Qu’est-ce que le reskilling ?

Séverine Dégallaix

A l’heure où les besoins sur le marché de l’emploi évoluent à vitesse grand V, la formation et les notions qui y sont rattachées sont obligées de suivre le mouvement. D’où l’apparition de nouveaux concepts tels que le reskilling. Derrière ce terme anglophone se cache une réalité pratico-pratique utile à la fois pour les employeurs, pour les collaborateurs et pour les personnes à la recherche d’un emploi. Découvrez ce qu’est le reskilling, en quoi il se distingue de son cousin l’upskilling, et à quoi il peut vous servir.
Qu’est-ce que le reskilling ?

Définition du reskilling

Le reskilling, ou requalification en français, répond à un besoin de l’entreprise. Le concept : l’employeur se base avant tout sur les soft skills, ou savoir-être, de son futur collaborateur pour l’embaucher, partant du principe qu’une compétence technique manquante peut s’acquérir. Le nouvel arrivant sera ensuite formé aux savoir-faire indispensables à sa prise de poste.

Il peut aussi s’agir d’un salarié travaillant déjà dans l’entreprise. Si son métier devient obsolète, par exemple en raison d’une automatisation de son poste de travail ou d’une nouvelle direction prise par l’entreprise, il peut bénéficier du reskilling pour apprendre de nouveaux savoir-faire qui lui permettront d’occuper un autre poste dans l’entreprise. C’est une façon pour l’employeur d’éviter de se séparer de bons éléments qui connaissent d’ores et déjà le fonctionnement et les valeurs de l’entreprise.

Outre le fait de permettre à l’entreprise de recruter pour des postes qui manquent de candidats qualifiés, le reskilling présente plusieurs avantages pour le demandeur d’emploi ou pour le salarié qui cherche à changer de poste, par envie ou par la force des choses :

  • Le statut de stagiaire rémunéré pendant la formation
  • La garantie d’être embauché suite à la formation
  • Une ouverture de ses perspectives d’emploi à long terme

Le reskilling un dispositif particulièrement utile dans les secteurs pénuriques, à l’image de l’IT, ou dans les zones géographiques où il existe une grande disparité entre l’offre et la demande de compétences sur le marché du travail.

Quelle est la différence entre reskilling et upskilling ?

L’upskilling est une montée en compétences. C’est ce qui se déroule de manière classique dans le cadre de la formation continue : vous avez déjà la compétence en question, mais vous pourriez l’affiner, devenir davantage expert, ou mettre à jour vos connaissances sur le sujet, vous allez donc vous former. L’objectif est de continuer à occuper votre poste, ou éventuellement d’évoluer de manière hiérarchique ou en endossant davantage de responsabilités, mais en restant dans le même domaine.

De son côté, le reskilling s’effectue plutôt dans une optique de reconversion professionnelle ou d’occupation d’un poste pour lequel vous ne possédez pas toutes les compétences à la base. En clair : vous changez de métier ou de domaine. Le reskilling implique généralement un processus plus long, puisqu’une formation pour acquérir une compétence jusque là non maîtrisée prend davantage de temps qu’un perfectionnement.

Reskilling et formation : comment un employeur peut-il développer vos compétences ?

Le reskilling est une fusion du processus de recrutement et du processus de formation : l’employeur mise sur la formation pour recruter des collaborateurs dont les compétences correspondent exactement à ses besoins.

La formation peut être organisée directement en interne si l’entreprise dispose d’un organisme de formation intégré, ou par l’intermédiaire d’un organisme de formation externe.

Reskilling et Pôle emploi : comment ça se passe ?

En France, c’est Pôle emploi qui a le premier formalisé le concept de reskilling avec la création de la Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) en 2009.

L’idée : un demandeur d’emploi repère une offre qui l’intéresse mais pour laquelle il lui manque une ou plusieurs compétences. Il peut tout de même postuler et, si son profil convient à l’employeur, il suivra la formation correspondante, organisée en lien avec l’OPCO (Opérateur de compétences) concerné.

Pour pouvoir en bénéficier, il faut donc :

  • Etre demandeur d’emploi ;
  • Avoir eu une proposition d’emploi pour un CDD d’au moins 12 mois, un CDI, ou un contrat de professionnalisation ou d’apprentissage d’au moins 12 mois, nécessitant une formation.

Ce sont jusqu’à 400 heures de formation qui peuvent ainsi être prises en charge, plus dans le cadre du PIC (Plan d’investissement dans les compétences).

Vous bénéficiez d’une rémunération pendant la formation, et éventuellement d’une prise en charge des frais de déplacement, d’hébergement ou de repas.

Comment repérer les offres ouvertes à la POEI chez Pôle emploi ? Certaines offres sont spécialement dédiées et portent la mention Préparation opérationnelle à l’emploi. Dans d’autres cas, cela peut venir de votre propre initiative : à vous de voir avec l’employeur s’il est prêt à faire jouer ce dispositif pour vous embaucher.

Séverine Dégallaix
Séverine Dégallaix

Diplômée en presse écrite, Séverine Dégallaix travaille depuis plus de dix ans sur des sujets concernant la recherche d’emploi et la gestion de carrière. A travers des interviews d’employeurs et de spécialistes du marché du travail ainsi que des années de recherches, elle a développé une expertise qui lui permet d’apporter des réponses actuelles aux problématiques rencontrées par les salariés et candidats de tous secteurs.

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