Quels salaires dans votre région en 2012 ?

Fiona Collienne

L'Ile-de-France, le Sud-Ouest et la région Rhône-Alpes continuent de dominer le classement des régions connaissant les hausses de salaires les plus significatives. Pour autant, certaines régions, moins habituées à truster le haut des baromètres, n'auront pas à rougir en 2012. Cap sur les principales tendances.

Ile-de-France : des salaires attractifs dans la finance

Certes, la région se fait doubler par le Grand-Ouest dans le classement des hausses de rémunération les plus importantes. « Mais le marché de l'emploi en Ile-de-France reste très actif et les salaires résistent bien », tempère Bruno Fadda, directeur associé de Robert Half pour la région. En 2012, ce sont les secteurs de l'ingénierie, de la finance et les fonctions commerciales qui sont les plus susceptibles de connaître une inflation salariale. Si on se focalise sur le secteur financier, dont on sait que le cœur bat par essence en région parisienne, les profils du contrôle de gestion, de la comptabilité, du contrôle financier et de la consolidation font partie des plus demandés. « Un candidat qui détient des compétences pointues dans ces activités est en position de force pour négocier son salaire », assure Bruno Fadda.

Nord : des négociations salariales limitées

La grande distribution reste la locomotive de l'emploi dans le Nord et les sociétés de vente à distance se multiplient. Conséquence : on note un besoin accru de techniciens, chefs de produits, acheteurs et logisticiens. Comme beaucoup de régions de France, le Nord souffre aussi d'une pénurie de comptables. Malgré cette rareté, « cette population de candidats détient une marge de manœuvre assez limitée en terme de négociation salariale », précise Guillaume Colein, directeur associé de Robert Half Finance & Comptabilité. Dans la région Nord, un comptable unique avec cinq ans d'expérience peut prétendre à un salaire brut annuel de 25 000 à 29 000 euros brut (contre 30 000 à 34 000 à Paris), selon l'étude de rémunération Robert Half 2011-2012. Toutefois, la région est de mieux en mieux classée dans les études salariales.

Grand Ouest : des commerciaux bien payés

Si la région se caractérise surtout par un riche tissu de PME, « le Grand Ouest est tout de même tiré par le secteur agroalimentaire qui se positionne en général assez bien en terme de rémunérations », précise Claire Cabaret, éditrice du Guide des Salaires 2012 publié chez Reed Business Information. Les fonctions commerciales et marketing tirent leur épingle du jeu. D'après le Guide, les commerciaux du Grand Ouest étaient rémunérés entre 2 et 5% de plus que la moyenne nationale. La région abrite également un nombre croissant de sociétés de services, notamment dans le secteur de l'informatique et des télécoms. Conséquence : les ingénieurs développement, les chefs de projet technique et les techniciens d'exploitation peuvent également s'attendre à une inflation salariale.

Sud Ouest : l'aéronautique, plutôt offrant

Grâce à la bonne forme du secteur aéronautique, le marché des cadres reste particulièrement dynamique dans le Sud-Ouest. « Le donneur d'ordre Airbus a annoncé un recrutement massif sur Toulouse en 2012 et toute l'économie de la région, notamment la sous-traitance aéronautique, devrait en ressentir les effets bénéfiques », explique Frédéric Benay, directeur exécutif du bureau Michael Page à Toulouse. Les ingénieurs aéronautiques, informaticiens et un grand nombre de techniciens resteront très recherchés, quitte à y mettre le prix. En 2011, selon le Guide des Salaires, « les ingénieurs des régions Languedoc et Midi-Pyrénées étaient payés environ 6% de plus qu'en Ile-de-France et 3% de plus que la moyenne nationale », précise Claire Cabaret, tordant le cou à certaines idées reçues sur l'écart salarial entre Paris et la province.

Méditerranée : peu d'augmentations prévues

Dans cette région qui continue à subir une décote de salaire importante par rapport à l'Ile-de-France (15 à 20% en moyenne), il ne faut pas s'attendre à une forte hausse des rémunérations en 2012. Les très nombreuses PME de la région n'en ont pas les moyens. Mais suite à l'installation de quelques sociétés d'envergure internationale, « les fonctions de contrôle de gestion sont tout de même assez demandées », remarque Raphaël Marraud Des Grottes, Manager chez Robert Half pour la région. Les domaines de la santé, de l'informatique, des nouvelles technologies et du BTP restent aussi très actifs. De manière générale, le salaire médian d'un conducteur de travaux en province est proche d'un parisien. Selon le baromètre des salaires d'Expectra, il était en moyenne de 32 290 euros brut en province contre 33 220 euros brut en Ile-de-France, en 2011.

Rhône-Alpes : des rémunérations en hausse

Cette région, caractérisée par un tissu économique local composé de PME, devrait rester très dynamique en 2012. « C'est l'une des régions les plus attractives en termes de salaires après le Languedoc-Midi-Pyrénées et l'Ile-de-France », assure Claire Cabaret. Le secteur des transports se porte bien. Quant à la filière ingénierie et industrie, elle recrute massivement dans les secteurs de la santé et de la biotechnique. Les ingénieurs d'étude et les techniciens de maintenance sont donc en position de force pour négocier leur salaire. Par ailleurs, les métiers de la finance sont à la recherche de compétences pointues : « les contrôleurs financiers et les contrôleurs de gestion industriels sont des profils plus rares donc on peut imaginer une inflation des salaires sur ces catégories », précise Raphaël Marraud des Grottes.

Grand Est : des salaires attrayants dans le pharmaceutique

Dans l'Est de la France, le secteur de l'automobile devrait continuer de profiter de la proximité de l'Allemagne. « Les constructeurs allemands étant très dynamiques, les équipementiers de la région qui travaillent pour eux sont prêts à mettre la main au portefeuille pour trouver des cadres intermédiaires », indique Mathieu Moisan, directeur de Michael Page Grand Est. Par ailleurs, les ingénieurs d'étude en électronique ou en électromécanique continuent à être demandés, notamment par les équipementiers du secteur électrotechnique qui travaillent avec l'Allemagne. Quant à l'industrie pharmaceutique, « elle se porte très bien depuis des années, a traversé la crise sans broncher et propose des métiers historiquement très bien payés », ajoute Mathieu Moisan. En 2012, ce secteur devrait continuer à traquer les ingénieurs en pharmacie et les techniciens de laboratoire et à bien les rémunérer.

Pour aller plus loin : voir notre dossier sur les salaires en régions (étude Expectra parue en septembre 2012).

Fiona Collienne © Cadremploi.fr

Fiona Collienne
Fiona Collienne

Vous aimerez aussi :