
Les primes de bienvenue
La prime de bienvenue prend différents noms : "golden hello", "golden handshake", prime de rideaux. Elle sert, à l’origine, en partie, à compenser le prix de la levée de la clause de concurrence que sera amené à payer le dirigeant qui va travailler chez un concurrent.
>> Le golden hello : jusqu’à 4 millions d’euros (chez Sanofi)
Les 4 millions de "golden hello" accordés à Olivier Brandicourt, le nouveau patron de Sanofi n’a pas manqué de surprendre, voire d’en émouvoir certains. « Des "welcome bonus" comme celui-là, on n’en voit pas tous les jours, insiste Jean-Paul Vermès, chasseur de tête spécialisé dans le recrutement de cadres et de dirigeants par approche directe. Cela arrive peut-être une fois tous les cinq ou dix ans. » Débauché de chez Bayer pour rejoindre Sanofi, le nouveau patron de l’empire pharmaceutique a eu droit à cette somme « en contrepartie des avantages auxquels il a renoncé en quittant son précédent employeur », précise un communiqué du groupe français.
>> Le golden handshake : une enveloppe de quelques milliers d’euros
« Le "golden handshake" ("poignée de main en or", en français), est une pratique, plus répandue dans les pays anglo-saxons, indique Philippe Arsac, président du cabinet Eurowin Consulting, spécialisé dans le recrutement de hauts profils dans l’informatique. Elle consiste à accorder une prime de bienvenue - en général de quelques milliers d’euros - à un nouveau dirigeant mais n’est pas limitée à une élite capitalistique. Je l’ai vu pratiquer depuis plusieurs années dans l’informatique pour des postes d’experts, de managers, de commerciaux et de direction. »
>> La prime de rideaux : déco, frigo, voyages
Le "package" de bienvenue peut aussi inclure une compensation suite à la perte de stock-options et des frais de déménagement. C’est pourquoi « on qualifie parfois ces avantages de "prime de rideaux", explique Jean-Marie Peretti, professeur et chercheur en ressources humaines. Mais évidemment, cela va un peu plus loin que de simples dépenses de décoration… » Auteur d’un guide sur les rémunérations, cet expert évoque plusieurs avantages souvent négociés par des dirigeants de tous secteurs. « Outre le déménagement, la décoration et parfois des travaux, cette prime peut aussi couvrir plusieurs dépenses de la famille du profil convoité comme des voyages pour lui faire découvrir une nouvelle ville ou rechercher des écoles pour les enfants. »
Bonus, stock option … : la part variable, sous conditions
Au salaire fixe s’ajoute une part variable qui récompense l’atteinte d’objectifs (cours en bourse, augmentation du chiffre d’affaires, rentabilité accrue, restructuration, etc.). « Elle peut doubler le salaire, poursuit l’expert, et est versée sous forme de bonus, voire de stock options quand l’entreprise est cotée en bourse. » Mais peut aussi chuter en cas de crise. Daniel Bouton, par exemple, PDG de la Société Générale en 2007, a vu son salaire chuter de 62 % en conséquence de l’affaire Kerviel (qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque). A noter : « cette part de la rémunération est rarement versée tout de suite, précise Philippe Arsac. Désormais, elle est souvent différée pendant une période définie pour éviter que les dirigeants n’obtiennent des résultats à court terme en sacrifiant le moyen terme. Ces bonus sont souvent soumis à des clauses de maintien des résultats, voire de maintien tout court du dirigeant dans l’entreprise. »
Voiture, téléphone, logement… les avantages en nature
Les avantages en nature sont les éléments de rémunération les plus visibles. « Une voiture de fonction et des équipements technologiques dernier cri », détaille Jean-Marie Peretti. Des équipements qui ne sont pas toujours uniquement des prêts. « On a déjà vu des dirigeants racheter une voiture de fonction ou des équipements informatiques à des tarifs intéressants », précise le spécialiste. Les avantages en nature peuvent aussi prendre d’autres formes. Celle de frais de réception, de représentation ou d’inscriptions à des cercles prestigieux, par exemple. « Chacun peut demander une bonne mutuelle, un contrat de prévoyance rassurant ou un complément de retraite », précise Jean-Marie Peretti. Ces retraites supplémentaires ou sur-complémentaires sont gérées en capitalisation, loin de certaines "retraites-chapeau" décriées.
"Golden parachute" ou prime de départ
Les indemnités de rupture, aussi appelées "golden parachute" ou prime de départ, peuvent atteindre plusieurs millions d’euros. Le prix à payer pour virer du jour au lendemain un cadre dirigeant (il peut être démis de ses fonctions par le conseil d’administration) et le soumettre à une clause de non concurrence. « Avant même d’arriver, le dirigeant sait donc qu’il disposera d’une assurance pour l’avenir et d’un complément de revenu intéressant pour voir venir en cas de licenciement… » déduit Jean-Marie Peretti. Car cette prime est négociée lors de la signature du contrat et versée en une seule fois. D’où le bruit médiatique qu’elle génère parfois. Comme ce fut le cas pour Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF, qui touchera, en plus de son salaire fixe annuel de 450 000 euros bruts, un parachute doré d’au moins 200 000 euros, selon Challenges.
Les retraites chapeau
Elles correspondent à un pourcentage fixe du salaire du cadre dirigeant, qu’il touchera une fois à la retraite chaque année de la part de l’entreprise dans laquelle il a terminé sa carrière. Il s’agit d’un régime de retraite surcomplémentaire qui vient s’ajouter au régime de base des caisses de retraite et à la retraite complémentaire. Lars Oloffson, ex PDG de Carrefour, touche ainsi près de 500 000 euros par an de retraite chapeau, relève Les Echos.
Les jetons de présence
Les cadres dirigeants qui siègent au conseil d’administration des sociétés anonymes ont droit à des jetons de présence. Une sorte de prime fixée par les actionnaires, lors d’une assemblée générale. Claude Bébéar (BNP Paribas, Vivendi, Schneider Electric, Axa), a ainsi touché 267 958 euros de jetons de présence en 2005.
