Plus une entreprise compte de femmes cadres dans son effectif, moins son cours de bourse ne s'écroule. C'est le résultat de la très sérieuse enquête de Michel Ferrary, professeur de management et ressources humaines au Ceram Business School, intitulée « CAC 40 : les entreprises féminisées résistent-elles mieux à la crise boursière ? ». Elle devrait faire comprendre aux entreprises leurs intérêts à modifier la donne. Car aujourd'hui, les femmes sont en effet toujours victimes de discrimination au travail, en particulier dans les hautes sphères du pouvoir : seulement 17 % des dirigeants français sont des femmes.
Le salut des entreprises passe par la féminisation
Sans volontarisme de la part des directions d'entreprises, la situation a peu de chances d'évoluer. Les 46 entreprises déjà labellisées égalité professionnelle montrent fermement leurs intentions... d'appliquer plus sérieusement la loi. Certaines ont choisi des actions plus volontaristes. Fin décembre 2008, 200 entreprises environ avaient sauté le pas en signant un accord professionnel sur la mixité. L'Orse (Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises) a rendu public sur son site www.egaliteprofessionnelle.org les textes d'accords professionnels de 14 entreprises visant la parité.
Des exemples à suivre :
PSA : formations des managers
PSA entend recruter pour chaque filière professionnelle une proportion de femmes équivalente à celle des candidatures reçues, garantir des niveaux de salaires équivalents et favoriser des parcours professionnels identiques entre hommes et femmes.
35 correspondantes féminisation ont été nommées au sein des différentes directions du groupe. Les managers ont bénéficié de programmes de formation et de guides de bonnes pratiques sur la mixité et la diversité. Résultats : l'évolution moyenne des rémunérations a été plus favorable aux femmes qu'aux hommes chez les ouvriers et identiques chez les Etam et cadres (excepté pour la catégorie 3C pour laquelle l'écart a été réduit depuis 2007). Mais PSA ne compte encore que 18,9 % de femmes ingénieurs et cadres (contre 15 % en 2002).
EDF : au moins une candidature féminine sur trois présélectionnées
Labellisé égalité, le leader de l'énergie entend lui aussi « recruter à minima le même taux de femmes que celui des filières de l'enseignement supérieur long dans lesquelles nous recrutons, explique-t-on chez EDF. Les cabinets de recrutement s'engagent, pour tous les recrutements cadre et maîtrise, à présenter aux unités au moins une candidature féminine sur les 3 candidatures présélectionnées, à compétences égales. » La mise en place du Cesu en février 2009 devrait ainsi aider les collaborateurs jeunes parents. Résultats : Les femmes représentent presque 30 % des salariés d'EDF fin 2008 et près de 23 % des cadres.
Aéroports de Paris : conciliation vie professionnelle et éducation des enfants
Signataire depuis 2003 d'un accord d'entreprise avec les partenaires sociaux sur l'égalité professionnelle, Aéroports de Paris a obtenu des résultats probants avec notamment la construction d'une crèche inter-entreprise, la création d'un temps partiel choisi jusqu'aux 6 ans de l'enfant (88 femmes et 4 hommes en bénéficient aujourd'hui), le maintien intégral du traitement pour les agents en congé paternité, la création d'un complément familial pour les agents ayant un seul enfant à charge. L'entreprise s'est également engagée à augmenter le nombre de femmes aux postes de cadres. Résultat : entre septembre 2003 et août 2004, sur 25 nominations cadres, 23 sont ainsi des femmes.
LCL : signature d'une charte de la parentalité
LCL veille à tenir ses engagements en matière de recrutement, de gestion de carrière, de rémunération et de formation. Début 2009, cette banque a signé une charte de la parentalité visant à faire évoluer les représentations liées à la parentalité dans l'entreprise, à créer un environnement favorable aux salariés-parents en particulier pour la femme enceinte et à respecter le principe de non-discrimination dans l'évolution professionnelle des salariés-parents. LCL compte cinq femmes au sein de son comité de direction générale, emploie près de 15 000 femmes, soit 59 % de l'ensemble de ses salariés.
Ernst & Young : accent mis sur la parentalité
Ce cabinet d'audit et conseil a instauré un programme de diversité ayant l'égalité homme-femme pour priorité. En France, les femmes associées ne sont que 19 %. Afin de les retenir, l'accent est mis sur la parentalité avec des initiatives telles que la permanence d'un médecin pédiatre experte en parentalité, un programme de mentorat et d'identification des femmes à haut potentiel, des déjeuners entre salariées et une personnalité féminine extérieure, etc.
Les disparités salariales sont censées disparaître à l'horizon 2010. De telles initiatives devraient donc se développer.
