Pourquoi les formations au développement durable rencontrent un tel succès

Sylvie Laidet-Ratier

Même très occupées à tenter de relancer leur activité, les entreprises n'ont visiblement pas délaissé les thématiques « qualité sécurité environnement » et développement durable. Explications.

A en croire les chiffres des organismes de formation, les stages « qualité sécurité environnement » (QSE) et développement durable ont encore fait le plein en 2010.

Chez Demos, fin octobre, le nombre de stagiaires en QSE était le même qu'un an auparavant, soit environ 500 personnes. Même discours à l'Ademe où cette année encore, plus de 3 500 personnes auront suivi une formation QSE et/ou en développement durable. Le Collège des hautes études en développement durable de Rhône-Alpes a également fait le plein de stagiaires et compte déjà 5 candidatures spontanées pour l'année prochaine.

Développement durable : fini la cosmétique

Pour Thibault Daudigeos, enseignant chercheur en organisation et management à Grenoble école de management, le succès de ses formations continues s'explique de deux façons : « les entreprises ont besoin de salariés formés pour réaliser leurs bilan carbone et les analyses du cycle de vie de leur produit. Et puis, les entreprises, en marge de leur rapport annuel, doivent rendre compte des conséquences environnementales et sociétales de leur activité. Plus question de se contenter d'arbres verts sur la couverture de leur rapport annuel, elles doivent mettre en place de vrais indicateurs. Pour cela, elles doivent former leurs contrôleurs de gestion, leurs acheteurs... ».

Des clients de plus en plus exigeants

Les entreprises sont également poussées par leurs clients qui, dans les cahiers des charges, exigent des preuves que leurs fournisseurs sont réellement engagés sur ces problématiques. « Dans les réponses aux appels d'offre, les formations suivies par les salariés peuvent être mises en avant par les entreprises », souligne Florence Gillet-Goinard, responsable de la gamme formation au développement durable à la Cegos.

Elisabeth Laville, fondatrice et dirigeante de l'agence Utopies relève pour sa part « qu'en période de crise les employeurs confient à leurs salariés des missions qui, en temps normal, sont plutôt dévolues à des consultants extérieurs. D'où l'effort de formation en faveur de leurs salariés ».

Des formations différentes selon les besoins

Mais que leur apprend-t-on dans ces formations ?

Tout dépend de la maturité de l'entreprise. « Si elle débute sa réflexion sur le sujet, elle opte pour des stages sur les enjeux et les grandes tendances du développement durable », observe Florence Gillet-Goinard de la Cegos. En revanche, si l'entreprise est plus avancée, les formations retenues sont plus opérationnelles. « Elles font le lien entre un métier et le développement durable. Par exemple, la finance et le développement durable, le marketing et le développement durable, les achats et le développement durable .... L'objectif est qu'à chaque étape de la chaîne de création de valeur d'un produit, le développement durable soit pris en compte et intégré au processus », souligne Thibault Daudigeos, enseignant à GEM.

D'ailleurs, les grandes écoles ne s'y trompent pas. Dans leur programme de formation continue pour les cadres, le développement durable est omniprésent. A GEM par exemple, les cursus Business Manager et FormaCadre comptent 25 heures sur le sujet contre 3 heures il y a encore deux ans. Et dans la plupart des matières (marketing, finances...), il y a une piqûre de rappel développement durable.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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