L'amour fou des écoles de commerce
« Nos cahiers des charges ne sont pas aussi ouverts que cela. Sinon ce serait plus facile de trouver des candidats. Nous avons toujours de fortes demandes de nos clients sur les profils école de commerce, école d'ingénieurs et quelques formations universitaires comme le master CCA de Dauphine. Mais pour le reste, ils sont très fermés aux autres profils universitaires », constate Marlène Ribeiro, directrice de la division audit, conseil et expertise du cabinet de recrutement Michael Page.
D'ailleurs, les chiffres parlent d'eux-mêmes : les diplômés d'école de commerce raflent la mise dans les effectifs du secteur : 70% chez Deloitte, 60% chez Ernst&Young, 55% chez Mazars. « Ces diplômés ont une bonne maturité business. Grâce à leurs stages, ils maîtrisent déjà en partie les codes de l'entreprise et ils savent s'adapter rapidement », apprécie Caroline Haquet, directrice du recrutement du cabinet Mazars.
La drague des ingénieurs
Les diplômés d'écoles d'ingénieurs ont aussi une bonne cote auprès des recruteurs. « Ces profils enrichissent la réflexion et la dimension conseil avec nos clients. Et puis, nous voulons éviter d'être trop marqué monoculture. Enfin, nous développons notre activité de conseil par exemple dans le conseil en achats industriels ou dans la refonte de processus industriel. D'où cette ouverture sur ces profils », souligne Arnaud Franquinet, DRH du cabinet Grant Thornton .
Chez Deloitte, l'un des « big four », on réfléchit actuellement aux moyens de faire passer la proportion d'ingénieurs de 15 à 20% des nouvelles recrues. « Nos clients nous demandent de plus en plus des compétences industrielles. Un client dans le nucléaire veut pouvoir parler avec un collaborateur qui maîtrise le processus de formation de l'atome. Du coup, nous recrutons les ingénieurs pour ce qu'ils savent faire, pour leur expertise et non pour leur faire réaliser des missions financières », argumente Jean-Marc Mickeler, associé responsable de la marque employeur de Deloitte.
Or pas facile d'attirer ces jeunes diplômés dans le monde de l'audit et du conseil, car ils craignent de voir leur expertise s'atrophier. Pour pallier ce risque, Deloitte a mis en place le « temps expert ». «S'ils le souhaitent, ils peuvent consacrer 20% de leur temps à développer leur expertise soit en faisant une thèse soit en travaillant sur d'autres types de projets leur permettant de développer leurs compétences spécifiques », ajoute-t-il.
Peu de béguin pour les universitaires
Et que dire des diplômés de l'université. Eh bien, à en croire, les recruteurs, ils ont du mal à identifier les bonnes formations. Du coup, ils misent sur les valeurs sûres et tous s'arrachent les diplômés en finance, gestion et comptabilité de Dauphine, de la Sorbonne et quelques autres facs en région. « Dans les « big four», pour leur division à forte valeur ajoutée, ils ont tendance à cibler des diplômés de très grandes écoles et de quelques facultés. Pour leurs divisions type « Grands Groupes/Audit grand comptes », ils visent davantage les profils d' écoles de commerce de premier et de deuxième rang et les grandes universités .
Enfin pour leurs business « à moyenne ou faible valeur ajoutée », ils ont tendance à attirer plus des profils de formations techniques BTS/DCG* ou DSCG**, que des diplômés de grands écoles. « La majorité des candidats embauchés pour les business units dédiées à la gestion de la paie, sont des bac+2 », constate Benedict Wittet, manager de la branche audit et expertise du cabinet Hays. Effectivement, il y a de la place pour tout le monde. Mais chacun à sa place.
* Diplôme de comptabilité et de gestion
** Diplôme supérieur de comptabilité et de gestion
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