
- 1 - Congés payés : l’employeur ne peut pas refuser les dates de son salarié
- 2 - Pour les congés payés, l’employeur fait ce qu'il veut
- 3 - Idée reçue : l'employeur peut séparer les couples pendant les congés payés
- 4 - Le salarié a droit à 2 semaines minimum de congés payés
- 5 - Des jours de congés payés supplémentaires peuvent être accordés
- 6 - L'employeur peut modifier mes dates de congés payés
- 7 - Le salarié peut reporter ses congés d’une année sur l’autre
- 8 - Si le salarié ne respecte pas les dates, il peut être licencié
- 9 - Un salarié en CDD a aussi droit à des vacances
1 - Congés payés : l’employeur ne peut pas refuser les dates de son salarié
Faux. Si les congés payés sont un droit pour le salarié, ce dernier ne peut pas toujours décider de ses dates : l’employeur peut choisir la période de prise des congés de ses salariés (article L3141-16 du Code du travail).
« Il y a parfois un malentendu autour des congés, consent Marijke Granier-Guillemarre. Mais il y a un grand principe dans la loi qui dit que c'est l'employeur qui fixe les congés », précise cette avocate spécialiste en droit social. Ce malentendu est parfois entretenu par les employeurs eux-mêmes. « J’accompagne beaucoup de patrons, notamment dans des TPE, qui se plaignent de "subir" les dates de leurs salariés, témoigne Stéphane Thibault, dirigeant du réseau votre-drh.com. Or ils peuvent les refuser, les annuler, voire en imposer d’autres s’ils jugent que certaines absences tombent mal. Ils peuvent même décider de fermer l’entreprise pendant un mois si cela les arrange ».
2 - Pour les congés payés, l’employeur fait ce qu'il veut
Faux. La loi impose un cadre à l’employeur en matière de congés payés :
- L’employeur ne peut pas modifier les dates et l'ordre des départs en congés moins d'un mois avant la date de départ prévue (article L3141-16 du Code du travail).
- Les dates et l'ordre des départs en congés sont fixés :
- soit par accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, par convention ou accord de branche (article L3141-15 du Code du travail).
- soit en l'absence d'accord ou de convention, par l'employeur après avis du comité social et économique (article L3141-16 du Code du travail).
- L’employeur doit aviser les salariés de l’entreprise de la période de prise de congés 2 mois avant l’ouverture de la période (article D3141-5 du Code du travail)
- L'ordre des départs en congé est communiqué, par tout moyen, à chaque salarié 1 mois avant son départ (article D3141-5 du Code du travail).
« La loi empêche l’employeur de prendre des décisions complètement arbitraires, poursuit Marijke Granier-Guillemarre. S’il impose son planning, il est censé fixer les congés après consultation des délégués du personnel, les communiquer aux intéressés au moins un mois avant la date choisie et surtout pouvoir se justifier. » En clair, s’il accepte les dates d’un salarié et pas d’un autre, il doit pouvoir expliquer quels critères (ancienneté, vie familiale, etc.) il a pris en compte.
3 - Idée reçue : l'employeur peut séparer les couples pendant les congés payés
Faux. Que les collègues amoureux se rassurent : ils pourront partir ensemble quoi qu’il arrive... Si leur relation a été contractualisée. « À condition qu’ils soient mariés ou liés par un PACS, deux collègues au sein d’une même entreprise ont droit à un congé simultané, précise l’avocate. Cette règle est fixée par le Code du travail et les éventuelles nécessités d’un service n’y changent rien. » (article L3141-14 du Code du travail).
4 - Le salarié a droit à 2 semaines minimum de congés payés
Vrai. « Le salarié doit prendre au minimum 12 jours consécutifs de congés payés (article L3141-23 du Code du travail) et au maximum 24 jours pendant la période d’été, c'est-à-dire entre le 1ᵉʳ mai et le 31 octobre (article L3141-13), explique Leslie Levasseur, consultante en droit social et co-auteure du guide Congés payés : guide pratique ». L'employeur peut décréter que la période principale de prise de congés s'étend au-delà du 1er mai - 31 octobre.
Pour rappel, chaque mois de travail ouvre droit à 2,5 jours ouvrables de congés, soit 30 jours ouvrables pour une année complète de travail (C. trav., art. L3141-3). Attention à vos congés payés non pris, ils risqueraient d'être définitivement perdus. Le salarié a donc bien droit à cinq semaines de congés par an. Les deux semaines minimum correspondent simplement à la durée minimale obligatoire du congé principal pris en été.
Bon à savoir : depuis la loi Travail du 8 août 2016, un salarié peut faire une demande de congé payé dès son embauche, sous réserve d'accord de l'employeur, et n'est donc pas obligé d'attendre l'ouverture de ses droits au 1ᵉʳ juin de l'année suivante (article L3141-12)).
5 - Des jours de congés payés supplémentaires peuvent être accordés
Vrai. Des journées supplémentaires de congés payés peuvent être accordées au salarié (C. trav., art. L3141-23), s’il fractionne ses congés au-delà du 12ᵉ jour :
- 2 jours ouvrables de congé supplémentaire lorsque le nombre de jours de congé pris en dehors de la période s’étalant entre le 1ᵉʳ mai et le 31 octobre est au moins égal à 6 jours ;
- 1 jour ouvrable de congé supplémentaire lorsque le nombre de jours de congé pris en dehors de la période s’étalant entre le 1ᵉʳ mai et le 31 octobre est compris entre 3 et 5 jours.
Bon à savoir : si vous souhaitez bénéficier de congés supplémentaires, pensez au congé sans solde. Adressez votre demande de congé sans solde par lettre ou email à votre employeur.
6 - L'employeur peut modifier mes dates de congés payés
Vrai et faux. L'employeur peut changer les dates de congés du salarié jusqu'à un mois avant le départ. A moins d'un mois du départ, il ne peut plus changer les dates, sauf :
- Délai différent fixé par l'accord d'entreprise ou d'établissement ou, à défaut, par la convention ou accord de branche.
- Circonstances exceptionnelles (article L3141-16 du Code du travail).
À noter : la notion de circonstances exceptionnelles n’est pas définie par le Code du travail. Il appartient donc au juge de l’apprécier au cas par cas.
7 - Le salarié peut reporter ses congés d’une année sur l’autre
Vrai et faux. Le report des jours de congés acquis mais non pris durant la période de prise des congés est possible en cas d'accord entre l'employeur et le salarié. Si de nombreux salariés sont tentés de demander à reporter certains jours d’une année sur l’autre, ou de s’en faire payer une partie, « cette pratique commence à être sérieusement encadrée », tempère Marijke Granier-Guillemarre.
Dans un arrêt du 18 mars 2015, la Cour de cassation confirme qu'il appartient à l'employeur de prendre les mesures pour que son salarié prenne ses congés. « Cet arrêt rappelle aux employeurs leurs obligations de sécurité. En effet, il y a des secteurs comme l’informatique, où on observe des "crédits" de congés faramineux parce que certains cadres n'ont pas le temps de prendre leurs congés. Or, ils doivent aussi se reposer… »
8 - Si le salarié ne respecte pas les dates, il peut être licencié
Vrai et faux. « Partir en vacances contre l'avis de son employeur est une cause réelle et sérieuse de licenciement voire une faute grave », rappelle Stéphane Thibault. Cet ancien DRH décrit un grand classique : le salarié qui ne rentre pas à la date prévue. « Si le salarié tarde trop, son attitude peut être considérée comme un abandon de poste. » En revanche, si « l'employeur a modifié ses dates de congé sans lui justifier de circonstances exceptionnelles par exemple, observe Marijke Granier-Guillemarre, c’est l’employeur qui est en tort aux yeux de la jurisprudence. » Et non pas le salarié.
9 - Un salarié en CDD a aussi droit à des vacances
Vrai. Le salarié en CDD bénéficie des mêmes droits à congés payés que le salarié en CDI. Il acquiert et prend ses congés payés dans les mêmes conditions. S’il ne peut pas prendre tous ses congés avant le terme de son CDD, il bénéficie d'une indemnité compensatrice de congés payés.
