Allocations chômage : combien toucherez-vous ?

Josée Pluchet

L’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) est un revenu de remplacement versé par l’assurance chômage. C’est la principale allocation chômage, versée aux personnes involontairement privées de leur emploi (licenciement, rupture conventionnelle, non renouvellement d’un CDD ou encore démission légitime). À combien s’élèveront vos allocations ?
Allocations chômage : combien toucherez-vous ?

Comment calculer le montant de l’allocation chômage ?                                            

Tous les éléments nécessaires au calcul de l’allocation se trouvent sur l’attestation Pôle Emploi que l’employeur remet à son salarié au moment de la rupture du contrat.

Comment déterminez votre salaire journalier de référence (SJR) ?

Plus le montant du salaire est élevé, plus le montant de l’allocation est élevé. En effet, le montant de l’allocation chômage dépend du salaire journalier de référence (SJR), qui prend en compte les salaires perçus au cours des 24 mois précédant la rupture du contrat de travail,ou les 36 mois pour les personnes âgées de 53 ans et plus. Il est calculé à partir du revenu mensuel moyen, depuis l'entrée en vigueur en octobre 2021 de la réforme de l'assurance chômage votée en 2019. Avant, seules les périodes d'activité étaient prises en compte.

Ce salaire comprend les salaires bruts, primes et gratifications, mais les indemnités liées à la rupture du contrat de travail (de licenciement, de congés payés, de préavis...) en sont exclues.

A noter : Comment calculer le salaire journalier de référence (SJR) ?

SJR = salaire de référence/ (nombre de jours correspondant à la durée de l'indemnisation prévue)

Comment calculer le montant de votre allocation chômage journalière ?

On retient la formule de calcul de l’indemnité journalière la plus avantageuse entre :

40,4 % du SJR + 12,95 € et 57 % du SJR

Le montant de l’allocation journalière est compris au 1er avril 2023 entre :

  • Un minimum de 31 € brut par jour ;
  • Et au maximum 75 % du SJR.

En cas de travail à temps partiel, Pôle emploi utilise un « coefficient temps partiel », égal au nombre d’heures de travail hebdomadaire divisé par l’horaire hebdomadaire légal (35 heures) ou conventionnel. Ce coefficient est appliqué à la partie fixe de l’allocation (12,71 €) et à l’allocation minimale (31 €).

Les retenues sur l’allocation chômage : du brut au net

Des prélèvements peuvent être effectués sur votre allocation chômage.

Les retenues sur l'allocation chômage s'élèvent :

En Alsace- Moselle, la CSG s'accompagne d'une contribution supplémentaire de 1,5% (1,1% pour le régime agricole).

Les personnes qui ont des revenus modestes peuvent être exonérées totalement ou partiellement de cotisations sociales. C'est le revenu de référence de l'avis d'imposition qui est pris en compte. Pour une seule part fiscale, il faut avoir un revenu inférieur à 14 944 euros pour avoir droit à une exonération partielle, avec un taux de CSG de 3,8%. En-dessous de 11 431 euros, l'allocataire est entièrement exonéré de cotisations. Pôle Emploi montre ici les tableaux complets d'exonération en fonction du nombre de parts fiscales.

Bon à savoir : le montant net de l’ARE ne peut être inférieur à 30,42 € (21,17€ lorsque l’assuré suit une formation prescrite par Pôle emploi).

Par ailleurs, l'allocation chômage est soumise au prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu.

Dégressivité de l’allocation chômage

Les demandeurs d’emploi de moins de 57 ans touchant une indemnité journalière égale ou supérieure à un certain montant voient leur indemnité diminuée de 30% à partir du septième mois de chômage. Pour les personnes dont le contrat de travail s'est terminé avant le 1er décembre 2021, cette mesure ne s'applique qu'à partir du neuvième mois.

Concrètement, ces demandeurs d’emploi sont indemnisés :

  • A taux plein durant 182 jours (6 mois) pour les personnes dont le contrat a pris fin à compter du 1er décembre 2021, ou 243 jours (8 mois) pour celles dont le contrat s'est terminé avant cette date ;
  • Puis à taux réduit pendant la durée restante de leurs droits.

Bon à savoir :  Les périodes de formation inscrites dans le projet personnel d’accès à l’emploi (PPAE) et celles financées en tout ou partie par le compte personnel de formation (CPF) suspendent le décompte des 182 ou 243 jours indemnisés.

Le salaire journalier de référence au-dessus duquel cette procédure s'applique est réévalué régulièrement. A compter du 1er avril 2023, son montant est de 156,70 € / jour, soit 4 766 € /mois. Par ailleurs, le dispositif prévoit un seuil plancher en-dessous duquel l'allocation ne peut descendre. A partir du 1er avril, la dégressivité de l'allocation chômage ne peut pas amener celle-ci à être inférieure à 89,32 € brut par jour, soit environ 2 679 € brut pour un mois de 30 jours.

Quel sera le montant réduit de l’allocation journalière ?

  • Si le montant de l’allocation journalière avant dégressivité est situé entre 89,32 € et 127,6 €, le montant de l’allocation à taux réduit sera de 89,32 € ;
  • Si le montant de l’allocation journalière avant dégressivité est supérieur à 127,6 €, le montant de l’allocation sera réduit de 30 %.

Exemple de calcul de l’allocation chômage

Soit un demandeur d’emploi de 51 ans, percevant un salaire brut de 4 700 euros durant les 24 mois précédant son inscription à Pôle Emploi, ayant toujours été en emploi sur cette période et ayant donc droit à la durée maximale d'indemnisation, soit 548 jours depuis le 1er février 2023.

SJR= (4 700 X24) / (548) = 206 €

Allocation journalière = 206 X 57 %= 117,32 €

(Car supérieur à 206 X40,4% + 12,71)

Le demandeur d'emploi en question est concerné par la dégressivité, puisque son salaire de référence est de 206 euros, supérieur au seuil fixé actuellement à 156,7 euros. À compter du 7e mois d’indemnisation, il touchera 89,32 €. 

Quelle allocation chômage avec un contrat de sécurisation professionnelle ?

Le salarié licencié ayant accepté le contrat de sécurisation professionnelle ne touche pas l’ARE mais l’ASP : l’allocation de sécurisation professionnelle.

Son montant dépend de l’ancienneté du salarié :

  • S’il a plus d’un an d’ancienneté dans l’entreprise qui l’a licencié, l’ASP s’élève à 75 % de son ancien salaire brut ;
  • S’il a moins d’un an d’ancienneté, son allocation correspond à l’ARE. 

Quelle est la durée de versement des allocations chômage ?

Pendant combien de jours le demandeur d’emploi va-t-il toucher l’allocation chômage ? La durée de versement de l’allocation chômage dépend de l’âge du demandeur et de sa durée d’affiliation : plus il a travaillé, plus la durée d’indemnisation est longue.

Bon à savoir : la durée d’indemnisation est identique que l’emploi précédent soit exercé à temps plein ou à temps partiel.

Depuis les réformes du chômage de 2019 et 2022, les règles de calcul de la durée d'indemnisation se sont complexifiées. L'Unédic détaille sur cette page les modalités de calcul. La durée d'indemnisation est égale au nombre de jours calendaires compris entre le début du premier contrat de travail dans la période de référence d'affiliation et la fin du dernier contrat dans cette même période.

Exemple : soit une personne de moins de 53 ans qui se retrouve au chômage le 1er juillet 2023 après avoir travaillé plus de deux ans. Sa période de référence d'affiliation est donc de deux ans (730 jours calendaires), du 1er juillet 2021 au 30 juin 2023. Sur cette période, elle a travaillé 200 jours calendaires à compter du 31 juillet 2021, puis 180 jours calendaires jusqu'au 30 juin 2023. On décompte donc 700 jours calendaires entre le premier jour du premier contrat et la fin du dernier contrat de travail (du 31 juillet 2021 au 30 juin 2023).

Dans ce nombre de jours calendaires, les jours d'activité ne sont pas pris en compte de la même façon que les jours d'inactivité. En effet, ces derniers sont plafonnés à 75% des jours d'activité.

Exemple : Dans notre exemple, le nombre de jours d'activité est de 380 (200 + 180), le nombre de jours d'inactivités décomptés est de 320 jours (700 - 380). Or, 75% des 380 jours d'activité, cela représente 285 jours. La durée d'indemnisation calendaire sera donc de 605 jours (320 + 285).

Pour finir, depuis le 1er février 2023, un coefficient de 0,75 s'applique à la durée d'indemnisation retenue afin d'obtenir la durée d'indemnisation réelle de l'allocataire. Ce coefficient s'applique pour les allocataires dont le contrat de travail s'est terminé depuis cette date. Cela résulte de l'entrée en vigueur d'un dispositif de modulation de la durée d’indemnisation en fonction de la situation du marché du travail.

Elle est appliquée parce que la conjoncture économique est considérée comme très favorable, c'est-à-dire que le chômage est inférieur à 9% et qu'il ne progresse pas de plus de 0,8 point par trimestre. En cas de dégradation de la conjoncture, le ministère du Travail peut prendre un arrêté pour faire en sorte que les allocataires qui étaient sous le coup de ce coefficient de 75% bénéficient d'un allongement de leur durée d'indemnisation jusqu'à arriver à la durée d'indemnisation calendaire sans coefficient.

Les personnes dont le contrat s'est arrêté avant le 1er février 2023 ne subissent pas ce coefficient 0,75 : la durée d'indemnisation calculée ci-dessus est donc celle qui s'applique. Cela vaut aussi pour les personnes licenciées dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi. Par ailleurs, la durée minimale d'indemnisation est de six mois (182 jours), et l'application du coefficient ne peut porter cette durée en-deçà.

Exemple : Ici, l'allocataire sera donc indemnisé 0,75 X 605 = 453 jours, soit un an et 88 jours (presqu'un an et trois mois). Si la conjoncture économique se dégradait, un arrêté pourrait lui permettre de bénéficier de 152 jours d'indemnisation supplémentaires, pour arriver à la durée de 605 jours.

Comment calculer la durée de versement des allocations chômage ?

Nombre de jours indemnisés = (nombre de jours travaillés + nombre de jours d'inactivité dans la limite de 75% du nombre de jours travaillés) x 0,75.

La période de référence est de :

  • 24 mois si le demandeur a moins de 53 ans à la date de fin de son contrat de travail ;
  • 36 mois si le demandeur a 53 ans et plus à la date de sa fin de contrat de travail.

La durée maximale de versement des allocations chômage dépend de l’âge de l’intéressé. En tenant compte du coefficient de 0,75, cela donne :

  • Pour les assurés de moins de 53 ans, la durée maximale de versement est de 18 mois, soit 548 jours calendaires ;
  • Pour les assurés de 53 ans ou 54 ans, la durée maximale de versement est de 22,5 mois, soit 685 jours calendaires ;
  • Pour les assurés de 55 ans et plus, la durée maximale de versement est de 27 mois, soit 822 jours calendaires.
  • Pour les assurés de 62 ans et plus en cours d’indemnisation depuis au moins un an, le versement de l’allocation chômage peut être poursuivi jusqu’à l’âge de la retraite à taux plein (s'ils ont été affiliés pendant 12 ans à l’assurance chômage, dont une année continue ou 2 ans discontinus au cours des 5 dernières années, et disposent d’au moins 100 trimestres validés par l’assurance vieillesse). 

En cas de conjoncture économique défavorable, les allocataires pourront bénéficier d'un complément de fin de droit égal à :

  • 182 jours pour les personnes de moins 53 ans, portant ainsi la durée maximale d’indemnisation à 730 jours ;
  • 228 jours pour les personnes de 53 et 54 ans, portant ainsi la durée maximale d’indemnisation à 913 jours ;
  • 273 jours pour les personnes de 55 ans et plus, portant ainsi la durée maximale d’indemnisation à 1095 jours.

Par ailleurs, les personnes suivant une formation au moment où leurs droits au chômage s'achèvent peuvent bénéficier d’un complément de fin de formation, à condition que la formation dure au moins six mois, qu'elle soit qualifiante et inscrite au PPAE (projet personnalisé d'accès à l'emploi). Ce complément ne peut être supérieur au nombre de jours de formation restant, ni au nombre de jours de complément de fin de droit.

Les personnes de 53 ou 54 ans peuvent aussi bénéficier d'un allongement de leur durée d'indemnisation si elles ont suivi des formations indemnisées au titre de l'ARE Formation inscrite dans leur PPAE ou financée en tout ou partie par leur CPF, et qu'elles justifient de plus de 913 jours calendaires d’affiliation au cours des 36 derniers mois qui précèdent la fin de leur contrat de travail. L'allongement est limité à 137 jours, portant ainsi la durée maximale d'indemnisation à 822 jours (182 jours pour les résidents des départements et collectivités d’outre-mer). Cet allongement s'applique avant le complément de fin de formation.

Quels sont les délais de versement de l’allocation chômage ?

Les allocations chômage sont versées mensuellement. Le montant versé correspond au montant de l’allocation journalière multiplié par le nombre de jours du mois (28, 29, 30 ou 31). Mais trois délais peuvent se cumuler avant le versement des allocations chômage : le délai d'attente avant de percevoir les allocations et les différés d'indemnisation.

Délai d’attente avant de percevoir les allocations chômage

L'ARE n’est versée qu’après un délai d'attente fixé à 7 jours. Ce délai ne s’applique qu’une fois par période de 12 mois.

Différés d’indemnisation

Un premier différé d’indemnisation est calculé en fonction de l’indemnité compensatrice de congés payés que l’assuré a pu percevoir. Il ne peut dépasser trente jours.

Nombre de jours de différé = indemnité compensatrice de congé payé/ SJR

Un deuxième différé d’indemnisation est appliqué si l’assuré a perçu des indemnités de rupture supra légales (supérieures au minimum légal, même si elles ne dépassent pas le minimum conventionnel).

Nombre de jours de différé = indemnité supra légale/ 102,4

Le différé total (congés payés et indemnités de rupture) ne peut excéder 75 jours pour les licenciements économique et 150 jours dans les autres cas.

Bon à savoir : le salarié ayant souscrit un contrat de sécurisation professionnelle touche l’ASP, qui est versée sans délai d’attente et sans différé d’indemnisation.

Les suites de la réforme de l’allocation chômage

Une réforme de l’assurance chômage a été définie par le décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019. En raison du contexte économique lié au Covid-19, son entrée en vigueur avait été suspendue, mais depuis, toutes les nouvelles règles ont de nouveau été mises en œuvre. Une nouvelle réforme, applicable depuis le 1er février 2023, est également entrée en vigueur. Elle prévoit notamment une durée d'indemnisation modulable en fonction de la conjoncture économique. Les règles de l'assurance chômage sont valables jusqu'au 31 décembre 2023. A cette date, les partenaires sociaux devront avoir trouvé un accord pour le fonctionnement du régime à compter de 2024.

Le mode de calcul du salaire journalier, par exemple, devait être effectif au 1er juillet 2021, mais il n'est finalement entré en vigueur le 1er octobre 2021. De son côté, la dégressivité de l'allocation chômage avait été instaurée le 1er novembre 2019, puis suspendue à compter du 1er mars 2020 au 30 juin 2021. Elle est entrée en vigueur au au 1er juillet 2021, avec une dégressivité au bout de neuf mois (applicable donc à compter de mars 2022), et la dégressivité a été ramenée au septième mois à compter du 1er décembre 2021, applicable donc à compter de juillet 2022.

Existe-t-il un durcissement des conditions d’ouverture des droits au chômage ?

La réforme prévoit un durcissement des conditions d’ouverture ou de rechargement des droits au chômage ; en effet, la durée d’affiliation nécessaire pour percevoir les allocations chômage est désormais de 6 mois sur une période de 24 mois, contre 4 mois auparavant. Cette disposition est en vigueur depuis décembre 2021. Son entrée en vigueur avait été soumise à "une clause de retour à meilleure fortune", appréciée sur une durée de 6 mois à compter du 1er juillet 2021. Deux conditions devaient être réunies :

  • Le nombre total de déclarations préalables à l’embauche pour des contrats de plus d’un mois est supérieur à un seuil (fixé à 2 700 000) sur une période de 4 mois consécutifs ;
  • Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a baissé d’au moins 130 000 au cours des 6 derniers mois.

Les négociations entre les partenaires sociaux en fin d'année 2023 ont abouti à la conclusion d'une nouvelle convention, qui prévoit que la durée de cotisations pour les demandeurs d'emploi qui s'inscrivent à l'assurance chômage pour la première fois soit réduite à cinq mois et non plus six. En contrepartie, la durée d'indemnisation ne serait plus que de cinq mois. Cette convention devait entrer en vigueur au 1er janvier 2024, mais le gouvernement a décalé son application au 1er juillet 2024, car il souhaite d'abord évaluer la compatibilité de l'accord avec le document de cadrage transmis par la Première ministre de l'époque en août 2023.

Par ailleurs, un nouveau durcissement est entré en vigueur au 1er janvier 2024. Désormais, les personnes en CDD ou en contrat de travail temporaire qui refusent deux fois en douze mois une proposition de CDI de leur employeur à l'issue de leur contrat d'un se verront privées de droits au chômage.

Quel bonus-malus sur les contrats courts ?

La première modulation des cotisations d’assurance chômage ou bonus-malus s'applique depuis septembre 2022, après une période de référence commencée en juillet 2021. Pour rappel, les entreprises concernées voient leur cotisation chômage varier entre 3 et 5,05 % de leur masse salariale, contre un taux de 4,05 % auparavant, et ce en fonction de leur taux de recours aux contrats courts.

Conseil Cadremploi : Pôle Emploi propose un simulateur qui vous permet de calculer les allocations auxquelles vous avez droit.

Josée Pluchet
Josée Pluchet

Diplômée notaire, Josée Pluchet est passionnée de droit privé, du droit civil au droit du travail en passant par le droit de la construction ! Chargée de veille juridique pour plusieurs sociétés, elle suit avec intérêt et attention les évolutions législatives et jurisprudentielles. Rédactrice juridique, elle a à cœur de rendre le droit accessible aux non-juristes. Elle rédige pour Cadremploi des articles relatifs au droit du travail.

Vous aimerez aussi :