« Au taux horaire, on gagne souvent plus dans les petits cabinets »

Tiphaine Réto

Le groupe Hays a publié en septembre 2009 une étude des rémunérations dans les métiers de l'audit et de l'expertise comptable. Bénédict Wittet, manager de la division audit et expertise comptable revient pour Cadremploi sur les possibilités de salaire dans le secteur pour les jeunes dip'.

Quel est le salaire de base pour un jeune diplômé intégrant une entreprise dans les milieux de l'audit et de l'expertise comptable ?

Il y a de fortes différences entre les grands cabinets du Big Four (Deloitte, Ernst & Young, KPMG, PriceWaterHouseCoopers) et les cabinets de moyenne taille, beaucoup plus nombreux. Pour un expert comptable, on estime le salaire entrant entre 26 et 32 000 euros. On gagne à peu près 2000 euros de plus dans l'audit. La raison est simple : l'audit propose des prestations à des entreprises relativement importantes, plus enclines à des facturations élevées. Ceci dit, les experts comptables peuvent aujourd'hui faire valoriser leur savoir-faire en expertise comptable. Comme le milieu attire moins, il y a plus de postes à pourvoir.

 

La crise a-t-elle eu un impact sur les salaires dans le secteur ?

De manière générale, il y a une réduction des postes disponibles. Les employeurs ont donc plus de choix et peuvent négocier à la baisse. En audit, les candidats, habituellement peu disposés à revoir à la baisse leur salaire, sont prêts à faire des concessions pour pouvoir changer de postes. A l'inverse, certains secteurs ont pu se développer, notamment dans l'expertise judiciaire. Ce sont des niches auxquelles correspondent encore peu de profils sur le marché et les salaires ont bien résisté. Après, là encore, tout dépend des profils.

 

Quels sont les profils qui peuvent se permettre de négocier ?

Les spécialistes. Je pense notamment aux personnes voulant travailler dans les pôles spécialisés, type banque-assurance. Les plans comptables du secteur bancaire sont différents des autres. Il faut donc des personnes qui connaissent vraiment le milieu et qui aiment y travailler.

 

Entre un diplômé d'université ou un diplômé d'école de commerce, les salaires à l'embauche seront-ils très différents ?

Entre une université réputée et une petite école de commerce, ça ne fera aucune différence. Je dirais même qu'aujourd'hui entre un Bac+5 et un Bac+2, il n'y a plus de fossé de rémunérations. Dans les petits cabinets, notamment, on se rend compte que les études sont certes très bonnes, mais ne permettent pas ou peu la pratique. Résultat : là où un titulaire du DSCG en expérience pourra demander un salaire entrant de 27 000 euros, un candidat ayant fait un bac+4 en alternance pourra obtenir 30 000 euros. Le marché ne reconnaît pas la formation comme de l'expérience, puisque quoi qu'il arrive, il faut passer par les bases. En revanche, les bac+5 ont tendance à évoluer plus loin au long de leur carrière.

 

A défaut de négocier son salaire à la hausse, peut-on jouer sur d'autres avantages, comme les primes ou les intéressements ?

Ces avantages font partie du contrat proposé par le cabinet et ne sont que rarement négociables. D'une manière générale, ce sont les cabinets de moyenne taille qui font de plus en plus d'efforts. A défaut de pouvoir promettre un salaire aussi conséquent que les Big Four, ils attirent les candidats avec toute sorte de propositions comme un intéressement, un plan épargne entreprise, des horaires aménagés, ou une indemnité sur la mutuelle. Ils offrent un confort de vie en quelque sorte. D'ailleurs, au taux horaire, on gagne souvent plus dans les petits cabinets puisqu'on y fait moins d'heures.

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Tiphaine Réto
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