C'est que depuis trois ou quatre ans, nombre de sociétés proposent de curieux packages aux entreprises. Moyennant un abonnement variable allant de 20 à 40 euros par mois, une voiture de fonction peut être suivie à la trace. Depuis son ordinateur, un responsable de flotte, ou toute autre personne munie d'un code d'accès peut savoir à quel endroit se trouve l'un des véhicules équipé et ce, avec une précision de moins de dix mètres. Par conséquent, et à moins que celui-ci ait lâchement abandonné sa voiture, il est tout aussi facile de localiser son conducteur. Une surveillance d'autant plus aisée à mettre en place que le matériel utilisé n'a rien d'une usine à gaz. Un petit boîtier dans la boite à gant, une antenne sur le toit de la voiture, et le tour est joué.
Un outils au service de la sécurité
A l'origine, cette traçabilité a été mise en place dans un but aussi pratique que louable. Pour les gestionnaires de flottes importantes (loueurs, transporteurs) un tel procédé, couplé à un logiciel adéquat permet de disposer de statistiques précises et nécessaires (nombre de véhicules disponibles, entretien à effectuer en fonction du kilométrage, etc.) De plus, ces « mouchards » peuvent être raccordés à des systèmes d'alertes qui se déclenchent automatiquement en cas d'accident, ce qui permet une intervention ultra rapide des secours. Utile lorsque l'on sait que l'accident de voiture est le premier des accidents du travail.
Les dérives de la géolocalisation
Mais ce système permet également toutes les dérives. C'est une manière infaillible de vérifier que ce commercial a honoré tous les rendez-vous qu'il avait fixés ou c'est une façon de contrôler que les notes de frais d'essence réclamées par ce cadre correspondent effectivement à des parcours effectués en semaine. Car l'affaire devient plus gênante encore lorsque le véhicule de fonction, et c'est souvent le cas, est utilisé à des fins personnelles. Par le biais de la géolocalisation, tout déplacement est répertorié et devient très facile à conserver. Combien de véhicules sont ainsi tracées à travers le pays ? Le dernier recensement en date fait état de 25 000 équipements en circulation. Mais ce chiffre date de 2001. Aujourd'hui, les professionnels s'accordent à dire que ce nombre a été multiplié par quatre, au moins. Un engouement qui a amené la Cnil (Commission nationale informatique et libertés) à se pencher sur le problème. Elle devrait rendre son verdict d'ici peu et devrait vraisemblablement tenter de circonscrire ces dérives. Même si son avis risque de ne pas être immédiatement suivi d'effets, il permettra au moins aux victimes de ce type de procédé, celles qui sont sanctionnées sans avoir été prévenues de la mise en place d'un tel système, de pouvoir opposer quelques solides arguments face à leurs employeurs indélicats. Y compris devant la justice.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.