Faut-il souscrire au diktat du 'Gagnez plus'?

Sylvia Di Pasquale

Une tradition tenace impose qu'un changement de job induise forcément un meilleur salaire. Faut-il pour autant refuser une offre sous prétexte qu'elle ne satisfait pas à cette règle tacitement admise? Réflexions de cadres qui ont tranché ce dilemme.

 

« Gagnez plus » versus « travailler mieux »



Le graal d'Hervé ? Travailler dans une ambiance plus saine. « Ces 10 dernières années, j'ai changé 3 fois d'entreprise pour 10 % de plus à chaque fois, résume cet expert en webmarketing, chassé en moyenne trois fois par mois. Aujourd'hui, je me situe dans la fourchette moyenne des salaires de mon métier. Je sais que je peux obtenir mieux, mais mes critères sont désormais plus quali : après avoir connu trois ambiances, trois cultures, trois types de management différents, je connais les limites de ce que je peux supporter ! » Comme Hervé, certains cadres refusent la surenchère pécuniaire comme étalon de carrière. D'autres valeurs ont pris du galon à leurs yeux, comme la qualité de l'ambiance entre collègues, les formations « pas bidons » pour faire évoluer les collaborateurs, ou encore les efforts de l'entreprise pour éviter le gâchis de ressources et respecter la planète. « A force d'individualiser les salaires, les entreprises encouragent leurs managers à se tirer dans les pattes. Je cherche au contraire une boîte qui cultive la performance collective. Avec des valeurs qui font gagner de l'argent sans détruire les individus », sourit Hervé.

 

 

La rémunération au-delà du salaire



Vous êtes actuellement payé au tarif en vigueur sur le marché ? La surenchère s'avèrera difficile sauf à présenter un profil que les chasseurs s'arrachent. D'autres avantages pécuniaires périphériques peuvent influer sur votre décision de changer de boîte. Des commissions plus importantes ou plus faciles à décrocher, des primes sur objectifs, un niveau d'intéressement ou de participation plus avantageux, une meilleure mutuelle... « Dans la banque, je ne pouvais rien obtenir de mieux car elles proposent toutes peu ou prou les mêmes avantages. J'ai alors négocié une voiture de fonction, explique Gaëlle, directrice de la communication institutionnelle d'une banque. Je suis constamment en représentation auprès d'une clientèle de notables, j'ai fait passer l'idée que je ne pouvais pas rouler en petite cylindrée, image oblige... » Un bel avantage puisque la voiture de fonction, si elle est prise totalement en charge par l'employeur, peut représenter un gain annuel de plus de 7 500 euros (budget moyen d'une voiture selon l'Automobile Club de France).

 

 

Accepter un poste moins qualifié, donc moins payé



Une gestion de carrière s'apparente parfois à de la stratégie militaire : il faut savoir battre en retraite pour mieux reprendre l'offensive et remporter la victoire. Aussi peut-il être intéressant de répondre positivement pour un poste légèrement sous dimensionné. A condition qu'il offre des avantages à long terme (Lire l'article « Chic, on m'offre un poste sous-dimensionné »). La possibilité d'acquérir les compétences qui vous manquaient pour décrocher un poste de manager est un atout indéniable pour ce type de poste. Surtout s'il est accompagné d'un plan de formation. Enfin, la perte d'une partie de salaire peut être parfaitement comprise, lorsque le poste en question correspond à une volonté, une passion ou un idéal. C'est le cas lorsqu'un cadre passe du privé au public, ou qu'il décide de travailler dans le milieu associatif.

 

 

Paris/Province : la verdure en plus, le salaire en moins



Il est une autre raison où la baisse de salaire se justifie, voire s'impose, en cas de changement de poste. Lorsqu'un cadre travaillant en région parisienne opte pour un poste en province. « J'ai perdu 20 % de ma rémunération en retournant à Grenoble, ma région d'origine, signale Christian, responsable juridique spécialiste en brevets. Pourtant, je suis dans un métier qui manque d'experts. Mais les pistes à portée de ski les font apparemment tous postuler dans ce coin. J'ai quand même réussi à négocier une prime de déménagement et la prise en charge d'un loyer pendant 3 mois. Car l'entreprise voulait que j'arrive le plus tôt possible. » Une perte de salaire qui ne diminue pas forcément son pouvoir d'achat puisque le plus gros poste de dépenses des ménages, en l'occurrence l'immobilier, peut s'avérer deux fois moins cher selon la région où il atterrit. Une perte sèche qui peut parfois se transformer en véritable gain financier.

 

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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