Qu'est-ce que l'obsolescence des compétences et comment y faire face ?

Séverine Dégallaix

L’épidémie de Covid-19 a plongé beaucoup d’entreprises dans un « tout digital » qui a pu précipiter l’obsolescence de certaines compétences. L’automatisation de certaines tâches, la disparition ou au contraire la naissance d’autres, et les évolutions des besoins sur le marché du travail, sont autant d’éléments qui accélèrent la transformation des métiers et des compétences. Qu’est-ce que l’obsolescence des compétences ? Comment la définir ? Comment anticiper et prévenir au mieux ce phénomène ? Réponses dans cet article.
Qu'est-ce que l'obsolescence des compétences et comment y faire face ?

La définition de l’obsolescense des compétences

Dès le milieu des années 1970, Kaufman a défini l’obsolescence des compétences comme « l’insuffisance des savoirs ou compétences actualisés nécessaires à un travailleur pour continuer d’être parfaitement performant dans son activité professionnelle actuelle ou future »

On parle d’obsolescense des compétences lorsque ces dernières, détenues par un salarié ou une entreprise, sont dépassées ou insuffisantes pour être efficaces.   

En clair, les compétences peuvent perdre de leur pertinence avec le temps : ce que vous saviez faire quand vous êtes arrivé à votre poste n’est peut-être plus utile. Et inversement, certaines compétences dont vous n’aviez pas besoin sont peut-être devenues indispensables.  

Certains secteurs sont particulièrement impactés. À l’image par exemple de l’IT et du numérique, où les technologies bougent très vite et où une compétence peut devenir obsolète en quelques mois. 

Bon à savoir : l’obsolescence des compétences ne signifie pas que votre métier lui-même devient obsolète, seulement que vous allez devoir vous adapter pour pouvoir continuer à l’exercer. Pour illustrer, si un photographe n’a pas forcément besoin aujourd’hui d’être capable de développer ses photos comme à l’époque de l’argentique, il doit en revanche maîtriser un ou plusieurs logiciels de retouche.   

Quels sont les types d’obsolescense de compétences ?

Selon le CEDEFOP (Centre européen pour le développement et la formation professionnelle), il existe 4 types d’obsolescence des compétences :

  • L’obsolescence physique : à cause de la détérioration de votre état de santé, vous n’êtes plus capable d’accomplir les tâches liées à votre activité professionnelle.
  • L’obsolescence économique : vos compétences deviennent obsolètes en raison de l’évolution de votre métier, des outils, techniques et connaissances nécessaires pour remplir vos missions.
  • L’obsolescence perspectiviste : elle relève des croyances et perceptions sur le travail.
  • L’oubli organisationnel : il est lié à une entreprise en particulier. 

Quelles sont les compétences impactées par l’obsolescence ?

Certaines compétences sont plus à risque que d’autres sur le terrain de l’obsolescence programmée.  

Les savoir-être, autrement appelés soft skills, sont les plus à l’abri. En effet, il est plus facile d’adapter un comportement humain à une situation particulière. Par exemple, travailler sa prise de parole en public ou acquérir des compétences en management. 

À l’inverse, les compétences techniques, autrement appelées savoir-faire ou hard skills, sont plus susceptibles de souffrir de l’obsolescence des compétences. Leur durée de vie est limitée. Il peut s’agir par exemple de la maîtrise d’un logiciel, d’une machine, d’un outil ou d’une technique en particulier. L’OCDE souligne que la durée de vie d’une compétence technique est passée de 30 ans en 1987 à 2 ans aujourd’hui, une conséquence inévitable des progrès technologiques. 

Qui est concerné par l’obsolescence des compétences ?

Les salariés les plus touchés par l’obsolescence des compétences sont les seniors (31 % des 50-55 ans sont concernés par le problème contre 21 % des 30-39 ans selon une enquête du CEDEFOP), les personnes les moins qualifiées (33 % des personnes au niveau de qualification faible touchées contre 19 % de celles avec un niveau de qualification élevé) et les travailleurs qui ne bénéficient pas de formation continue (34 %, contre 22 % pour ceux qui en suivent). 

Comment éviter l’obsolescence des compétences ?

Pour prendre les devants et éviter que vos compétences ne deviennent obsolètes, plusieurs actions peuvent être menées en amont.  

Par exemple :

  • Identifier les compétences à risque : c’est la première étape, celle qui vous permettra de définir votre plan d’action. Quelles sont vos compétences qui pourraient être automatisées, celles qui risquent de ne bientôt plus être pertinentes et celles que vous ne maîtrisez pas encore alors qu’elles pourront vous être utiles dans votre métier ? Vous pouvez en discuter avec vos collègues et pairs.
  • Se former : une fois cette cartographie réalisée, vous pouvez commencer à agir. Suivez des formations pour acquérir les éventuelles compétences manquantes ou renforcer les compétences existantes, lisez des livres et articles sur le sujet, inscrivez-vous à des ateliers en ligne, participez à des conférences et à des AFEST (Actions de formation en situation de travail). Votre CPF peut vous aider à financer votre projet.
  • En parler dans son entreprise : votre employeur a tout intérêt à vous aider à maintenir votre employabilité en vous accompagnant dans le développement de vos compétences. De plus, en faisant le point sur ses besoins actuels et à venir et grâce à la GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et compétences), il peut vous aider à identifier les savoir-faire qui vous seront nécessaires pour continuer à exercer votre métier dans les mois, voire années à venir. Votre entretien annuel peut être l’occasion de signaler vos inquiétudes sur la question.
  • Développer ses savoir-être : les savoir-être sont moins impactés par l’obsolescence des compétences que les savoir-faire, et ce sont des qualités transverses qui pourront vous servir dans toutes vos expériences professionnelles. Parmi les plus appréciés se trouvent la communication, l’esprit d’équipe, la créativité, l’adaptabilité et les qualités relationnelles.
Séverine Dégallaix
Séverine Dégallaix

Diplômée en presse écrite, Séverine Dégallaix travaille depuis plus de dix ans sur des sujets concernant la recherche d’emploi et la gestion de carrière. A travers des interviews d’employeurs et de spécialistes du marché du travail ainsi que des années de recherches, elle a développé une expertise qui lui permet d’apporter des réponses actuelles aux problématiques rencontrées par les salariés et candidats de tous secteurs.

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