"La crise actuelle n'a rien à voir avec celle de 2009"

Marine Relinger

Le point sur le marché du recrutement des cadres et sur le gain salarial attendu en 2012 en cas de mobilité avec Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half International France.

Le chômage des cadres reste limité à environ 5%, mais le marché du recrutement perd en fluidité. Quels sont les profils qui peuvent espérer bouger en 2012 ?

« Le volume global d’offres d’emploi se rétracte en cette période d’incertitude mais les tensions observées sur certains métiers, et les besoins croissants de remplacements dus aux départs à la retraite, maintiennent un certain dynamisme. Ainsi, la crise actuelle n’a rien à voir avec celle de 2009, où nous avions observé un décrochage brutal des embauches. Aujourd’hui, il faut faire la différence entre les secteurs qui souffrent (la finance de marché, et ce de manière structurelle), ceux qui sont partiellement ou faiblement impactés (comme la banque de réseau et l’assurance) et ceux qui embauchent davantage. Les cadres du middle management (40-60 K€) ont ainsi une carte à jouer sur le marché des fiscalistes ou sur celui des métiers du web. Dans ce dernier secteur, sur des profils de techniciens spécialisés, développeurs et web designer associés au web, nous allons vers une nouvelle guerre des talents. »

Comment se déroulent les process d’embauche en temps de crise pour les candidats ?

« Si les opportunités existent, les recrutements sont de plus en plus longs. Les recruteurs veulent être sûrs de leur choix et affichent un niveau d’exigence particulièrement élevé. Un process qui auparavant se bouclait à l’issue de 3 ou 4 entretiens peut aujourd’hui en compter 4 à 6. Pour les candidats, surtout s’ils sont en poste, c’est long. Mais ceux que nous chassons ne se montrent pas inquiets – la négociation de la période d’essai, par exemple, est rarement demandée -. Par contre, ces derniers se renseignent très précisément sur l’entreprise, sa stratégie, ses résultats, sa politique RH… Au final, le taux de confirmations [d’embauches effectives, NDLR] – qui correspond à plus de 80 % de nos opérations - demeure satisfaisant. »

La Dares a rapporté une baisse de 0.2% du pouvoir d’achat des cadres au premier trimestre, inflation comprise. Les grilles des salaires 2012 établies par votre cabinet (publiées dans ce dossier) marquent une atonie relative. Quelle est la marge de négociation des candidats ?

« Dans le cadre d’une mobilité, lorsqu’un candidat est chassé, le gain salarial est de plus ou moins 10%. Il est vrai qu’en 2012 ces augmentations à l’entrée seront globalement inférieures à celles que nous observions en 2011. Mais si le salaire fixe proposé par les recruteurs est stable, la part variable [en fonction des objectifs réalisés, NDLR] est bien plus facilement négociable. La discussion peut porter aussi sur les avantages (voitures de fonction, actions, congés, formation…), leviers que les entreprises mobilisent de plus en plus pour fidéliser leurs collaborateurs. »

Propos recueillis par Marine Relinger @ Cadremploi.fr

Marine Relinger
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