Qu’est-ce qu’un entretien professionnel ?
On nomme entretien professionnel, le rendez-vous auquel un employeur convoque un salarié pour s’entretenir avec lui de son projet professionnel. C’est l’occasion pour le salarié de parler de l’évolution de sa carrière et de ses perspectives d’évolution au sein de l’entreprise, et d’identifier avec son employeur les formations pouvant lui être utiles.
L’entretien professionnel est règlementé par l’article L6315-1 du Code du travail qui prévoit que l’employeur doit recevoir son salarié :
- pour évaluer « ses perspectives d’évolution professionnelles, notamment en terme de qualification et d’emploi » ;
- pour lui fournir des informations « relatives à la validation des acquis de l'expérience, à l'activation par le salarié de son compte personnel de formation, aux abondements de ce compte que l'employeur est susceptible de financer et au conseil en évolution professionnelle ».
L’entretien professionnel est obligatoire : tous les employeurs sont tenus de l’accorder à tous leurs salariés.
Important : attention à ne pas confondre entretien professionnel et entretien annuel d’évaluation. L’entretien professionnel consiste en une discussion concernant la situation et la carrière professionnelle du salarié, il n’a pas vocation à évaluer ses résultats ni à lui fixer des objectifs de travail.
Quand faire l’entretien professionnel ?
Le salarié a le droit de bénéficier d’un entretien professionnel tous les 2 ans, et l’employeur doit d’ailleurs le lui notifier lors de son embauche (C. trav., L6315-1).
L’employeur doit également recevoir systématiquement en entretien professionnel les salariés :
- de retour de congé maternité, paternité ou d’adoption ;
- de retour de congé parental d’un congé de proche aidant ;
- de retour d’un congé sabbatique ou d’une période de mobilité volontaire ;
- qui reprennent un travail à temps plein après une activité à temps partiel ;
- à l’issue d’un mandat syndical ;
- ayant été absents du fait d’un long congé maladie (congé maladie de plus de 6 mois).
Enfin, le Code du travail prévoit que tous les 6 ans l’entretien professionnel donne lieu à « un état des lieux récapitulatif du parcours professionnel du salarié » afin d’apprécier si le salarié a suivi une formation, a acquis une certification, et a bénéficié d’une progression dans sa carrière.
Chaque entretien professionnel (y compris les entretiens récapitulatifs) doit donner lieu à un compte-rendu écrit que l’employeur remet au salarié.
Bon à savoir : dans certaines entreprises, un accord collectif ou de branche peut prévoir un cadre et des périodes différentes pour la tenue et l’organisation des entretiens professionnels des salariés.
À noter : dans le contexte de l'épidémie de Coronavirus, l'ordonnance n° 2020-1501 du 2 décembre 2020 fixe une nouvelle échéance pour réaliser l’entretien professionnel "2 ans" et l'entretien professionnel “6 ans”. Les employeurs ont jusqu'au 30 juin 2021 pour s'acquitter de leurs obligations. La nouvelle ordonnance suspend jusqu'à la même date les sanctions associées en cas de manquement.
Qui réalise l’entretien professionnel ?
Le Code du travail ne comportant aucune précision à ce sujet, chaque entreprise peut organiser à sa convenance le déroulement des entretiens professionnels.
Ceux-ci peuvent ainsi être réalisés :
- par l’employeur lui-même, au sien d’une petite entreprise ;
- par le manager du salarié ;
- par le chef d’une équipe ;
- par le directeur des ressources humaines ou un autre salarié de ce service.
À noter : l’entretien professionnel doit avoir lieu au sein de l’entreprise, sur convocation du salarié, durant ses heures de travail (il est à ce titre considéré comme du temps de travail effectif).
Bon à savoir : certaines entreprises choisissent d’externaliser l’entretien professionnel en faisant appel à des prestataires spécialisés.
Pourquoi faire un entretien professionnel ?
L’entretien professionnel est destiné aux salariés, mais il bénéficie aussi à l’entreprise.
L’entretien professionnel du point de vue du salarié
L’entretien professionnel bénéficie au salarié dans le cadre de son emploi actuel, mais également à plus long terme pour son plan de carrière, qu’il s’agisse de renforcer ou de compléter ses compétences par la formation, ou de les reconnaître par la validation des acquis par expérience.
Le salarié peut profiter de l’entretien pour faire part à son employeur :
- des difficultés qu’il rencontre et d’un besoin de formation relatif à ces difficultés (exemples : informatique, management, langues) ;
- de son désir d’évolution professionnelle et d’une envie de formation lui permettant de changer de poste ou de prétendre à un poste plus élevé ou nécessitant plus de responsabilités ;
- d’une envie de reconversion professionnelle pouvant être opérée en interne ;
- de son souhait de voir reconnues et matérialisées par un diplôme ou une formation continue les compétences acquises sur le terrain.
Notre conseil Cadremploi : si vous avez du mal à juger de votre parcours et à penser votre projet professionnel, vous pouvez demander à votre employeur de faire un bilan de compétences.
L’entretien professionnel du point de vue de l’employeur
L’employeur peut, lors de l’entretien professionnel, confronter les perspectives de carrière de ses salariés à ses propres besoins et aux projets de développement de l’entreprise.
Un employeur peut ainsi tirer parti des entretiens professionnels pour :
- accompagner un salarié en difficulté et combler ses carences par une formation ou organiser son transfert vers un autre poste ;
- identifier les compétences de chacun de salariés acquises et pouvant être développées ;
- expliquer aux salariés les axes de développement envisagés et présenter les postes à pourvoir dans le cadre de ces évolutions ;
- tenir compte des aspirations de ses salariés dans ses perspectives et favoriser la motivation et le bien-être au travail.
Important : le salarié que l’employeur n’a pas reçu en entretien et qui n’a pas pu bénéficier dans les 6 années précédentes d’une action de formation a le droit d’obtenir de son employeur un abondement de 3 000 euros sur son compte personnel de formation (CPF) s’il exerce dans une entreprise de plus de 50 salariés. En dehors de cette disposition du Code du travail, il n’est pas prévu de sanction si l’employeur ne reçoit pas ses salariés en entretien professionnel.
Éditrice et rédactrice juridique, Mathilde Palfroy s’intéresse à tous les sujets pratiques du quotidien. Elle rédige pour Cadremploi des articles sur des thématiques liées à l’emploi et à la carrière. En plus de ses collaborations avec différents éditeurs spécialisés, elle assure également le suivi d’ouvrages de littérature générale aux éditions de la Rémanence dont elle est la fondatrice.