La loi handicap porte-t-elle un risque de discrimination ? (4/4)

L'équipe de Cadremploi

La loi handicap a eu pour effet bénéfique de donner davantage de place au handicap dans un monde qui ne lui ouvrait pas ses portes. Mais il faut être lucide : vu la crise économique qui s'éternise et le faible nombre de recrutements prévus en 2010, le respect de cette loi se fait aussi au détriment des autres candidats.

Discrimination positive

Sous couvert d'anonymat, les DRH reconnaissent qu'ils pratiquent une discrimination positive en faveur des candidats handicapés :

« Je reconnais que si j'ai 50 candidats dont 3 handicapés, je vais être tenté de faire de la discrimination positive à cause de mon quota. Le principe de recruter à compétences égales n'intervient même pas dans certains cas où je favorise clairement la personne handicapée, même si l'autre candidat est plus compétent sur le papier.. »

« Nous discriminons clairement les valides sur certains postes à faible qualification. »

« Je suis assez à l'aise avec le mot discrimination parce que j'estime qu'on m'y pousse sans me donner d'autres solutions. Tant qu'il y aura des quotas, je ne pourrais pas faire autrement. »

Ont-elles le choix ? se demande Marc Low, consultant du cabinet Scoreman RH Partners, qui rappelle deux chiffres :

« Pour réussir à atteindre les 6% au niveau national, il faudrait recruter 220 000 personnes handicapées dans les entreprises cette année. Or, les entreprises procèdent en moyenne à 900 000 recrutements par an...»

 

Une loi vertueuse ?

La loi affiche des objectifs ambitieux. Mais est-elle vertueuse ? Pour la majorité des intervenants, on demande à l'entreprise d'aller plus vite que la société. Tous regrettent également le manque d'évaluation globale de ses impacts. Mais personne ne remet en cause la nécessité d'agir :

« Il n'est pas normal que l'Etat soit obligé de mettre des contraintes de quotas. Mais reconnaissons que les choses n'évoluaient pas quand il n'y en avait pas. Nous trouverions légitime d'évaluer l'efficacité de toutes ces mesures. Que l'Etat ne se contente pas de dire qu'il a besoin du financement des entreprises pour régler des politiques publiques d'insertion de personnes handicapées. Nous voudrions savoir à quoi servent ces fonds ! »

 

 

Table ronde animée par Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - Mai 2010

Participants réunis par Marc Low du cabinet Scoreman - RH Partners

Marie-Dominique Faivre, DRH du CEA-Centre de Cadarache

Pierre Faure, responsable RH du CEA-Centre de Cadarache

Isabelle du Couëdic, DRH de la CAF Bouches-du-Rhône

Sylvie Brunet, directrice des affaires sociales du groupe ONET

Thierry Billion, DRH de CMA CGM

Florence Hernandez, responsable de la mission handicap de CMA CGM

Marc Fiori, DRH de L'Occitane

Serge Bornarel, délégué général UIMM (département 13 et 04)

Jean-Claude Mazza, DRH du Crédit Agricole Alpes-Provence

Corinne Bianquis, directrice du cabinet Scoreman - RH Partners

Marc Low, consultant du cabinet Scoreman - RH Partners

Stéphane AUCOIN Responsable région Méditerranée, Adenclassifieds

Sylvia DI PASQUALE Rédactrice en chef Cadremploi, Adenclassifieds

 

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