Est : les métiers les mieux payés

Bruno Askenazi

Si les commerciaux de l'Est sont plutôt bien rémunérés, informaticiens et ingénieurs restent globalement moins valorisés que dans les autres régions.

L'Alsace et la Lorraine traitent bien les commerciaux. Leurs rémunérations restent dans cette région toujours un peu au dessus de la moyenne nationale, selon le dernier Baromètre Expectra des salaires des cadres à l'embauche. Première explication : l'Est doit maintenir des salaires suffisamment élevés pour continuer à attirer des profils expérimentés souvent tentés par la région parisienne ou le Sud. Par ailleurs, la proximité du Luxembourg où les salaires sont supérieurs de 20 à 30% obligent les entreprises locales du secteur banque, assurance ou commerce à s'aligner ou du moins à limiter les écarts pour recruter ou retenir les meilleurs. A titre d'exemple, le fixe moyen d'un commercial « home office » atteint les 35 000 euros annuel.

 

Les ingénieurs de l'industrie moins valorisés

En revanche, les salaires des ingénieurs « méthodes » ou « process » décrochent par rapport à la moyenne nationale. Si on les compare à ceux de l'Ile-de-France, l'écart peut atteindre moins 18%. « La région compte peu de sièges sociaux mais de nombreux sites industriels qui ont beaucoup souffert depuis le début de la crise, explique Françoise Weil, responsable de la région Est pour Expectra. Par ailleurs, ces entreprises dépendent très souvent de l'activité en Allemagne. Du coup, en 2009, le ralentissement économique a été beaucoup plus marqué dans la région Est». Reste que certaines catégories d'ingénieurs très demandés s'en sortent mieux, comme les logisticiens ou les spécialistes du « lean manufacturing » (rationalisation de la production) avec des rémunérations proches de la moyenne.

 

L'informatique décroche

Comme dans l'industrie, les métiers de l'informatique sont moins valorisés qu'ailleurs. L'Est se retrouve en queue de peloton pour les salaires de l'exploitation des systèmes. La fonction « développement » arrive même lanterne rouge des régions avec un écart de 11% par rapport à l'Ile-de-France. « La région compte peu de donneurs d'ordre dans le domaine du développement informatique et on manque d'éditeurs de logiciels, analyse Françoise Weil. Seules quelques compétences rares s'en sortent comme les développeurs Cobol en milieu bancaire dont les salaires ont évolué de 3% par rapport à l'an passé ». On s'attendait dans la région à une embellie sur les profils d'administrateurs. Malheureusement, les investissements des infrastructures tardent à se débloquer, ce qui implique un manque de visibilité et des salaires à l'embauche qui stagnent.

 

Les langues rapportent

Reste quelques niches sous tension dont les rémunérations continuent de progresser. C'est le cas des gestionnaires de paie. « Il y a très peu de candidats formés à ces métiers, explique Françoise Weil. La rareté de compétences a un impact sur les salaires qui ont bondi de 9% depuis un an ». Les contrôleurs de gestion restent également très recherchés dans la région avec des salaires au dessus de la moyenne nationale. Autre métier très bien payé, ceux nécessitant la maîtrise de deux ou trois langues étrangères autres que l'anglais. « La région est tournée vers l'exportation et a besoin de compétences pour ouvrir de nouveaux marchés, notamment vers les pays émergeants, indique Françoise Weil. Par ailleurs, les capitaux des entreprises sont souvent étrangers, notamment allemands. Ici, il y a toujours de bonnes raisons de maîtriser plusieurs langues».

Bruno Askenazi
Bruno Askenazi

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