidéo, réseaux sociaux, vidage de lave-vaisselle…). « Changer complètement de sujet permet de se ressourcer en énergie et de prendre du recul », ajoute Julien Godefroy. Si vous êtes fatigué physiquement, tentez de faire une micro sieste à votre bureau, aux toilettes, ou si vous avez de la chance dans l’espace « sieste », « repos », « quiet », de votre boîte.

Pas de pause forcée

Concernant la concentration, écoutez votre propre rythme car pas question de vous coller encore de nouvelles contraintes dans le cerveau. « Si vous êtes dans un bon flow, autrement dit bien concentré sur votre tâche de rédaction par exemple, que les mots viennent tout seuls, ne vous imposez pas nécessairement une pause au bout de 25 minutes. Poursuivez dans ce bon mood peut-être jusqu’à deux heures d’affilée si cela vous convient. Ensuite, accordez-vous une pause plus longue entre deux projets. Le seul impératif est en fait de s’octroyer une vraie pause entre deux activités différentes », conclut-il. 

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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