Baisser ses prétentions salariales pour le job de ses rêves, bonne idée ?

Céline Chaudeau

Sur le papier, un tiers des Français se disent prêts à accepter un salaire inférieur pour décrocher le job de leurs rêves. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Et comment ça se passe dans la réalité ?
Baisser ses prétentions salariales pour le job de ses rêves, bonne idée ?

C’est une question qui lui parle. Accepterait-elle de quitter son emploi pour un job moins bien payé mais plus proche de ses aspirations ? Un jour, Marion de La Forest Divonne l’a fait. « J’avais pourtant une situation enviable sur le papier, se souvient-elle. Après des études en marketing, elle se retrouve responsable commerciale pour une marque de prêt-à-porter. » Auteure du livre Réinventer sa vie professionnelle...  quand on vient de la commencer (ed. Eyrolles), elle revient volontiers sur son questionnement. « Ce n’était pas exactement le poste que j’avais en tête pendant mes études et j’avais une petite voix intérieure qui me disait que je rêvais d’autre chose. » Ce dont elle rêve, c’est de plus de contact humain, de sens et d’autonomie. Aujourd’hui, elle est formatrice et consultante dans une société de coaching. Rien à voir. « Le salaire non plus quand on se lance dans une nouvelle voie, sourit-elle. Mais j’étais tellement plus épanouie et en phase avec moi même que je ne l’ai pas regretté. »

Lire aussi : Comment répondre à la question sur vos prétentions salariales ?

 

Les 18-34 ans prêts à franchir le pas, mais pas que…

Quitter un job pour gagner moins mais vivre mieux, est-ce bien raisonnable ? En tout cas, c’est le pas, sur le papier, que beaucoup de salariés seraient capables de franchir. Dans une récente étude du cabinet Robert Half, un Français sur trois se dit prêt à accepter un salaire moindre pour décrocher le travail de leurs rêves. Dans le détail, si 60 % des personnes interrogées (et chanceuses) estiment qu’elles occupent l’emploi qu’elles ont toujours voulu exercer, 40 % des sondés reconnaissent quelques désillusions. Mais tous n’ont pas renoncé à trouver un poste plus épanouissant : 34 % des salariés sondés assurent en effet qu’ils étaient prêts à accepter un salaire moindre pour exercer le job idéal.

Sans surprise, ceux-ci sont majoritaires dans la classe d’âge 18-34 ans et domiciliés en Île-de-France. « Je suis moi-même issu de cette génération, témoigne Cédric Jourdan, intrapreneur et chargé de projets chez Groupama. Les millenials, et je le vois aussi parmi mes amis, ont un nouveau rapport à l’entreprise. » Il cite volontiers, une phrase récemment lue dans une tribune qui lui a bien plu : "Ma grand-mère travaillait pour manger, ma mère pour s’émanciper, moi ce sera pour kiffer". Les salariés ont besoin de trouver du sens et le salaire ne fait pas tout. » Mais ce cadre observe aussi que le mouvement s’étend à d’autres générations. « Je vois aussi des quarantenaires aspirer à la même chose. Les millenials auront été les premiers à revendiquer cette quête de sens, mais depuis, ils ont embarqué toutes les générations avec eux… »  Une récente étude du cabinet Robert Walters confirme cette tendance : la première motivation pour changer de fonction est aujourd’hui l’intérêt du poste (70 %), la deuxième étant l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle (56 %). Sur le papier, le critère de la rémunération n’arriverait qu’à la cinquième position, derrière la qualité du management et l’atmosphère et l’environnement de l’entreprise.

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Le salaire face à la guerre des talents

Le cabinet Robert Walters a prévenu les employeurs que le salaire seul n’attirerait pas les candidats les plus recherchés : ces profils sont en effet de plus en plus motivés par l’équilibre vie privée-vie professionnelle, la progression de carrière et la souplesse dans l’organisation de leur travail. Cependant, il serait prématuré de conclure que l’argent n’a aucune importance. « Les candidats, surtout en Île-de-France, ont quand même des besoins financiers. Et s’ils acceptent un salaire moindre, ils doivent trouver de vraies compensations ailleurs dans l’environnement et la qualité du poste. » Sans compter qu’accepter un poste moins bien payé n’interdit pas quelques ambitions. « J’ai changé de travail pour un poste moins bien payé mais qui me passionne plus, confesse Marion de La Forest Divonne. En même temps, j'ai quand même dans l'idée, un jour, de gagner un peu plus qu'aujourd'hui. Je n’aspire pas à gagner moins d'argent tout court. Beaucoup d’entre nous sacrifient notre confort financier de façon temporaire. » Après tout, selon une récente étude du département d’économie de l'Université de Warwick, au Royaume-Uni, le bonheur au travail augmenterait la productivité de près de 12 %. Cela vaut bien une augmentation, non ?

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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