La « prise de références professionnelles » est un acte tout à fait légal, à condition d'être dans la confidence. D'ailleurs le fait que l'on vous pose la question est plutôt de bon augure : puisque cet honneur est généralement réservé aux finalistes d'une course au job. Et votre interlocuteur cherche à conforter l'impression qu'il a de vous. Mais pour légitime qu'elle soit, la prise de référence est cependant encadrée par la loi pour limiter les abus.
Le respect de la vie privée du candidat
Il est courant, et plutôt logique, de ne pas informer son employeur actuel d'une recherche d'emploi. Mais pour évident que soit ce pieux mensonge, il vaut mieux le préciser d'emblée au recruteur. Même si, comme le rappelle la Cnil (Commission nationale informatique et libertés), cette opération ne peut se faire sans le consentement de l'intéressé. Une règle qui concerne vos patrons actuels comme vos ex. Reste que même si vous avez donné votre accord, les questions de votre interlocuteur ne doivent pas s'égarer au-delà de la sphère professionnelle. Pas question de collecter des informations sur votre état de santé, vos préférences sexuelles, votre logement, la profession de votre conjoint, vos goûts, vos loisirs, etc. Pour que cette règle soit respectée, encore faut-il que l'employeur appelé respecte certains impératifs de confidentialité. Et la limite est parfois étroite entre privé et travail. Comment définir les qualités d'un cadre, sans évoquer sa psychologie ? Un exercice d'autant plus délicat que nombre de dirigeants et d'employeurs ne sont pas préparés à de telles demandes et ne connaissent pas cette règle de confidentialité.
Révélations nuisibles, quels recours ?
Il est pourtant des domaines où il est facile d'éviter les dérapages. Et certaines révélations respirent clairement l'intention de nuire. Ainsi cet employeur qui a révélé l'homosexualité de l'un de ces ex-salarié lors de l'appel d'un recruteur. Un acte puni par la loi (article L 121-6 du Code du travail). Mais si celle-ci est bien faite, sa mise en application n'est pas évidente. Evidemment, si un recruteur se sert de ce type d'informations confidentielles pour vous évincer, vous pouvez l'attaquer en justice. Le Code civil (article 1382) prévoit des réparations en votre faveur si vous pouvez prouver le préjudice subi. Exercice on ne peut plus difficile.
Finalement, la « prise de référence » produit parfois des effets malsains. Et, au-delà de la pure délation d'informations confidentielles, il arrive que certains employeurs, soucieux de garder leurs ouailles bourrées de qualités, en dressent un tableau si noir qu'ils ne peuvent se faire embaucher ailleurs. D'autres, à l'inverse, tressent des lauriers de dithyrambes lorsqu'on les appelle au sujet d'un cadre dont ils souhaitent se débarrasser. La prise de référence doit être maniée, par toutes les parties, avec prudence.
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.