Les entreprises ont toujours autant de mal à délier les cordons de la bourse. D'après le 8ème baromètre du cabinet Expectra, les salaires des cadres à l'embauche en intérim ont diminué de 1,9% en 2010 après avoir déjà baisse de 1,6% l'an dernier.
Des entreprises frileuses
« Il y a une vraie frilosité des entreprises liée à leur très faible visibilité quant à la nature de la reprise économique», analyse Hugues Pariot, directeur général d'Expectra. « De plus, elles ont la possibilité de trouver de très bons candidats, au chômage ou en cours de PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi), qui ne sont pas exigeants côté salaire. En effet, ces derniers tiennent absolument à travailler leur employabilité ».
Le secteur commercial se distingue
Dans ce contexte, certains secteurs sont plus touchés que d'autres. L'ingénierie et l'industrie accusent la baisse la plus marquée pour cette année avec un repli des salaires de 2,5%, suivi par l'informatique et télécom (-1,5%), la comptabilité et la finance (-0,5%). En revanche, les ressources humaines et le juridique font de la résistance avec des niveaux de salaires inchangés. Seul le secteur commercial et marketing sauve la mise avec un gain de 1%.
Malgré ce bilan peu reluisant, le pire semble être passé. « On a touché le point bas. La machine redémarre mais de façon très pragmatique », avance Hugues Pariot qui décèle dans cette grisaille quelques signaux positifs. D'une part, les entreprises n'ont guère intérêt à baisser davantage les salaires à l'embauche. « Sinon, il y a un gros risque pour elles de perdre leurs meilleurs talents quand la reprise conjoncturelle se fera sentir », explique le directeur général d'Expectra. D'autre part, cette reprise semble enfin s'amorcer.
L'horizon se dégage
« Les recrutements d'ingénieurs R&D et d'ingénieurs en développement informatique se multiplient. Ce sont de bons indicateurs avancés. Dans le cas de la R&D, cela signifie que les entreprises se remettent à investir pour développer de nouveaux produits et services. L'horizon se dégage », veut croire Hugues Pariot qui se garde pourtant de tout triomphalisme.
« On nous annonce une croissance du PIB de 1,5% en 2010 or, pour l'instant nous en somme à seulement 0,5%. Il reste encore 1% à aller chercher pour rassurer notamment les PME et leur donner les moyens de recruter », conclut Hugues Pariot.
Méthodologie de l'étude des salaires des cadres :
Le baromètre des salaires Expectra est bâti à partir de l'ensemble des missions d'intérim réalisées par les experts de profils bac + 2 à bac + 5 : au total, pas moins de 133 000 fiches de paie ont été analysées, représentant 123 qualifications, dont 59 fonctions cadres et 64 fonctions ETAM, sur les métiers de l'informatique, de l'ingénierie, de la comptabilité finance, des fonctions RH et juridique, le commercial et le marketing. La règle imposant qu'un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu'un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires pratiqués au sein des PME.
Au global, ce sont plus de 6300 PME dont les effectifs sont inférieurs à 400 personnes qui sont représentées (53% en province et 47% en Île de France). Les évolutions de salaires à l'embauche enregistrées sur la période de septembre 2009 à mars 2010 versus la même période un an plus tôt traduisent ainsi les gains observés lors d'un changement de poste à qualification et à expériences égales.
Lire la suite du dossier :
Les salaires de l'intérim attirent les cadres
Intérim : les métiers qui offrent les meilleures évolutions de salaires
Informatique et télécoms : ces métiers qui ne connaisent pas la crise
Ingénierie et technologies industrielles : des salaires en berne
Comptabilité et finance : le comptable unique choyé
Commercial et marketing : les salaires des commerciaux explosent
Fonctions support : des hausses de salaires quasi-nulles
