La fiche de paie virtuelle, c'est pour (presque) tout de suite

Sylvia Di Pasquale

Le numérique s'immisce partout, même dans nos bulletins de paie. Et la généralisation des feuilles de salaire virtuelles ne devrait pas faire un pli. C'est que, justement, les entreprises en ont plus qu'assez du pliage fastidieux et des onéreuses séances d'affranchissement.

La fiche de paie virtuelle : économique mais sans valeur juridique

Elles ont d'ailleurs chiffré l'effort : 190 millions d'euros par an. Pas rien. Du coup, obtenir le même résultat d'un simple clic est tentant. Même si l'entreprise doit investir dans un nouveau logiciel de paie. Jusqu'à présent, la non-prolifération du bulletin de salaire expédié par mail s'expliquait par les réticences des employeurs : pour l'Assedic, les banques, le tribunal des Prud'hommes ou pour tout autre organisme demandant une justification officielle, le virtuel n'a pas de valeur juridique. Ce qui n'empêche pas 14 % des feuilles de salaire d'être ainsi livrées aux salariés. Simplement, en cas de besoin, ils en passent par leur département RH qui ne peut leur refuser de leur remettre des bulletins officiels.

Une pratique qui tend à se développer

Sans doute plus pour longtemps car Jean-François Copé, ministre délégué au Budget et à la Réforme de l'Etat est monté au créneau au mois de juillet. Dans les 45 mesures que comporte son projet de loi de simplification du droit, figure l'officialisation de la fiche de salaire virtuelle. Les textes seront discutés à l'assemblée au cours de la session d'automne actuellement en cours et pourraient s'appliquer dans quelques mois.

Une généralisation de la pratique est donc à prévoir et le cabinet d'études Markess International ose un pronostic : d'ici deux ans, un tiers des 1,5 millions d'entreprises françaises devraient en passer par le numérique pour leur petite correspondance mensuelle à leurs employés.

Le coffre virtuel

Restent néanmoins quelques obstacles à lever pour que l'opération puisse se dérouler sans encombre. Car l'équipement des Français en matière informatique, pour important qu'il soit, n'est pas général. Les entreprises devraient donc rendre ce système facultatif, au moins dans un premier temps. D'autant que nombre de nos concitoyens sont encore sceptiques quand à la confidentialité de l'envoi de données par le Web. Et puis, la pérennité de ces fichiers reste un problème. Car les feuilles de paie sont des éléments qui doivent être conservés tout au long de la vie. Or, leur stockage sur des disques durs d'ordinateurs personnels dont la durée de vie ne dépasse pas quelques années risque de poser quelques soucis. Jean-François Copé, décidément fan d'informatique, a trouvé la parade. Il a fait grimper un coffre fort virtuel dans son train de mesures. Il s'agit d'un espace de stockage sécurisé en ligne dont disposera chaque français. L'heureux possesseur pourra y glisser tous les documents administratifs qu'il souhaite grâce à un code d'accès confidentiel. La livraison de ces meubles numériques est prévue dans le courant de l'année prochaine.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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