Pour repartir de zéro, retour sur les bancs de l’école obligatoire
Stéphanie Marchal, responsable d’Octo Academy, est formelle : « Une reconversion totale vers les métiers du big data en partant de zéro ne se fait pas en quelques jours ni en quelques semaines. Il n’existe pas à l’heure actuelle de formations continues permettant de devenir un data scientist ou un data analyst en partant de zéro. » Pour des personnes déjà installés dans la vie active et qui souhaitent se former sur la durée au big data, il existe néanmoins quelques opportunités, comme par exemple le Master of science in big data analytics for business, délivré par l’IESEG, un programme d’un an accessible à des professionnels en reprise d’études (dans la finance ou la business administration notamment).
Des modules de rattrapage
Pour une remise à niveau complète en big data par le biais de la formation continue, il existe tout de même de quelques formations adaptées. C’est le cas notamment des deux parcours certifiant de data analyst et de data scientist délivrés par l’ENSAE-ENSAI. Sa directrice, Françoise Courtois, en dessine les contours : « Il s’agit de formations sur six mois à raison de trois jours par mois pour permettre à toute personne d’acquérir un véritable savoir-faire opérationnel et une très bonne maîtrise des techniques d’analyse de données et des outils informatiques nécessaires. » Tout est passé en revue au cours de ces formations : l’utilisation des outils informatiques des big data, la modélisation, la machine learning, le text mining, le graph mining… Des parcours certifiants qui apparaissent au fur et à mesure sur le marché. Dernier exemple en date : un certificat de data scientist appliqué au marketing, préparé en une dizaine de jours, que l’ISM va mettre en place à compter de la rentrée 2017.
Profils recherchés : la bosse des maths et des statistiques
À qui ces formations sont-elles adaptées ? « Pas forcément à des personnes qui ont déjà travaillé spécifiquement dans le domaine du big data. Ces parcours peuvent entrer dans un projet de reconversion pour des personnes travaillant dans le domaine de la finance, de la communication ou du marketing par exemple », constate Françoise Courtois. Reste qu’il faut quelques prérequis dans des connaissances techniques pour postuler, poursuit-elle : « On ne s’improvise pas spécialiste du big data sans avoir à la base une appétence pour des domaines de compétences tels que les mathématiques, les statistiques ou le langage informatique. Ces formations sont plus spécifiquement destinées à un public de niveau bac +5, ayant généralement un diplôme d’école d’ingénieurs. » C’est aussi l’observation faite par Jean-Marc Lazard, de la start-up OpenDataSoft, qui précise : « Travailler dans le big data nécessite de posséder un fond académique très axé scientifique. En clair, ce ne sont pas des profils créatifs. » Exemple : un ingénieur études avec une première expérience dans l’automobile, ayant la bosse des statistiques, pourra intéresser des constructeurs tels que Renault ou Tesla pour un poste de data scientist, à condition de suivre l’un des parcours certifiants existant actuellement sur le marché.
Un exemple de reconversion adaptée : le data journalisme
Se reconvertir dans l’univers du big data sans forcément devenir un pur technicien, c’est possible. Un responsable marketing, par le biais d’une formation poussée, peut devenir un spécialiste du data marketing. Autre exemple avec le cas du data journalisme (ou journalisme de données), une nouvelle forme de journalisme apparue en même temps que le big data et qui consiste à exploiter des données statistiques pour produire de l’information. Des formations professionnelles existent pour s’y convertir, comme le module de 19 jours dispensé au CFPJ Médias, que présente son directeur Thierry Guilbert : « Il propose une méthodologie pour la profession de journaliste centrée autour de la manipulation de la data. Le but est d’enseigner comment la manipuler, la traiter et l’exploiter à des fins de produire de l’information sous une forme différente – infographie, vidéo, statistiques – adaptée aux attentes actuelles du public. » Un exemple parmi d’autres qui prouve que le big data s’intègre à de nombreux domaines et peut créer des formes mutantes d’activités et de métiers nouveaux.
Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.