Dans quelles sortes de conflit au travail peut-on se passer d’un avocat ?
Appeler un avocat spécialisé en droit du travail ? Pas nécessairement dans toutes les situations de conflits professionnels, notamment quand les précédents sont rassurants. La démarche n’est pas non plus indispensable pour résoudre un litige sans gravité.
>> Un avocat n’est pas indispensable quand les précédents sont rassurants
« Il y a un cas classique où l’on sent qu’il y a une lassitude mutuelle et que la porte est ouverte », affirme Valérie Moissonnier, ex-directrice générale et manager d’équipe. Mais pas toujours la peine d’appeler un avocat immédiatement confirme cette coach. « Dans bien des cas, on sent comment la situation peut se passer. Si on sait par exemple qu’une entreprise veut alléger ses effectifs et que d’autres collègues ont récemment signé une rupture conventionnelle, avec quelques indemnités, on peut commencer par tâter le terrain auprès de la direction des ressources humaines et voir si elle propose spontanément une transaction. En revanche, si elle tarde à réagir ou si l’histoire récente montre que des salariés ont eu de mauvaises surprises, il faut se protéger ».
>> Un avocat peut ne pas être indispensable pour un litige sans gravité
Si vous avez l’habitude de pouvoir échanger avec votre employeur et si vous êtes en bons termes avec lui, pas la peine de vous précipiter vers un avocat spécialisé en droit du travail pour un litige sans gravité, comme une erreur dans le salaire ou un remboursement de note de frais qui tarde par exemple. Prenez d’abord rendez-vous avec votre manager, votre employeur ou avec le service des ressources humaines et expliquez votre situation. Il y a de grandes chances que cet échange soit suffisant pour solutionner un litige professionnel sans gravité, ou pour entamer une négociation amiable si vous désirez quitter l’entreprise.
Dans quelles sortes de conflit au travail doit-on faire appel à un avocat ?
Un salarié, a fortiori s’il est en détresse, ne saura pas toujours réfléchir sereinement à sa situation et n’aura pas forcément toutes les connaissances juridiques pour répondre à ses questions. Un avocat peut alors se révéler un bon soutien, voire une nécessité lorsque le conflit devient compliqué.
>> Un bon soutien quand on ne sait pas quoi faire : l’avocat conseil
La mission première de l’avocat, et donc celle de l’avocat spécialisé en droit du travail, est de conseiller son client. L’avocat est un professionnel du droit, et à ce titre il doit éclairer son interlocuteur, sans nécessairement entraîner une action en justice.
Dans le cadre du travail, c’est l’avocat spécialisé dans ce domaine qui répondra le mieux à toutes les questions que vous pourriez vous poser. Vous êtes libre de choisir votre avocat. N’hésitez pas à en contacter un dans votre ville ou votre région si vous souhaitez obtenir une réponse à une situation juridique.
>> Un défenseur dans les situations complexes : la solution amiable
Prendre conseil auprès d’un avocat lorsqu’un conflit né au travail (harcèlement, licenciement, non-paiement du salaire, retard de paiement du salaire, contester un avertissement professionnel…), c’est bien souvent éviter un procès et favoriser le règlement amiable. À quel moment prendre contact avec lui ? « Si on sait que l’entreprise n’est pas toujours correcte ou ne négocie jamais, il faut absolument se protéger sans tarder », recommande Valérie Moissonnier. Néanmoins, nul besoin de le crier sur les toits. Lorsque l’avocat intervient trop en amont, le risque est de créer un contentieux qui n'aurait pas lieu d’être. En revanche, s’il intervient trop tard, celui-ci aura du mal à dépassionner un débat qui, par définition, est délicat à mener. Nous vous conseillons de prendre contact avec le conseil juridique de votre choix avant que la situation ne s’envenime, en restant discret auprès de vos collègues.
Notre conseil Cadremploi : dans un premier temps, l’avantage de prendre un avocat en toute discrétion permet de maintenir une discussion sereine et pas encore procédurière en ayant toutes les cartes en main et en connaissant ses droits en fonction de la situation, de son ancienneté ou encore de sa convention collective.
Pourquoi faire appel à un avocat en droit du travail si le conflit est porté devant les prud’hommes ?
Dès lors que le conflit prend le chemin des prud’hommes, lorsqu’aucune solution amiable n’a pu être trouvée et qu’une action en justice est nécessaire, il devient préférable de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit du travail. Ce dernier vous assiste ou vous représente à tous les stades de la procédure. Quand bien même vous seriez en mesure d’agir et prêt à vous défendre, il vous manque sûrement des connaissances suffisantes et le recul nécessaire pour vous constituer des arguments et un dossier solide. Sans compter que se charger d’assurer sa défense soi-même, face à son employeur puis devant les conseillers tout au long de la procédure prudhommale, c’est y consacrer beaucoup de temps et d’énergie…
>> Un avocat parle à votre place… et prend les coups
L'avocat en droit du travail peut effectuer à la place de son client et même en sa présence, tout acte utile devant le conseil de prud’hommes, notamment commencer par saisir le conseil de prud’hommes. Il représente son client pour agir à sa place et en son nom, c’est-à-dire qu’il peut accomplir toutes les formalités du procès au nom de la personne qu'il représente et qu’il peut prendre la parole et exposer la position de son client.
>> Un investissement payant
Les honoraires de l'avocat ne sont pas réglementés. Il fixe lui-même le coût des prestations qu'il facture à son client. Deux options s’ouvrent à lui : il peut facturer au temps passé sur le dossier ou proposer de conclure une convention d'honoraires (une sorte de forfait) avec son client avant de lancer toute procédure.
Éditrice et rédactrice juridique, Mathilde Palfroy s’intéresse à tous les sujets pratiques du quotidien. Elle rédige pour Cadremploi des articles sur des thématiques liées à l’emploi et à la carrière. En plus de ses collaborations avec différents éditeurs spécialisés, elle assure également le suivi d’ouvrages de littérature générale aux éditions de la Rémanence dont elle est la fondatrice.