Tous les aspirants à l'indépendance et à la création d'entreprise nourrissent une certaine crainte au moment du grand plongeon. Une appréhension qui, pour certains d'entre eux, peut s'avérer rédhibitoire et les empêcher de se lancer. Pour eux, comme pour ceux qui ne souhaitent pas être submergé par la paperasse liée à toute forme de création de société, ou tout début d'activité d'une profession libérale, le portage salarial est une formule tentante. Et plus de 30 000 professionnels profitent actuellement de ce système.
Des atouts indéniables
Le principe s'avère intéressant. La société de portage salarie ces nouveaux indépendants en fonction du chiffre d'affaires qu'ils apportent. A eux de démarcher les clients, au tarif qu'ils auront défini. Mais c'est la société qui se charge de la facturation, de la relance éventuelle et de l'encaissement. Le porté, lui, se contente de toucher son salaire. Inutile d'aller soi-même au devant des Urssaf et des multiples administrations. En prime, certaines bonnes maisons de portage pourront même lui proposer des services de formation ou des infrastructures diverses (salles de réunion, matériel de bureautique, etc.) Autant de soucis en moins pour le nouvel indépendant. En plus, le fait de ne pas être isolé au moment de prendre sa carrière à bras le corps n'est pas négligeable.
Des défauts à connaître
Restent les inconvénients de la formule. En premier lieu, son prix. Grosso modo, le porté ne touchera au final que 50 % des sommes qu'il facture. Le reste servant à couvrir les charges sociales que la société de portage doit acquitter comme tout employeur ainsi que ses frais de fonctionnement. Des charges bel et bien défalquées de la paie du porté - comme de celle de n'importe quel salarié - mais qui, paradoxalement ne lui offre pas à coup sûr les mêmes avantages que ces derniers. Car s'il cotise aux Assedics, rien ne garantit qu'il touche des indemnités de chômage lorsque son contrat prend fin ou que cesse son activité. En fait, chaque inscription est traitée au cas par cas. Certaines antennes Assedic on refusé des indemnisations sous le prétexte qu'il n'y avait « aucun lien de subordination entre l'employé et l'employeur ». Aujourd'hui, aucune règlementation n'oblige l'organisme à prendre en charge les salariés « licenciés » par leur société de portage. Une dizaine d'ex-portés ainsi déboutés ont mis leur sort entre les mains de la justice pour obtenir réparation. Ce flou dans la réglementation est par ailleurs examiné par un groupe de travail interministériel qui sera amené à trancher.
Prendre le temps de comparer
Cette question, toujours en suspens, peut donc faire réfléchir ceux qui souhaitent se lancer dans l'aventure de l'indépendance salariée, comme peut rebuter le coût du portage. Car, entre les formules d'entreprises individuelles et les aides, notamment fiscales, liées à la création d'entreprise, il n'est pas du tout certain que le coût d'une vraie création soit plus important que celui du portage. En revanche, il est une position où ce dernier s'avère largement plus intéressant que toutes les autres formules connues : il s'agit des cas de travail indépendant partiel. Que ceux qui le pratiquent soient déjà salariés et souhaitent faire quelques heures de consulting supplémentaires, ou qu'ils soient chômeur indemnisé, le portage reste la meilleure solution. A condition que les chercheurs d'emploi qui travaillent en indépendants ne dépassent pas, avec leurs nouveaux revenus, 70 % de leur ancien salaire, ils continueront à toucher des indemnités, certes allégées d'une partie de leurs revenus de simili-indépendants. Une forme d'activité à temps partiel qui est d'ailleurs largement encouragée par l'ANPE.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.