Alors que l'incertitude s'est brutalement invitée sur le marché du recrutement des cadres, les traditionnelles études de rentrée sur les salaires sont quelque peu anachroniques. Le « Guide des salaires 2012 », éditée par la société Reed, porte sur les premiers mois de l'année 2011, « jusqu'en février-mars », précise son éditrice Claire Cabaret.
Exit, donc, les crises de la dette, les soubresauts du CAC et consorts, les mauvais chiffres du chômage, préciosités de ces derniers mois qui font dire à Antoine Morgaut, le CEO Europe et Amérique du Sud de Robert Walters que « tout a changé ».
Salaires des dirigeants en hausse
Avant ces dernières semaines douchées par la crise, « les salaires des dirigeants sont repartis à la hausse », rapporte Claire Cabaret. Les Directeur financiers, du marketing et des commerciaux ont ainsi vu leur rémunération augmenter respectivement de 13, 8 et 6 points. A 82.440 euros en moyenne, les salaires des DRH (+ 4 points) comme ceux des directeurs qualité (+ 5) ou des ventes (+ 4) ont aussi le vent en poupe. Grands perdants : les directeurs informatiques et industriels. Ces derniers ont vu leurs émoluments fondre de 7 et de 5 points.
Les écarts de salaires dans l'entreprise augmentent. Dans le commercial et la vente, par exemple, la rémunération globale moyenne se monte à 31 730 euros pour les femmes (-8%) et à 47 780 euros pour les hommes (-10%). Remarquons, en outre, le grand écart de haut vol qui persiste toujours - et ce à tous les niveaux de l'entreprise - entre salariés et salariées. Du côté des jeunes diplômés, « en 2010 et début 2011, il y a eu un mieux. Va-t-il durer ? », interroge Claire Cabaret.
Ecarts de rémunérations, augmentations ciblées...
« Chez les commerciaux, en contre partie, nous avons observé une hausse du fixe de 10%, les entreprises cherchant par là à limiter le turn-over, analyse Claire Cabaret. Mais globalement, nous avons eu plus de variable qu'attendu - secteur achat, finance, globalement de nombreuses fonctions techniques - car les entreprises cherchent avant tout à rationnaliser leurs coûts ».
Pour l'éditrice, « la conjoncture actuelle rend plus difficile les projections. Mais les entreprises devraient chercher à prendre les devants, malgré la crise, concernant les meilleurs profils », estime-t-elle. Des augmentations chirurgicales ? « Cela fait un an que l'on parle de guerre des talents. Les entreprises en prennent conscience. Nous restons pour l'instant dans le cadre d'augmentations qui sont individuelles, les augmentations collectives n'étant plus d'actualité », conclut Claire Cabaret. Rien de nouveau sous la grisaille, donc.
Marine Relinger © Cadremploi.fr
