Les 6 plus grosses erreurs des entrepreneurs

Benjamin Dusaussoy

La réussite ou l'échec d'une entreprise dépend avant tout des décisions de son fondateur. Et les faux pas sont légion : mauvaise association, ne pas oser confronter son idée au marché, courir après les investisseurs... Retour d'expérience de professionnels.
Les 6 plus grosses erreurs des entrepreneurs

1. Tomber amoureux de son idée

"J'ai forcément raison, ce sont les autres qui ont tort". Cet écueil est certainement la cause du plus grand nombre de défaillances d'entreprises. « Ces personnes ont en général 100 % de chance de se tromper car elles n'arriveront à convaincre personne, assure Guilhem Bertholet, serial entrepreneur et fondateur d'Invox, agence marketing. À un moment, je me croyais visionnaire. Or sur le marché, ce sont les clients qui signent ou non à la fin. » Ne jurer que par son idée, c'est aussi souvent ne pas vouloir en parler autour de soi par peur de se faire doubler. « Ces profils retombent dans le même travers. Ils ne recevront pas de feedback, se retrouveront coupés de la réalité et ne se créeront aucune opportunité. » C'est souvent en évoquant son projet que les entrepreneurs trouvent un premier client, un investisseur potentiel.

 

2. Mal s'associer...

Si, comme en attestent les chiffres, la majorité des entrepreneurs démarre seuls, l'association entre deux professionnels se révèle une étape déterminante. « Ce n'est pas juste l'association qui ne va pas fonctionner, mais bien l'entreprise tout entière. Surtout lorsqu'on commence à dépenser plus d'énergie à se battre avec son ou ses associés, ou à devoir les tirer pour avancer, témoigne Guilhem Bertholet. Cela m'est arrivé. Nous appréciions travailler ensemble et nous ne nous sommes pas posés de questions comme ce que nous voulions faire de l'entreprise et avec quels objectifs, comment nous nous projetions à moyen terme dans la vie personnelle comme professionnelle, la manière de travailler... »

 

3. ... Et s'entourer au mauvais moment

Autre difficulté récurrente : s'entourer trop ou pas assez que ce soit par manque de confiance ou excès d'ambition. « Certaines start-up recrutent 20 personnes alors qu'elles n'ont toujours pas de produits, de réel business modèle, de clients, relève Sylvain Tillon, créateur de Tilkee et auteur du livre 100 conseils pratiques pour planter sa boîte !. Sauf que cela coûte cher et réduit ainsi la durée de vie de l'entreprise. » D'où l'importance de mettre les moyens en face des bons objectifs. « Dans ma première entreprise, ajoute-t-il, j'avais peur de la comptabilité. J'ai embauché une assistante administrative à mi-temps alors que l'activité et le chiffre d'affaires ne le nécessitaient pas. » Mieux vaut alors externaliser pour éviter trop de charges fixes.

 

4. Ne pas confronter ses idées au terrain

« Créer son entreprise, ce n'est pas uniquement mettre des chiffres fictifs dans des cases pour planifier, commente Nathalie Carré, chargée de mission Entrepreneuriat à la Chambre de Commerce et d'Industrie. Ces chiffres doivent provenir de quelque part. » Après avoir choisi une cible, un plan commercial, une stratégie de fabrication... À vous d'interroger clients et partenaires pour les déterminer. « D'autre part, ce n'est pas parce que le marché de la bijouterie est en croissance par exemple, que votre bijouterie qui se trouve dans tel quartier ou développe tel concept fonctionnera. Les créateurs n'aiment pas réaliser des études de marché. Ils peuvent ainsi partir de faux postulats pour se donner raison. »

 

5. Oublier de se vendre

« Personne ne vous attend sur le marché, même si vous avez réalisé le meilleur produit qui soit », indique Sylvain Tillon. Autrement dit, créer son entreprise revient à aller se vendre. « J'avais inventé un concept dans l'univers de la coiffure, note ce dernier, et j'avais peur d'aller voir les coiffeurs au coin de la rue. Lorsque je leur proposais, j'étais prêt à leur donner mon produit pour me satisfaire. Il y a beaucoup d'inconscient et de peurs que l'on se fabrique seul. » Ne pas vouloir se vendre signifie aussi parfois passer plus de temps avec d'éventuels investisseurs qu'avec de potentiels clients. « Attention, précise Sylvain Tillon, c'est aussi souvent le début des problèmes car les investisseurs sont synonymes d'attentes et d'objectifs à remplir. »

 

6. S'attaquer à un marché international sans véritable préparation

Selon une étude du cabinet EY, 43 % du chiffre d'affaires d'entreprises en forte croissance est réalisé à l'international. « Or, l'accès à ces marchés extérieurs s'avère compliqué pour une jeune entreprise », note Philippe Boulet, directeur adjoint du développement économique et de l'emploi de la métropole de Montpellier. Vouloir s'y confronter seul devient alors synonyme de perte d'argent, de temps. « L'incubateur Bic de Montpellier met par exemple en place des accords de coopération économiques avec d'autres structures en Chine, Russie, Brésil, États-Unis... » D'où l'intérêt de se faire accompagner pour pénétrer ces marchés, bien cibler ceux adaptés à son secteur d'activité, connaître les contraintes juridiques et lever ainsi les freins existants.

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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